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Biostime et Isigny Sainte-Mère lancent un lait infantile bio en France

Le partenariat entre le groupe chinois Biostime et la coopérative laitière normande franchit une nouvelle étape avec le lancement d’un lait infantile bio sur le marché français. Les Marchés Hebdo ont visité l’usine le 26 juin dernier.

Le groupe chinois Biostime, qui commercialise en Asie du Sud-Est des poudres de lait infantile fabriquées en France, a lancé timidement son premier produit dans l’Hexagone l’an dernier. Les boîtes de lait en poudre premier âge, deuxième âge et de croissance sont distribuées dans 200 magasins bios (La Vie claire et Bio C’est bon). Biostime va accélérer son développement dans le réseau des magasins bios avec une nouvelle formule et, à partir d’octobre, dans les pharmacies, qui distribueront aussi une formule anti-régurgitation. Pour Charles Ravel, directeur général Europe H&H/Biostime, « il n’est pas question d’aller en GMS ».

Rééquilibrer Biostime entre les marchés français et chinois

Un lancement français qui s’inscrit dans l’ambition du groupe d’acquérir une dimension mondiale. Biostime détient 6 % de l’immense marché chinois, la marque y commercialise depuis 2006 des laits conditionnés en France, sur un segment conventionnel haut de gamme. « Ce lancement en France s’inscrit dans une stratégie de rééquilibrage de Biostime entre les marchés français et chinois », révèle Charles Ravel.

Des investissements importants en R&D

Pour son lancement, la marque communique sur sa formule auprès des professionnels de la petite enfance – 71 % des parents achetant du lait infantile le font sur leurs conseils. Pour développer sa notoriété, Biostime a recruté vingt-quatre visiteurs médicaux et participe à des symposiums réunissant pédiatres ou sages-femmes.

Le groupe a par ailleurs crée une fondation à Genève, Biostime Institute nutrition and care, qui finance des études cliniques. Biostime dispose d’un pôle de recherche, à Moorepark en Irlande, un laboratoire qualité à Toulouse et un centre technique à Canton, qui emploient 65 collaborateurs. Ils ont travaillé pendant deux ans, en collaboration avec les équipes de la coopérative d’Isigny Sainte-Mère, à l’élaboration de cette nouvelle formule. Charles Ravel estime son produit « supérieur, de par sa composition, aux autres références du marché, grâce à un investissement en R&D important. Nous espérons d’ailleurs convaincre les parents qui achètent des laits conventionnels de se tourner vers notre produit prémium ».

Biostime vise 5 à 10 % de parts de marché en pharmacie dans les deux prochaines années. Si le groupe reste muet sur les montants déployés, son directeur évalue la part du chiffre d’affaires consacrée à la R&D « supérieure à celle pratiquée dans le secteur pharmaceutique ». Une politique ambitieuse permise par « le marché chinois qui nous offre une échelle supérieure pour nos investissements », explique Charles Ravel.

Douze ans de partenariat avec Isigny

La collaboration entre Biostime et Isigny affiche plus d’une décennie au compteur. Un partenariat qui s’était renforcé en 2015 lorsque Biostime a participé à l’investissement dans la deuxième unité de séchage de l’usine d’Isigny, à hauteur d’un tiers de l’investissement de 65 millions d’euros, en entrant notamment au capital de la coopérative pour 20 %. C’est dans cette nouvelle unité que sont fabriquées les poudres de lait infantile Biostime. Le 26 juin dernier, la coopérative a ouvert ses portes à la presse, notamment parentale ou médicale, afin d’expliquer les procédures de qualité, d’hygiène et de sécurité.

L’affaire Lactalis nous a incités à faire preuve de transparence

« Avec le lancement de Biostime, nous aurions probablement ouvert nos portes, mais l’affaire Lactalis nous a aussi incités à faire preuve de transparence et montrer nos outils modernes », explique Gérald Andriot, directeur des opérations de la laiterie coopérative. « Et Biostime est une marque forte parmi les 200 formules que nous fabriquons. D’ailleurs, pour la première fois, ce lait infantile est cobrandé, le nom de la coopérative Isigny Sainte-Mère est bien visible », précise-t-il. Dans l’unité où sont fabriquées les poudres de lait, « des caméras font des doubles vérifications à chaque point critique. On n’est plus dans l’agroalimentaire, mais dans le pharmaceutique », décrypte Gérald Andriot.

Isigny affiche ses ambitions en bio

Ce partenariat permet à Isigny de consolider ses ambitions dans le bio. Pour l’heure, seuls 23 producteurs sur 430 points de collecte sont certifiés bios. La coopérative a collecté 5 millions de litres de lait bio en 2017, vise 8 millions en 2018 et 10 millions en 2020. Or, la saisonnalité de la production en biologique est très marquée. La transformation en lait infantile, des produits à DLC (date limite de consommation) longue (2 à 3 ans), permet de gérer cet afflux de volume printanier.

Par ailleurs, avec ce nouveau contrat, les unités de fabrication de la poudre de lait infantile tournent désormais à 90 % de leurs capacités. La coopérative normande envisage la construction d’une troisième unité, pour un investissement comparable à celui réalisé en 2015. Pour l’heure, le projet est étudié par l’administration. Un nouveau laboratoire va de plus être inauguré dans les prochains mois, les travaux touchent à leur fin. D’une surface de 2 400 m2, le projet a coûté 6 millions d’euros et permettra d’agrandir l’équipe actuelle, qui va passer de 60 à 80 personnes. 95 % des tests sur les préparations pour nourrissons sont réalisés en interne.

Marché en repli, sauf en bio

Le marché du lait infantile en France pèse un demi-milliard d’euros en 2017. La GMS est le principal circuit de distribution (374 millions d’euros), suivie par la pharmacie (177 millions d’euros) et les magasins bios (environ 10 millions d’euros). En cumul annuel à avril 2018, le marché s’est tassé de 2,2 % dans son ensemble, selon Gers. En cause, la baisse de la natalité, mais aussi une progression de l’allaitement maternel lié aux efforts des pouvoirs publics et à l’évolution des mentalités, une tendance qui devrait se poursuivre. Le marché en pharmacie a un peu mieux résisté affichant une baisse de 1,5 % seulement. Le segment du lait bio en pharmacie est encore très confidentiel, avec seulement 7,3 millions d’euros de vente, mais il a progressé de 19,6 % sur cette période.

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