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Porc
Après un « bon cru 2019 », Cooperl, face à une « année charnière »

Cooperl a connu sa meilleure performance des dix dernières années en 2019. Avec trois phénomènes majeurs – confinement, amende de l’Autorité de la concurrence et cyberattaque –, l’année 2020 s’avère beaucoup moins sereine pour le groupe coopératif breton.

« L’exercice écoulé a été un bon cru pour Cooperl et ses adhérents », écrit Patrice Drillet, président du conseil d’administration de Cooperl dans le rapport annuel du groupe publié le 21 septembre. Le groupe coopératif a généré un résultat de 29,4 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 2,434 milliards d’euros. Soit « la meilleure performance des dix dernières années », se félicite Patrice Drillet. « Certes l’épidémie de fièvre porcine africaine a joué un rôle, mais il ne faut pas négliger l’effet positif de l’ensemble des réformes entreprises au sein de notre structure depuis une décennie, poursuit-il. En deux ans, nous avons amélioré la marge du secteur salaison. La performance n’est pas moindre quand on se remémore le déficit structurel de 35 millions d’euros de la branche Financière Turenne Lafayette avant sa reprise par Cooperl. »

Hausse de la segmentation de l’offre

Dans le détail des chiffres, les adhérents du groupe ont affiché l’an dernier une production en légère baisse par rapport à l’année précédente à 5 632 158 porcs. En revanche, la segmentation de l’offre de filières s’est poursuivie : avec notamment plus de quatre porcs sur cinq en production Porc Bien-Être et près de la moitié de la production des adhérents en porcs sans antibiotiques.

Cooperl Viandes, qui représente 58 % du chiffre d’affaires du groupe coopératif, a vu son chiffre d’affaires croître de 22,7 % à 1,010 milliard d’euros, grâce à un cours moyen du porc en hausse de 25 % sur un an et à une progression du nombre de porcs abattus dans ses outils de 4,5 % à 4,9 millions. Avec 34,7 % des ventes totales de Cooperl Viandes, le chiffre d’affaires à l’exportation a progressé de 45 % à 350 millions d’euros en 2019. « Nous avons exporté dans près de quarante-cinq pays. L’Union européenne représente 53 % de nos volumes et l’Asie constitue une part très importante avec 46 % de nos débouchés », peut-on lire dans le rapport annuel.

Construction d’une usine de salaison en Chine

PPA oblige, la croissance des ventes de Cooperl en Chine a atteint +63 % en 2019, avec des volumes record enregistrés en fin d’année. En Chine, le groupe a l’intention de développer une filière de production complète de porcs. Cooperl a ainsi investi dans une ferme de sélection à Anyang, dans la province du Henan, et construit l’an dernier une usine de fabrication de produits de salaison à proximité de Pékin, en partenariat avec New Hope Liuhe, acteur majeur de l’agroalimentaire sur le marché chinois. Cette nouvelle usine commercialise ses jambons depuis quelques semaines.

En France, la hausse du prix du porc est venue accélérer la déconsommation de porcs frais (-5 %), avec un net recul en hypermarchés, souligne le groupe coopératif breton. Mais grâce à son développement sur l’ensemble des secteurs de la distribution et à l’élargissement de ses gammes, Cooperl indique avoir réussi à contenir cette baisse.

La pression de Yuka et du Nutri-Score sur la salaison cuite

Sur l’activité salaison, qui représente 15 % du marché français, Cooperl n’a pas échappé à la tendance du marché avec « une nouvelle baisse générale de la consommation de charcuterie, chiffrée à -2 % en France en 2019 ». Le groupe coopératif pointe la difficulté à répercuter les hausses de prix du porc auprès de la GMS ou encore la pression de l’application Yuka sur le marché du cuit en matière de qualité, et les conséquences de l’apparition du Nutri-Score. « Du point de vue de la concurrence, le marché s’étire entre les produits d’entrée de gamme avec une pression sur le prix via des concurrents européens tels que Sauëls et les produits haut de gamme avec une forte attente sur la qualité, par exemple sur des segments de produits sans ».

Au global, l’an dernier, le groupe a investi 76,4 millions d’euros dans ses outils industriels. En France, le groupe a repris la marque Jean Caby et augmenté sa participation dans l’abattoir Harang à Houdan, dans les Yvelines. « Dernier outil d’abattage porcin du bassin parisien, il nous permet de mieux accompagner les changements de mode de consommation (locavore, commerce de proximité) dans la première région française », commente Patrice Drillet, président de Cooperl.

Trois évènements déstabilisants pour 2020

« Hormis la menace de la fièvre porcine africaine, 2019 est une année vécue dans une certaine sérénité. Il n’en est pas de même pour 2020 », prévient toutefois Patrice Drillet, rappelant dans le rapport annuel les « trois évènements majeurs qui ont déstabilisé » la coopérative : le confinement, une cyberattaque intervenue le 8 mai et la condamnation de Cooperl et Brocéliande par l’Autorité de la concurrence à 35 millions d’euros d’amende. Une décision jugée « inique » par le président de Cooperl qui affirme qu’elle « s’appuie uniquement sur des faux » concernant la coopérative. « Si nous ne sommes pas rétablis dans nos droits, les conséquences pour notre coopérative seront majeures. Il nous faudra prendre des mesures de restructurations drastiques, déclare-t-il. Riche en évènement, 2020 est une année charnière. Tant d’épreuves imprévues testent notre capacité d’adaptation à un monde en perpétuel mouvement. »

Le groupe coopératif claque la porte d’Inaporc

Le 9 septembre, Patrice Drillet et Emmanuel Commault, respectivement président et directeur général de Cooperl, se sont indignés dans un courrier salé, adressé à Guillaume Roué, de sa réélection à la présidence d’Inaporc au mépris de la règle de l’alternance alors que La Coopération agricole avait représenté un candidat, en la personne de Bernard Rouxel, vice-président de Cooperl. Une élection non reconnue par la coopérative, car jugée non légitime. À moins que Guillaume Roué renonce à la présidence, Cooperl prévient « se retirer sans délai des travaux » de ce qu’elle ne considère plus comme une interprofession et de « son financement direct, par ses contributions, et indirect, par sa collecte ». Une décision prise à la quasi-unanimité (à une abstention près) par le conseil d’administration de Cooperl le 8 septembre dernier.

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