Éthologue de formation, Aurélia Warin travaille sur l’étiquetage du bien-être animal depuis 2019 au sein de l’association EBEA. Celle-ci compte plusieurs adhérents, dont la Cooperl, Maître Coq, Groupe Michel, Lidl, Herta, Fleury Michon, Franprix, Monoprix et, depuis peu, Auchan.
L’étiquetage Bien-être animal est déjà présent sur certaines références de poulet de chair. Sur quel type de produit est-il en cours de développement ?
Aurélia Warin - L’étiquette Bien-être animal se déploie en effet sur des produits de poulets de chair en magasin, notamment sur la marque Les Fermiers de Loué. Le délai de mise en place est long, car il faut auditer tous les opérateurs de la filière, à savoir les 500 éleveurs de la marque ainsi que les abatteurs, les transporteurs, les couvoirs, etc. Il faut prendre en compte tous les stades de la vie de l’animal.
Notre but est de transmettre une information la plus fiable possible au consommateur. C’est pourquoi notre référentiel pour les poulets de chair comporte 230 critères pour toute la filière, avec chaque opérateur qui sera audité annuellement par un tiers indépendant.
Nos premiers produits à base de viande de porc sont en cours d’audit. Le référentiel technique compte, quant à lui seul, 300 points et sera dévoilé au moment de l’arrivée de l’étiquetage en magasin, c’est-à-dire courant 2023. On travaille aussi sur la filière bovine, les référentiels techniques sont en cours d’élaboration.
L’étiquetage bien-être animal inquiète les filières. Qu’en pensez-vous ?
Aurélia Warin - Il faut leur rappeler qu’il s’agit d’une démarche volontaire, et qu’il n’y a aucune obligation pour personne. Ce qui inquiète, ce sont les investissements à mettre en œuvre pour améliorer la note, mais les coûts des audits sont, eux, marginaux. Il y a, par ailleurs, la possibilité de mutualiser les frais dans le cas où un abattoir travaille pour plusieurs marques différentes en mutualisant l’audit. Nous utilisons des données déjà disponibles sur l’origine du produit pour être capables de remonter jusqu’à l’élevage. Cette donnée existe déjà, et nous l’utilisons d’une autre manière, c’est pourquoi il n’y aurait pas besoin de recourir à la technologie de la blockchain.
Ne craignez-vous pas une surinformation sur les emballages des produits ?
Aurélia Warin - Cette information est demandée par le consommateur, donc nous ne craignons pas du tout un effet de surétiquetage. Évidemment, si nous pouvons être mentionnés sur l’emballage, ça serait royal, mais demain, on n’aura peut-être pas la place de tout mettre. D’autres voies sont possibles pour informer le consommateur. Pourquoi pas faire partie des algorithmes de Yuka ?
Envisagez-vous un déploiement géographique, en dehors de la France par exemple ?
Aurélia Warin - Oui, tout à fait. Nous ambitionnons trois types de déploiement : en nous étendant à d’autres filières animales, dans d’autres pays de l’UE ainsi que sur les différents canaux de distribution, afin d’être présents en restauration, sur les sandwichs des boulangers, etc. Nous travaillons avec des restaurants et des cantines et entrerons en phase de test en 2023. L’information ne doit pas être disponible seulement en GMS. Notre objectif est de nous étendre à toutes les filières animales, jusqu’aux espèces marines. Pour ce qui est de la pêche, il y a un gros travail sur l’évaluation des conditions de transport des poissons et d’abattage. Et pour ce qui est de l’extension géographique, nous pourrons arriver sur d’autres territoires lorsque la nouvelle réglementation européenne sur le bien-être animal sera officialisée. D’autres initiatives d’étiquetage sur le bien-être animal sont nées dans d’autres pays européens, mais le nôtre est le seul qui répond à 100 % aux recommandations de la Commission européenne.