L'avis l'Union du mareyage français
« Les prix et la rentabilité des entreprises se sont dégradés »
Les Marchés Hebdo : Dans quel état se trouvent les mareyeurs sur les côtes françaises ?
Peter Samson : Le mareyage a pris de plein fouet la crise du coronavirus. La chute de la pêche, surtout la pêche hauturière, s’est conjuguée à des conditions de marché très mauvaises dans la restauration et à l’exportation notamment. Cependant, le maillon a tenu bon pendant cette première vague, et a parfaitement joué son rôle d’approvisionnement en produits de la mer. Mais les prix et la rentabilité des entreprises se sont dégradés ; le recours important au PGE a produit de l’endettement et les charges ne sont que reportées. Depuis les récentes annonces de couvre-feu et autres restrictions, la situation du marché s’est à nouveau dégradée, sans que des dispositions importantes de soutien ne soient forcément prévues. La fin d’année risque d’être gâchée. Et enfin, le Brexit : au pire, ce serait une perte sèche de 26 000 tonnes sur les 140 000 tonnes que nous traitons, concentrée dans trois régions, les Hauts-de-France, la Normandie et la Bretagne. Les mareyeurs sont donc extrêmement inquiets.
LMH : Des projets d’investissement utiles risquent-ils d’être compromis ou repoussés ?
P. S. : Le maillon est confronté à des évolutions profondes de la consommation. La concurrence entre mareyeurs s’accentue avec l’érosion des apports, et le marché est devenu international. D’où la tendance à la concentration. Les nouveaux défis sont la modernisation, l’informatisation et la digitalisation, l’automatisation et davantage de transformation. Le frais emballé est un facteur de résilience. Certains mareyeurs sont parvenus à investir pendant la crise. Mais notre organisation craint pour les bilans de cette fin d’année. Il y aura un coup de frein dans les investissements.
LMH : On a vu récemment le groupe Alliance, multisectoriel, investir dans le mareyage au Guilvinec. Des mareyeurs feront-ils appel à des capitaux extérieurs ?
P. S. : Certains ouvrent leur capital. Le besoin en intensité capitalistique est important. En temps de crise, les plus à même d’investir sont ceux qui ont les reins les plus solides.
LMH : Le renouvellement des générations est-il en bonne voie ?
P. S. : Le problème d’attractivité reste entier, mais l’image du secteur s’améliore. Il faut former aussi. La formation en filetage, que nous avons relancée, commence à bien fonctionner. Et il y a six mois, nous avons créé un CQP, contrat de qualification professionnelle « acheteur vendeur marée ».