Lait bio : Collecte en hausse et consommation en baisse, la crise se précise
Dans un contexte inflationniste, les ménages s’éloignent du bio et la consommation chute. Dans le même temps, la collecte de lait biologique continue de progresser.
Dans un contexte inflationniste, les ménages s’éloignent du bio et la consommation chute. Dans le même temps, la collecte de lait biologique continue de progresser.
La collecte de lait de vache biologique reste dynamique en France, progressant de 4,3 % sur les deux premiers mois de 2022, selon FranceAgriMer. Une croissance néanmoins moins impressionnante que celles à deux chiffres qu’on avait l’habitude de voir : +11,7 % en 2020, +10,6 % en 2021. Ce ralentissement est lié, d’une part, au tassement des arrivées de nouveaux producteurs. Les conversions ralentissent et certains producteurs au contraire se « déconvertissent » dans un contexte économique difficile. Mais aussi, d’autre part, à la hausse des coûts de production, notamment l’aliment, dont les éleveurs limitent la distribution. D’autant plus que les prix du lait bio sont peu incitatifs. « Les quatre principaux collecteurs (Biolait, Lactalis, Sodiaal, Agrial), qui représentent 70 % de la collecte nationale bio, appliquent des baisses comprises entre 5 et 15 €/1 000 l par rapport à l’an dernier » écrit l’Idele dans sa dernière note de conjoncture.
à retenir :
En 2021, la collecte de lait bio a atteint
1,23 milliard de litres
Soit une hausse de 11 %
Du conventionnel plus cher que du bio ?
Avec la forte hausse des prix du lait conventionnel et la nette saisonnalité des prix du lait bio, l’Idele pense que « le prix du lait conventionnel devrait temporairement rattraper, en avril/mai, celui du lait biologique », une inversion « passagère », mais symbolique après des années florissantes. Les producteurs français se sentent seuls dans ce contexte, puisque les prix du lait bio continuent de grimper en Europe. La collecte progressait bien moins fortement que ce soit en Allemagne, en Autriche ou en Scandinavie et la consommation se maintient mieux chez nos voisins nordiques.
Baisse des achats des ménages
Car c’est bien du côté de la demande que le marché est en panne. Les achats des ménages de produits laitiers biologiques pour leur consommation à domicile reculent davantage qu’en conventionnel. « Les ventes de beurre, de fromages et de crème enregistrent des chutes spectaculaires sur les 3 mois derniers mois (respectivement -21 %, -22 % et -30 % sur un an) », s’alarme l’Idele. Car dans un contexte inflationniste, les ménages jouent la sécurité dans leurs achats. Cœur de gamme et MDD retrouvent leurs faveurs, aux dépens du bio. « Le bilan annuel Kantar souligne que les indicateurs de suivi de la consommation sont tous dans le rouge : le taux de pénétration, le niveau moyen d’achat, le budget moyen d’achat et la fréquence d’achat reculent tous », rapporte l’Idele.
Un manque de demande qui rejaillit sur les fabrications qui stagnent malgré la croissance de la production. Les déclassements ont donc augmenté l’an dernier. Selon les calculs de l’Idele, c’est toute la collecte supplémentaire qui a été déclassée. La flambée des prix des produits laitiers conventionnels limite néanmoins l’impact économique de ces déclassements.