Tendances
[Rétrospective] Comment l’agroalimentaire a évolué depuis dix ans
Le numéro 500 des Marchés Hebdo, qui tombe en cette période particulière, est l’occasion de faire une rétrospective des dix dernières années dans l’agroalimentaire. La rédaction pointe des changements majeurs que la crise du Covid-19 pourrait renforcer.
Le numéro 500 des Marchés Hebdo, qui tombe en cette période particulière, est l’occasion de faire une rétrospective des dix dernières années dans l’agroalimentaire. La rédaction pointe des changements majeurs que la crise du Covid-19 pourrait renforcer.
Il y a un peu plus de onze ans, sortait le premier numéro des Marchés Hebdo. Nous y célébrions le succès du sandwich jambon beurre à la française (qui sera détrôné en 2018 par le hamburger), Sodebo lançait tout juste ses PastaBox, quand Intermarché organisait une simulation de pandémie de grippe aviaire ! Résultats de cet exercice, « un point de vente, tel que l’Intermarché de Grigny ne pourrait pas fonctionner sans deux éléments essentiels : au moins 50 % de son personnel et des produits de première nécessité comme des pâtes, du sucre, des couches pour bébé… », écrivait-on dans cet article.
Il est essentiel que l’ensemble de la chaîne se prépare
Christophe Dejob, directeur du supermarché de Grigny, nous confiait alors : « cette opération nous a permis de prendre conscience de l’importance de notre gestion logistique. En effet, en cas de crise, les clients multiplient leur intention d’achat par 3 ou même par 20 sur certains produits. Il est donc essentiel que l’ensemble de la chaîne se prépare ». Quelle clairvoyance ! Relire cet article en juin 2020 permet de comprendre que le succès d’Intermarché pendant le confinement (avec 1 million de clients recrutés et un bond de parts de marché de 1,7 point entre le 23 mars et le 19 avril) ne doit vraiment rien au hasard.
Nutri-Score et démarche clean label se sont imposés
Dans les pages de l’hebdomadaire nous évoquions aussi le début de la convention unique avec la mise en application de la LME qui affirmait la négociabilité des conditions de vente du fournisseur. La préoccupation nutritionnelle montait et l’industrie alimentaire s’inquiétait de la mise en place des profils nutritionnels par Bruxelles.
Que s’est-il passé de majeur en dix ans ? La question nutritionnelle s’est imposée au niveau de l’industrie alimentaire avec l’avènement du Nutri-Score (que Nestlé déploie désormais en Europe), qu’il est aujourd’hui question de développer en Europe et pourquoi pas de rendre obligatoire. Les industriels ont revu leurs formulations, le choix des ingrédients et PAI dans une démarche de clean label.
Le bio en force
Autre changement important, le fort développement du bio, avec des ventes et une surface de production multipliées par trois en dix ans pour passer à 2 millions d’hectares en bio en 2018 et des ventes à 9,6 milliards d’euros. Selon la dernière étude de l’Agence bio (1), les produits biologiques auraient recruté 8 % de nouveaux acheteurs durant le confinement. Et près de 9 Français sur 10 envisagent de continuer à favoriser les produits bios après le confinement. Sans parler des objectifs affectés par la loi Egalim à la restauration collective.
Un approvisionnement plus local
Autre tendance décryptée au fil des numéros des Marchés Hebdo depuis plusieurs années, la montée en puissance de l’origine des matières premières comme critère d’achat pour les Français avec une demande forte de transparence sur le sujet. L’observatoire E.Leclerc des Nouvelles consommations, en collaboration avec Ipsos (2), indiquait en novembre 2019 que 82 % des Français privilégient désormais l’achat de produits d’origine française et 77 % l’achat de produits proposés par des producteurs locaux. En réponse à cette attente, nombre d’industriels se sont engagés ces derniers mois à renforcer leur approvisionnement local, avec la construction de véritables filières, de plus en plus mises en avant sur l’emballage des produits, grâce notamment à la blockchain.
Le bio, le mieux manger, les produits de qualité doivent être accessibles
Si le confinement a renforcé l’engouement des Français pour ce critère et conforté les entreprises ayant fait le choix d’un approvisionnement local, la question du pouvoir d’achat face à des produits français parfois plus chers que les produits importés remonte. « Oui, E.Leclerc va continuer à privilégier un approvisionnement français, mais entend bien revenir très fort sur la notion de prix et de pouvoir d’achat. Le bio, le mieux-manger, les produits de qualité doivent être accessibles », écrivait ainsi Michel-Édouard Leclerc le 13 juin sur son site.
(2) Étude réalisée sur un échantillon national de 1 000 Français représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, interrogés du 17/10 au 24/10 2019 en ligne.