Palmarès
Les personnalités de l’année 2020 dans l'agroalimentaire, selon Les Marchés Hebdo
Notre rédaction a retenu vingt-deux personnalités ayant marqué cette année si particulière de 2020 par leur agilité, leur capacité de rebond ou encore à maintenir le cap. L’une d’elles mérite, selon nous, le titre de personnalité de l’année : Guillaume Blanloeil (Saint Jean).
Notre rédaction a retenu vingt-deux personnalités ayant marqué cette année si particulière de 2020 par leur agilité, leur capacité de rebond ou encore à maintenir le cap. L’une d’elles mérite, selon nous, le titre de personnalité de l’année : Guillaume Blanloeil (Saint Jean).
La rédaction des Marchés Hebdo débute 2021 avec sa sélection de personnalités qui ont, selon elle, marqué cette année 2020, si atypique, dans le secteur agroalimentaire. Comme pour les quatre précédentes éditions, chaque journaliste a identifié les opérateurs, professionnels, élus et influenceurs qui se sont distingués et, après discussion, un palmarès a été établi. Avec la difficulté, cette année, que la Covid-19 a chamboulé les plans établis. Ainsi, de gros « paquebots » comme Danone, dont le directeur général Emmanuel Faber figurait dans ces colonnes, voilà quelques années, se sont retrouvés en difficulté.
Les PME ont pu montrer leur agilité
À l’inverse, des PME ont pu montrer toute leur agilité. À la tête de notre podium : Guillaume Blanloeil, directeur général de Saint Jean, qui a annoncé en pleine tempête un investissement de 70 millions d’euros pour pérenniser l’avenir du groupe. Figurent aussi dans notre palmarès : Fabrice Taillefer, directeur général de Cité gourmande, en avance sur son plan de croissance ; Antoine Wassner, président-directeur général de Wassner, qui a su répondre à la hausse de la demande en produits d’épicerie et s’est engagé dans la voie des entreprises à mission et Gilles Bocabeille, président-directeur général de Soreal, qui a créé une activité de conditionnement de gel hydroalcoolique pour compenser la baisse des ventes de sauces pour la restauration. On peut encore citer Louis-Marie Bellot, 27 ans, à la tête de la minoterie familiale qui a poussé l’activité de ses lignes pour produire davantage de sachets de 1 kg de farine qui s’arrachaient dans les rayons.
Ces dirigeants de PME se sont illustrés dans cette période de crise qui a chamboulé les comportements des consommateurs avec la ruée en GMS sur les pâtes, farine, œufs, conserves et l’explosion du e-commerce et à l’inverse la mise à l’arrêt de la restauration commerciale et le bouleversement de la restauration collective avec l’avènement du télétravail. Dans ces circonstances, nous saluons Grégory Renou, président-directeur général de Convivio, qui s’est rapproché de Mille et un repas, pour développer des synergies entre les deux groupes de restauration collective.
Transformation alimentaire
Dans cette période troublée, des start-up se sont illustrées avec leurs solutions innovantes. C’est le cas notamment d’Yper avec son offre collaborative de livraison à domicile. Lucie Basch, à la tête de Too Good to Go, déjà distinguée l’an dernier, a aussi agi pour éviter le gaspillage alimentaire généré notamment par l’arrêt de la restauration.
À l’heure de la relance économique, avec le plan gouvernemental, la start-up Innovafeed, spécialisée dans l’élevage d’insectes, a su tirer son épingle du jeu en levant 140 millions d’euros avec l’annonce d’une seconde usine située dans l’Illinois. Les investisseurs financiers ont aussi les yeux braqués sur le bio et les alternatives à la viande. Ainsi, l’année 2020 s’est terminée avec la levée en Bourse de 300 millions d’euros de la nouvelle société 2MX Organic, lancée par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari. Cet entrepreneur de la distribution avait déjà eu la bonne idée de reprendre fin 2019 Picard Surgelés, dont les ventes ont été stimulées par la crise.
Guillaume Blanloeil maintient le cap dans la tempête
À la tête du groupe Saint Jean, spécialiste des ravioles, des pâtes et des produits traiteur depuis 2002, Guillaume Blanloeil a su garder le cap pendant cette année « surprenante » et prendre rapidement les décisions qui convenaient pour son entreprise. En cette fin d’année, il a annoncé un investissement important pour pérenniser l’avenir du groupe. Rares sont les entreprises françaises à avoir annoncé dans cette tempête des investissements d’un tel montant (48 millions d’euros initialement prévus, puis rehausser à 70 millions d’euros). « Avec Claude Gros, président de la holding Sabeton (propriétaire du groupe Saint Jean, NDLR), nous sommes convaincus qu’il faut aller à contre-courant et maintenir le cap dans les moments difficiles, estime-t-il, il serait plus préjudiciable de faire machine arrière. » Le groupe n’y est pas non plus allé à l’aveugle. Ses dirigeants ont eu la chance de boucler leur projet de financement en début d’année 2020, juste avant cette crise sans précédent.
Nous avons encore des marges de manoeuvre importantes
« On a la chance d’avoir une société capitalisée, avec une bonne stabilité financière. Le financement s’est fait uniquement en fonds propres et en prêts, sans prendre sur les réserves de la holding. Nous avons encore des marges de manœuvre importantes. Et heureusement, car nous allons finir l’année avec une croissance de 2 %, alors que nous avions projeté 10 %. Mais, la crise va, un jour, prendre fin. À ce moment-là, les entreprises qui ont pris les devants s’en sortiront mieux », explique le directeur général. Il estime que les fondamentaux du marché sont assez forts pour poursuivre sa stratégie de développement. La crise aura toutefois changé quelques paramètres dans l’entreprise. Si le dirigeant a pris des décisions rapides au moment de l’annonce du premier confinement en mars dernier, il s’est rendu compte que ses plans de gestion de crise n’étaient pas complètement formalisés. « Tout cela montre qu’il faut se préparer à toutes les éventualités. Même si de tels évènements sont difficiles à prévoir, il faut nous préparer à différents scénarios », confie-t-il. Le dirigeant compte clairement « améliorer et renforcer ses process de gestion de crise » en matière de sécurisation des approvisionnements ou de relations avec ses fournisseurs. « Parfois, le prix n’est pas tout. Refuser une baisse de quelques centimes à un client ou une hausse du même ordre à un fournisseur peut affecter votre relation et il ne sera peut-être pas là pour vous quand vous en aurez besoin », conclut-il en bon gestionnaire.
Anne-Sophie Le Bras
L’homme d’affaires Moez-Alexandre Zouari sort de l’ombre
Fondateur et président-directeur général du groupe Zouari, le discret Moez-Alexandre Zouari a longtemps été le premier franchisé du groupe Casino avec près de 500 magasins sous sa coupe sous enseignes Franprix, Monop’, Monoprix et LeaderPrice. L’homme de la distribution est sorti de l’ombre fin 2019 en annonçant la revente de ses magasins à Casino avant la cession de Leader Price à Aldi, puis en reprenant 44,5 % du groupe Picard Surgelés auprès du groupe Aryzta. Bien lui en a pris quand on voit le boom exceptionnel des ventes du freezercenter en 2020, stimulé par les deux vagues de confinement (500 000 nouveaux clients fidélisés, ventes en ligne à +5 %). Moez-Alexandre Zouari s’est aussi illustré avec son offre de reprise du distributeur Bio c’Bon, finalement raflé par Carrefour, et surtout en fin d’année avec sa levée de 300 M€ en Bourse aux côtés de Xavier Niel et Matthieu Pigasse en vue de créer un nouvel acteur majeur européen de la consommation durable. La première opération d’acquisition devrait intervenir d’ici à mi-2021. D’ici là, la famille Zouari a conforté ses parts dans Picard Surgelés le 4 janvier. Moez-Alexandre Zouari, un homme à suivre de près durant l’année 2021.
Le trio à la tête d’Innovafeed muscle la filière insecte
Aude Guo, Bastien Oggeri et Clément Ray, fondateurs d’Innovafeed, ont poursuivi en 2020 le développement de leur start-up, en démarrant courant août la production industrielle de mouches soldat noir sur leur site de Nesle (Somme). Celui-ci est implanté à proximité d’une usine de Tereos, auprès de laquelle elle se fournit en coproduits pour nourrir ses insectes, et à proximité de la centrale biomasse Kogeban pour en récupérer de l’énergie. La construction de l’usine Innovafeed a coûté entre 55 et 60 millions d’euros, accueillera 110 personnes à terme pour une production de 15 000 tonnes de protéines d’insectes par an et 5 000 tonnes d’huile. La start-up s’implantera courant 2021 aux États-Unis en construisant une usine quatre fois plus grande que celle de Nesle, à Decatur (Illinois), où elle reproduira le même schéma industriel qu’en France en récupérant les coproduits du géant agro-industriel ADM. Par ailleurs, les produits d’Innovafeed arrivent dans les rations des animaux d’élevage : des truites, des poulets et des porcs vendus dans certains magasins Auchan ont reçu durant leur vie une ration alimentaire composée entre autres d’huile d’insectes produite par la start-up. Enfin, les trois têtes pensantes de la société travaillent sur le choix d’implantation d’un site supplémentaire en Europe.
Jérôme Foucault veut faire entendre la voix des PME
Les six syndicats constitutifs de l’Association des entreprises de produits alimentaires élaborés (Adepale), représentatifs des entreprises du traiteur frais, des aliments conservés, des produits végétaux frais prêts à l’emploi, des glaces et surgelés, des légumes secs et de la rizerie française, ont quitté l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) cet été. L’Adepale s’en est en conséquence détachée. « La voix des PME n’était pas entendue à sa juste mesure », explique Jérôme Foucault, qui a été élu à la présidence de l’Adepale cet automne (l’ayant présidée précédemment de 2012 à 2018). Jérôme Foucault présidait la Fédération des industries d’aliments conservés au moment de la sécession (il assurera sa présidence jusqu’à la prochaine assemblée générale élective). Il siégeait au comité exécutif de l’Ania et avait déploré plusieurs prises de position de l’Ania notamment l’augmentation du seuil de revente à perte. En novembre, l’Adepale est venue constituer la branche alimentaire de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) avec d’autres syndicats, dont la boulangerie-pâtisserie. Au sens de Jérôme Foucault, la CPME représente « plus clairement l’industrie alimentaire qui fait vivre les territoires grâce à l’embauche, en maintenant des savoir-faire et des qualifications, en investissant autour de nos usines ».
Fabrice Taillefer en avance sur son plan de croissance
Le chiffre d’affaires de Cité gourmande a progressé de 22 % en 2020 à 46 millions d’euros. Les recettes surgelées à base de pommes de terre ou de légumes cuisinés se vendent pour l’essentiel en grande distribution et dans les circuits spécialisés en produits bios. Selon Fabrice Taillefer, directeur général de cette filiale du groupe Le Duff établie à l’Agropole d’Agen, c’est la continuité de l’« effet boule de neige » de la création dès 2014 des marques nationales Pom Bistro, Yummy et Ferme des gourmets. « Cette année n’a pas été simple, souligne Fabrice Taillefer, on a failli manquer de films d’emballage, d’étiquettes, de cartons, de petits emballages… ça a été l’occasion de repenser certaines filières d’approvisionnement. » Les salariés ont été très actifs et ils ont apprécié, selon lui, l’installation dans de nouveaux bureaux et locaux sociaux, grâce à une extension de 500 m2, à peine retardée par la crise sanitaire. L’espace libéré dans les 8 000 m2 préexistants sert à rapatrier une partie du stockage externalisé et à prolonger la chaîne de production. Cité gourmande est en avance sur sa croissance et fait des bénéfices.
Marion Mashhady et Sylvain Zaffaroni, influenceurs de la « transformation positive »
En fondant par convictions personnelles la start-up Happyfeed en 2015, la communicante Marion Mashhady et le spécialiste du marketing digital Sylvain Zaffaroni envisageaient une révolution alimentaire comparable à celle du numérique. À l’étranger, ils voyaient les start-up éclore et pensaient que les grosses entreprises agroalimentaires devaient bientôt se réinventer. Ils ont lancé la réflexion des marques de l’alimentaire sous la bannière « Pour nourrir demain ». En 2020, ils ont attelé une « communauté » d’entreprises à différentes questions : emballages, labels, distribution, etc. Ils ont aussi constitué un annuaire des petites marques, c’est « notre façon de les aider dans le contexte de la crise sanitaire », explique Sylvain Zaffaroni qui se félicite de l’audience de cet annuaire et de la visibilité digitale des petites marques qui en résulte. Ils ont enfin lancé le livre blanc d’Happyfeed sur la consommation dans la France de demain, qui était en préparation en 2019. Marion Mashhady et Sylvain Zaffaroni pensent avoir gagné en 2020 leur statut d’influenceurs engagés dans la transformation positive, s’adressant à tous les maillons de la chaîne alimentaire et n’excluant aucune entreprise.
Florian Delmas, jeune dirigeant éclairé
Petit-fils de maquignons et éleveurs de vaches en Lozère, ingénieur agroalimentaire et père de deux enfants, Florian Delmas, 35 ans, a marqué l’année 2020 avec la parution de son ouvrage Planète A Plan B, manifeste en faveur d’un nouveau modèle économique pour reconnecter l’homme à son environnement. Si ce « n’est pas le dirigeant qui a écrit », précise le jeune directeur général d’Andros, il y a « un lien de vases communicants », avec l’entreprise familiale qui « s’inscrit dans le temps long » et s’est dotée d’un plan de performance durable. Aujourd’hui, 87 % de ses emballages recyclables ou réutilisables (sa gourde a été confirmée recyclable). « Nous avons pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2025 et pour y arriver nous n’avons plus qu’à activer la compensation », pointe-t-il. Si l’année 2020 était adaptée pour « Andros, entreprise agile », Florian Delmas estime que l’on est entré dans « le nouveau monde où la normalité n’existera plus ». Présent en Chine et en Italie, Andros a très vite pris conscience de l’importance de la crise sanitaire début 2020 et, possédant des masques, l’entreprise a su répondre à la déferlante d’achats en grande distribution. « Le monde est volatil, notre rôle est d’y pallier de la façon la plus sereine », philosophe-t-il.
Antoine Durieux impose Alkemics dans le commerce multicanal
De start-up, Alkemics est devenue scale-up. Explication d’Antoine Durieux, cofondateur et président-directeur général de la plateforme sécurisée par laquelle 17 000 marques présentent et font référencer leurs produits alimentaires en France et au Royaume-Uni : « l’entreprise a trouvé son modèle et commence à le répliquer ». Selon lui, la crise sanitaire de 2020 a donné « un gros coup d’accélérateur aux tendances du commerce ». Ces tendances sont reprises sur la plateforme : le drive, le e-commerce et le commerce multicanal globalement, ainsi que les demandes de transparence et d’origine des consommateurs. Par conséquent, Alkemics accélère. Une levée de fonds de 21 millions d’euros annoncée en juin dernier va lui permettre d’offrir ses services en Europe et d’étoffer son offre destinée aux magasins individuels et aux PME/TPE au gré de l’amplification des relations commerciales locales. L’information sur les emballages et sur les produits non alimentaires est son nouveau domaine d’expertise. L’entreprise a dépassé la centaine de collaborateurs multinationaux travaillant en anglais, installés majoritairement en France ainsi qu’au Royaume-Uni et en Allemagne. Ses points de mire sont l’Allemagne, le Benelux et les pays scandinaves.
Un duo de caractère à la tête de la Cooperl
Après un « bon cru 2019 », l’année 2020 a été difficile pour le groupe coopératif breton Cooperl avec le confinement qui a ralenti ses exportations, une cyberattaque d’envergure intervenue le 8 mai et la condamnation de Cooperl et Brocéliande par l’Autorité de la concurrence à 35 millions d’euros d’amende dans le cadre du cartel du jambon. Des mésaventures auxquelles Patrice Drillet et Emmanuel Commault, respectivement président et directeur général de Cooperl, ne se sont par résignés. Les deux dirigeants se sont démenés pour dénoncer un document les condamnant dans cette dernière affaire et jugé comme « faux » par le groupe coopératif. Menaçant de devoir fermer plusieurs usines et geler leurs investissements si la condamnation était maintenue, le duo de dirigeants breton a finalement obtenu « un accord avec les services de l’État permettant d’écarter tout risque financier pour l’entreprise ». Une décision saluée par les syndicats de salariés alors que la direction a même annoncé prolonger le versement de la prime Covid pour décembre. Parmi les combats de la direction de Cooperl, à noter la contestation de la réélection de Guillaume Roué à la présidence d’Inaporc par le retrait de la coopérative de tous les travaux de l’interprofession.
Julien Denormandie, un ingénieur agronome au ministère
« Comptez sur moi pour que l’agriculture et l’alimentation soient des éléments importants du plan de relance que prépare actuellement le gouvernement », avait-il déclaré le 7 juillet sur le perron de l’hôtel de Villeroy (Paris VIIe), à l’occasion de sa passation de pouvoirs avec Didier Guillaume, son prédécesseur. À l’aube de ses 40 ans, il s’était dit prêt à relever plusieurs défis comme ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, dont ceux du bien-être animal, de l’installation de nouveaux exploitants ou encore d’accompagner les industries agroalimentaires. Formé à l’AgroParisTech et à l’École nationale du génie rural, des eaux et des forêts, Julien Denormandie connaît ses dossiers. Parmi ses sorties publiques, on retiendra, entre autres, cette phrase prononcée à l’Assemblée nationale, le 27 octobre, dans le cadre de l’examen du projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, en réponse aux propos du président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard : « Je m’oppose à l’écologie de l’incantation, revenez dans cette écologie du réel. » À la veille des fêtes de fin d’année, il est également allé à France Inter faire la promotion des produits alimentaires français. « J’en appelle à ce patriotisme de consommation », a-t-il déclaré, le 22 décembre sur l’antenne du service public.
Muriel Casé, le polystyrène dans le viseur
Muriel Casé est arrivée à Syndifrais en tant que déléguée générale au même moment où a été publiée la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (Agec) et s’est lancée au cœur des discussions concernant la mise en place d’une filière recyclage du polystyrène alimentaire. L’année 2020 a vu la construction du consortium PS25 pour mutualiser les réflexions entre acteurs agroalimentaires et entreprises de recyclage. « Les discussions avancent rapidement. Les portes s’ouvrent », positive-t-elle. Si le polystyrène se recycle déjà en fournitures de bureau notamment, le but est de trouver des solutions pour que celui-ci soit réinjecté dans le circuit agroalimentaire. Les voies chimiques, par dissolution ou mécanique semblent être les trois pistes étudiées attentivement par le consortium. Les volets économiques et de calcul d’impact environnemental doivent encore être étoffés. Pour être recyclés, les emballages alimentaires en polystyrène doivent être triés et nettoyés, ce qui en fait l’un des principaux freins. « Citeo a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la préparation de la matière à recycler. Nous allons rentrer dans la phase de candidature des entreprises. D’ici à la fin du premier semestre 2021, nous aurons la réponse à de nombreux éléments manquants », note Muriel Casé.
Carole Cazaban, la voix de la RHD pour les PME
Après un parcours d’une vingtaine d’années dans le monde de l’agroalimentaire, et plus particulièrement dans celui de la restauration hors domicile, Carole Cazaban a été recrutée par la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef) au début de l’année 2019 pour éclairer les PME sur le débouché de la restauration hors domicile. Son rôle au sein de la fédération a été d’autant plus important en cette année 2020, où nombre de PME se retrouvaient avec des débouchés perturbés. Dès le premier confinement, en mars, les appels téléphoniques de PME se sont enchaînés, alors que l’un des circuits importants pour 550 adhérents de la Feef venait de se fermer en 48 heures. « J’ai très vite mis en place une dizaine de webinaires pour que nos adhérents puissent échanger avec les grands opérateurs de la restauration sur la situation et les stratégies à adopter », se souvient-elle. La construction du parcours RHD voulue au sein de la fédération s’est accélérée du fait de la pandémie. Au lieu de deux commissions, expert et primo-accédants, ce sont six commissions qui ont été mises en place selon les secteurs. Ont ainsi été créées les commissions restauration commerciale, restauration collective, cash & carry, BVP, opérateurs logisticiens et prémium. « Ce travail est lié aux mutations en cours en 2020 et va se mettre en place en 2021 », explique-t-elle.
L’infatigable Antoine Wassner poursuit le développement de sa société
En 2020, Sabarot-Wassner a été touchée par la crise économique liée à la pandémie de coronavirus, mais a toutefois poursuivi sa croissance. Celle-ci n’est plus à deux chiffres, comme ce fut le cas ces dernières années, mais les résultats sont bien là malgré le contexte, ce qui est « un motif de satisfaction ». La société, spécialisée dans la fabrication de légumineuses cuites et surgelées, a souffert de la fermeture de la restauration, mais a connu en parallèle des ventes spectaculaires en grande distribution, notamment pendant le premier confinement. Sabarot-Wassner a souffert du manque à gagner au niveau de ses produits festifs, vendus pour la majorité en restauration durant les fêtes de fin d’année. La société envisage 2021 avec de belles perspectives économiques, prévoyant des embauches, les constructions d’une extension de son magasin de stockage ainsi que d’une toiture de panneaux solaires pour couvrir 20 % de ses besoins énergétiques. Ayant inscrit une mission à ses statuts, Sabarot-Wassner va également lancer en cette nouvelle année une gamme ZRP (Zéro résidu de pesticides), qui sera référencée dans les rayons des GMS courant mars-avril, ainsi qu’une référence de lentilles blondes de Saint-Flour IGP.
Avec Yper, Cédric Tumminello et Jacques Staquet popularisent la livraison
« Faire ses courses avec le drive et la livraison a été un déclic pour de nombreux consommateurs cette année avec le contexte particulier », indique Cédric Tumminello, fondateur de la société Yper avec Jacques Staquet. La start-up originaire de Lille, créée en 2016, a connu une année mouvementée, comme de très nombreuses entreprises. « Pendant le premier confinement, nous avons perdu l’activité livraison des petits commerces tels que les fleuristes par exemple, mais cela a été largement compensé par l’activité livraison depuis les GMS », précise Cédric Tumminello. Malgré la fin du premier confinement, celle-ci s’est maintenue, la livraison des courses étant « rentrée dans les mœurs », ajoute-t-il. La start-up est aujourd’hui un partenaire référencé des enseignes Coopérative U Enseigne et Intermarché, et discute avec toutes les autres afin de se déployer sur tous les magasins de grande distribution en 2021. « Nous voulons multiplier par trois nos volumes livrés pour cette nouvelle année », ambitionne Cédric Tumminello. Yper prépare une nouvelle levée de fonds pour faire ses premiers pas à l’étranger « dans la zone eurofrancophone et aussi hors Union européenne », note-t-il.
Grégory Renou assume l'effet Covid-19
« L'année 2020 a été cataclysmique, on a pris cette crise en pleine face dès le 12 mars au soir », résume Grégory Renou, président-directeur général de Convivio, société spécialisée dans la restauration collective. « Grâce à la mobilisation de l’ensemble des équipes, et à une grande agilité, on a réussi à s’organiser pour limiter l’impact au quart du chiffre d’affaires pour l’exercice clos le 31 août, poursuit-il, une baisse importante qu’il a fallu assumer sans PSE. » Alors que les grandes sociétés de la restauration concédée annonçaient des licenciements, le groupe familial indépendant de l’ouest a communiqué en novembre sur son alliance avec le groupe indépendant de l’est Mille et un repas. « Nous avions eu des échanges dès 2018 et étions d’accord sur le fait que face à un secteur qui se complexifie, il fallait trouver des connexions entre nos deux entreprises proches. La crise en 2020 a été un accélérateur », confie-t-il. Cette alliance devrait permettre à Convivio, en devenant actionnaire majoritaire de Mille et un repas, d’atteindre la taille critique, en passant de 180 à 240 millions d'euros de chiffre d'affaires hors crise. Et ainsi, de pouvoir répondre à des appels d’offres nationaux, de se renforcer sur la restauration d’entreprise et d’investir sur le digital.
Nathalie Kerhoas : Bleu-Blanc-Cœur, accessible à tous
Nathalie Kerhoas est directrice de l’association Bleu-Blanc-Cœur qu’elle a vu grandir puisqu’elle y arrive en stage en 2001 et en a été la première salariée. Dix-neuf ans plus tard, Bleu-Blanc-Cœur pèse 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires toutes filières confondues. Pour la jeune femme, « 2020 a certes été difficile, mais nous a consolidé en montrant l’importance de la nutrition dans la santé. C’est un élément de prévention qui doit être accessible à tous, pour éviter la fracture sociale ». Pour 2021, Bleu-Blanc-Cœur compte bien continuer à accompagner le développement des filières, la démarche représente 5 à 15 % de la production nationale selon les secteurs. L’association s’est aussi engagée à ce qu’en 2023, il n’y ait plus de soja d’importation utilisé pour nourrir les animaux. « C’est un grand chantier, s’enthousiasme la jeune femme. Nous allons aussi essayer de mieux faire fonctionner notre communauté, pour être mieux connecté aux attentes sociétales. » Passionnée, elle renchérit : « Nous sommes vraiment dans la démarche One Health, consommer mieux, avec des promesses nutritionnelles vérifiées par des études cliniques, mais aussi avoir une démarche environnementale par l’agroécologie, tout ce qui fait sens dans cette crise sanitaire. »
Gilles Bocabeille adapte ses doses à la crise
La gamme Soreal Care de gel hydroalcoolique – du flacon professionnel jusqu’à la mini-dose de 3 millilitres pour la restauration rapide ou à emporter – est née de la Covid-19. Soreal, spécialiste des sauces, dont les flacons et mini-doses Ilou pour la restauration, a vu s’écrouler ses marchés en mars 2020. Son président-directeur général, Gilles Bocabeille, retrace les trois étapes de la mutation : 1. Les prémices : fourniture de gel aux hôpitaux publics dans des flacons originellement destinés à la restauration ; 2. La réflexion : « Ne pouvions-nous pas apporter une réponse pérenne au besoin d’hygiène des mains en restauration hors domicile ; entrer dans la logique de la protection individuelle ? » relate-t-il ; 3. La réalisation : déployer l’offre sur différents marchés. Bénéfices pour l’entreprise : « Nous avons surmonté l’effroi et maintenu la cohésion des salariés autour de projets sur les plans industriel, administratif et commercial », résume Gilles Bocabeille. Grâce à l’exportation de sauces, au succès de l’enveloppe végétale pour les charcuteries Sonjal, innovation assez récente, et grâce aussi au nouveau segment hygiène, la chute du chiffre d’affaires 2020 de l’entreprise bretonne est limitée à 8%. « Touchés, pas coulés », conclut le capitaine.
Louis-Marie Bellot, 16e génération à la tête de la minoterie familiale
À 27 ans, Louis-Marie Bellot a repris en septembre 2018 la présidence de Bellot Minoteries, incarnant la seizième génération à la tête de la minoterie familiale. Après une année normale, il a dû gérer une crise sans précédent. Du jour au lendemain, la nouvelle ligne d’ensachage de 1 kilogramme, installée deux ans plus tôt, est passée d’un fonctionnement d’une faction 5 jours sur 7, à un fonctionnement en 3x8. Cet investissement n’a jamais été aussi bénéfique pour l’entreprise qu’en ce début d’année 2020, où les consommateurs s’arrachaient les sachets de farine dans les grandes surfaces. « En 2019, première année de lancement, notamment avec la marque C’est qui le patron ?!, nous avons vendu 300 000 kg de farines. En 2020, nous en sommes à 1,5 million de sachets, raconte-t-il. Si nous avions eu une seconde ligne d’ensachage, nous aurions pu écouler encore davantage de produits ». Mais le jeune dirigeant garde la tête froide. L’activité est désormais moins intense et ce type d’investissement se décide dans la durée. « Nous allons voir comment le marché se comporte désormais, indique-t-il, la crise aura quand même été un tremplin pour nous. » « Intense et apprenante », sont les deux mots qui lui viennent pour qualifier son année atypique.
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