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La consommation de viande bio, passée sous son niveau de 2018, peut-elle repartir ?

L’année 2023 a été marquée par la crise pour les viandes biologiques. Pour Philippe Sellier, président de la commission bio d'Interbev, la consommation peut revenir, et la filière y travaille.

rayon viande bio
Boeuf, veau, agneau et porc, toutes les viandes bio sont en difficulté en 2023.
© Réussir Archives

La Commission bio d’Interbev vient de publier son observatoire des viandes bio, avec des chiffres de production négatifs pour 2023, pour la seconde année consécutive.

Le porc bio dans la tourmente

Les abattages de porc bio ont à peine dépassé 21 000 tonnes équivalent carcasse en 2023, en chute de 23 %. En cause, la chute de la consommation de viande de porc bio comme de charcuterie bio. 

« Il y a eu beaucoup d’arrêts »

« Les éleveurs ont dû s’adapter, il y a eu beaucoup d’arrêts, des passages vers le Label Rouge, une réduction du nombre de truies sur les exploitations », explique Philippe Sellier, éleveur bovin et président de la commission bio d'Interbev, notant aussi l’apparition d’un petit courant export, « de petits volumes mais qui ont tout de même soulagé le marché ».

Lire aussi : Crise du  bio : « Nous sommes beaucoup trop dépendant de la consommation à domicile »   

En agneau bio, encore de nouvelles conversions

Si les abattages d’ovins bio ont reculé de 12 % en 2023, le cheptel continue d’augmenter avec une hausse de 3,3 % des brebis viande et de 5,6 % des éleveurs. Une partie de la production a été valorisée dans le réseau conventionnel, d’autant plus que les prix records des agneaux limitaient l’écart avec le bio. « On peut aussi être bio et Label Rouge dans certaines régions, et donc s’adapter aux débouchés », explique Philippe Sellier. 

Le veau bio dans l’incertitude

Les abattages de veaux bio ont reculé, de leur côté de 12 %. Philippe Sellier s’inquiète pour l’an prochain de l’application de la nouvelle réglementation bio européenne. « Cette modification du cahier des charges prévoit la sortie des veaux bio. Nous avons bénéficié d’un délai mais elle touche à sa fin. Les animaux doivent avoir accès aux pâturages ou à l'extérieur si pas de pâturage possible. Ce qui nécessite des travaux, et une gestion des effluents qui n’est pas la même que celle de l’esprit du bio ! »

Lire aussi : Œufs bio : les 3 obstacles majeurs de la réglementation européenne 

Une baisse de la production de viande bovine bio

La production de viande bovine bio a reculé de 14 %, dépassant à peine 26 100 tonnes en 2023. En cause, la chute de 18 % des abattages de bovins allaitants bio. Le cheptel stagne et certains animaux ont été valorisés dans le circuit conventionnel, qui manquait de volume et où les prix ont nettement progressé. Les abattages de bovins laitiers n’ont reculé que de 7 % car l’écart de prix bio et conventionnel restait plus marqué.

Lire aussi : Viande bovine : « Il faut financer un maillage territorial des abattoirs » pour la FNH

La vente directe dynamique, la GMS en chute libre

Du côté de la demande, 2023 a été résolument une année difficile. Les ventes de viande bio ont reculé dans la plupart des circuits.

La GMS chute en 2023

On distingue des dynamiques différentes par espèces. Ainsi « la consommation de veau bio évolue positivement en restauration collective, dans le bassin de production, dans le Sud », se réjouit Philippe Sellier. L’agneau bio, dont le quart est commercialisé en vente directe, a lui aussi connu des hausses en RHD (+3 %). Pour le porc bio, la réduction des assortiments en GMS a été un coup sévère, avec une baisse de 30 % des ventes sur ce circuit, ce qui s’est conjugué à une chute de 30 % en boucherie traditionnelle et 17 % en magasins spécialisés. Mais la vente directe a résisté (+7 %), davantage d’éleveurs se concentrant sur ce débouché. Enfin, en deux ans, les volumes de viande bovine bio vendus en GMS ont chuté de 37 %. 

 « La consommation de veau bio évolue positivement en restauration collective »

La consommation de viande bio a reculé de 17 % en 2022, pareil en 2023, « elle est passée sous son niveau de 2018, mais les consommateurs peuvent revenir » résume Philippe Sellier.

Des chiffres maussades sur le premier semestre 2024

A noter que les magasins spécialisés renouent avec la croissance cette année, ce qui se ressent aussi au rayon viande selon les opérateurs de la filière. Pour autant, selon les derniers chiffres de l’Agence Bio, les ventes globales sont encore en berne (haché de bœuf frais bio en GMS : -11 % en volume au premier semestre, charcuterie bio -20 %). En volume la part de marché bio a été de 4,0 % au premier semestre 2024, contre 4,5 % au premier semestre 2023. 

Le marché de la charcuterie bio était deux fois plus petit au deuxième trimestre 2024 qu’il ne l’était au deuxième trimestre 2021

On constate cependant une stabilisation autour de 4,0 % depuis plusieurs trimestres. Le marché de la charcuterie bio était deux fois plus petit au deuxième trimestre 2024 qu’il ne l’était au deuxième trimestre 2021 (recul de 54 % en volume et de 49 % en valeur).

Bio, comment séduire de nouveau le consommateur ?

« Il faut produire ce que le consommateur demande » tranche Philippe Sellier, évoquant les 80 % de viande bovine bio consommée sous la forme hachée, « sur ce type de segment le bio a été précurseur, on s’est adapté à cet essor du haché et des élaborés ». 

« Il faut produire ce que le consommateur demande » 

Désormais, la commission bio d’interbev a pour priorité de redonner une impulsion à la consommation. « Nous allons nous appuyer sur la communication de l’Agence Bio, il faut communiquer sur le cahier des charges de la bio, ses aspects positifs », explique Philippe Sellier qui précise « travailler auprès des GMS pour le référencement, c’est un des vecteurs importants de la consommation ». 

Lire aussi : Les préoccupations environnementales sur l'alimentation ont reculé, mais à quel point ?

Convaincre les élus de choisir la viande bio

Dans le cadre de la loi Climat et Résilience, 60 % de la viande servie en restauration collective doit être durable, 100 % même pour la restauration collective gérée par l’État. « Il faut faire un vrai travail auprès des élus pour qu’ils pensent au bio, leur montrer l’impact local, bio et local ne sont pas antagonistes dans la viande puisque nous n’importons pas de viande bio », conclut le président.

Lire aussi : « Le bio consommé en France est principalement made in France »

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