Armor Œufs : « Nous avons pour objectif d’atteindre 7 millions de poules pondeuses pour 2030 »
Le groupement de producteurs Armor Œufs a tenu son Assemble générale début avril. L’occasion pour Les Marchés d’échanger avec son président, Frédéric Chartier, sur les principaux enjeux de la filière : développement de la production alternative, ovosexage, soutien de l’État.
Le groupement de producteurs Armor Œufs a tenu son Assemble générale début avril. L’occasion pour Les Marchés d’échanger avec son président, Frédéric Chartier, sur les principaux enjeux de la filière : développement de la production alternative, ovosexage, soutien de l’État.

Le groupement de producteurs Armor Œufs, qui a fêté l’an dernier ses 50 ans, regroupe 178 adhérents, pour la très grande majorité en Bretagne. Ce qui représente 5,137 millions de poules pondeuses, dont 41 % en cages aménagées et 7,521 millions de poulettes. Frédéric Chartier est producteur d’œufs bio et plein-air à Saint-Juvat (Côtes d’Armor).
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Les Marchés : Comment Armor Œufs compte répondre à la consommation dynamique d’œufs en France ?
Frédéric Chartier : Nous avons pour objectif d’atteindre 7 millions de poules pondeuses pour 2030. Nos adhérents ont bien compris le plan de filière, nous recherchons de nouveaux éleveurs. Car en passant des bâtiments de la cage au sol, pour garder la même production d’œufs, il faut davantage de poules.
Le groupement a décidé la mise en place d’une aide de 0,5 €/poule, sous forme de dotation, pour tout nouvel entrant
C’est pourquoi le groupement a décidé la mise en place d’une aide de 0,5 €/poule, sous forme de dotation, pour tout nouvel entrant, que ce soit en reprise d’élevage ou en nouveau projet d’installation. Nous n’avons pas fixé de limite d’âge. Nous espérons que ce plan de soutien va aider à soulever un frein économique à l’installation. Car les investissements sont très conséquents. Le métier de producteur d’œufs n’est pas non plus très connu, ce n’est pas facile de trouver des candidats. Pourtant, il faut le dire et le répéter, aujourd’hui un producteur d’œufs sous contrat vit de son travail.
Aujourd’hui un producteur d’œufs sous contrat vit de son travail.
L. M. : Pour vous, quel rôle va tenir la Bretagne dans la production d’œufs en France ?
F. C. : Effectivement, ces dernières années on a pu entendre des discours sur l’intérêt de déconcentrer la production d’œufs. Mais je pense que face aux difficultés d’installation, de construction de nouveaux bâtiments, la production va rester là où elle est, avec deux régions leaders, la Bretagne et les Pays-de-la-Loire, et dans une moindre mesure dans les Hauts-de-France et en Rhône-Alpes.
La Bretagne reste une terre d’élevage
C’est déjà dur d’installer les jeunes ici, avec les coûts de infrastructures et le manque de connaissances ; ailleurs, c’est trop compliqué. Et il y a la question de l’acceptabilité sociétale, la Bretagne reste une terre d’élevage. Sans compter le problème de l’abattage des poules, avec très peu d’outils, et tous dans le Grand Ouest.
Armor Œufs n’ira pas chercher ses nouveaux producteurs ailleurs, sauf peut-être dans les départements vraiment limitrophes, nous y avons quelques adhérents*.
* Manche, Mayenne, Orne, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire
L. M. : Êtes-vous satisfait de l’accord ovosexage trouvé au sein du CNPO ?
F. C. : Je salue le travail qui a été réalisé pour trouver un accord sur le financement de l'ovosexage pour 18 mois. Néanmoins je ne suis pas serein. On a déjà vu certains opérateurs augmenter les prix des poussins, pour compenser la perte de 4 centimes.
Je le redis, l’éleveur ne doit pas payer l’ovosexage
Je le redis, l’éleveur ne doit pas payer l’ovosexage, c’est notre ligne de conduite pour le prochain accord à aller chercher.
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L. M. : L’État diminue sa prise en charge du vaccin contre la grippe aviaire, qu’en pensez-vous ?
F. C. : Le problème, c’est qu’il n’y a pas que sur la prise en charge du vaccin contre la grippe aviaire que l’État recule. Mais aussi sur les indemnités pour les élevages touchés. Et même plus largement, sur le soutien à l’élevage français. Le gouvernement parle beaucoup en faveur de l’élevage, mais n’agit pas. C’est un vrai paradoxe pour nos filières avicoles, la consommation d’œufs et de volaille progresse mais on préfère importer plutôt que soutenir nos éleveurs.