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Lait : FCO et grippe aviaire, quel impact sur la collecte ?

Les problèmes sanitaires ont été nombreux cette année dans les élevages laitiers. FCO au Nord-Est de l’Europe et grippe aviaire aux États-Unis. De quoi rendre le marché anxieux et voir les prix du beurre s’envoler. A l’heure du bilan, les conséquences pourraient être moins graves qu’attendues, comme l’illustre le tassement des cours.

vaches laitières au cornadis.
Si ceux qui sont touchés par la FCO ou, aux USA, la grippe aviaire, produisent moins, les autres compensent.
© Réussir

Les craintes étaient vives sur la collecte laitière française alors que les foyers de FCO se multiplient depuis l’été. Pourtant, elle a continué sa progression en août (+0,8 %). Avec un mois de septembre estimé, selon les résultats hebdomadaires de FranceAgriMer, à +3,3 %, « sur 9 mois, la collecte serait en hausse de +1,2% par rapport à 2023 » écrit l’Idele dans son bulletin Tendances. 

Lire aussi : Lait : durabilité ou autosuffisance, deux visions s’affrontent au Sommet mondial du lait

Touchés par la FCO, certains produisent moins, mais d’autres compensent

Est-ce à dire que la maladie n’affecte pas la production ? Non, « les effets sont variables allant de vêlages prématurés à des avortements, des problèmes de fertilité décalant dans le temps les IA fécondantes, des boiteries, une augmentation des taux cellulaires et parfois une perte de lait pendant plusieurs jours » écrit l’Idele, évoquant un effet sur la collecte du Nord Est en septembre. Pour autant les pertes chez les uns sont compensés par une production dynamique chez les autres. « Les marges sont bonnes, les prix du lait sont incitatifs actuellement en Europe », résume John Lancaster, chef de la division Europe de StoneX lors d’un webinaire.

« Les marges sont bonnes, les prix du lait sont incitatifs actuellement en Europe »

Une collecte européenne moins touchée que prévu

« On s’attend à une poursuite de la croissance en Europe dans un contexte économique favorable, malgré la pression de la FCO », explique l’analyste, qui évoque aussi des conditions climatiques bien plus favorables que l’an dernier. Il mise sur « une progression de la collecte de l’ensemble UE + Royaume-Uni sur septembre et octobre par rapport à 2023 ». Ce dans un contexte de marges incitatives et qui devraient le rester au moins sur le premier trimestre 2025 selon les prévisions de StoneX. Certes, la collecte allemande a souffert de la FCO, avec un repli sur un an (-0,3 % sur les 40 premières semaines de l'année selon le ZMB), mais l’année 2023 avait été plutôt tonique. « Les transmissions s’arrêtent dorénavant avec la baisse des températures, et il faut retenir que la maladie a un effet beaucoup plus prononcé sur les ovins », précise John Lancaster. La baisse outre-Rhin est moins forte qu'attendue sur août et septembre.

Aux États-Unis, une flambée des cas de grippe aviaire en Californie

Sur le marché laitier, l’autre zoonose qui a semé l’anxiété chez les opérateurs, c’est la grippe aviaire qui a contaminé les premières vaches au printemps dernier. Aujourd’hui, ce sont 490 000 vaches laitières, soit plus de 5 % du cheptel, qui ont été contaminées officiellement par la grippe aviaire, « mais c’est probablement 4 fois plus », juge Nate Donnay, directeur de StoneX. La plupart des états américains n’ont pas mis en place des mesures rigoureuses de dépistage, avec un simple test volontaire. 

Le 1er cas en Californie a été découvert mi-août. Dorénavant, l’état recense plus de 90 000 vaches contaminées. « En Californie, les tests sont systématiques lors des symptômes et les fermes voisines sont aussi testées par des prélèvements dans le tank à lait, tous les cas sont identifiés » explique Nate Donnay. 

Quel effet de la grippe aviaire sur la production laitière ?

Maintenant que l’USDA dispose de davantage de recul, les estimations sont que, dans les états les plus atteints, la production laitière par vache recule de 1 à 3 % sur un an pendant deux à trois mois puis revient à la normale. La grippe aviaire aurait fait perdre 0,2 % à 0,5 % de la collecte américaine sur mai-juin et les analystes de StoneX s’attendent à un impact encore de 0,5 % sur octobre. 

« On s’attend à un petit ralentissement sur septembre et octobre à cause de la grippe aviaire en Californie, mais à un rebond dès décembre »

Pour autant « la collecte laitière était tonique sur l’été grâce à des marges très incitatives. On s’attend à un petit ralentissement sur septembre et octobre à cause de la grippe aviaire en Californie, mais à un rebond dès décembre », prévoit Nate Donnay, si tant est que la situation épidémique n’évolue pas outre-mesure. De plus, le lait produit sur 2024 était de meilleure qualité avec des taux de matière sèche plus élevés ce qui a permis de doper les fabrications. 

Lire aussi : Lait : aux États-Unis les laiteries de plus en plus en compétition entre elles

Pas de manque de produits laitiers sur le marché mondial

Alors que la collecte laitière en Nouvelle-Zélande était elle aussi plutôt tonique, et le pic saisonnier devrait être élevé, grâce à de bonnes conditions climatiques et, là encore, des marges incitatives, l’offre de produits laitiers sur le marché mondial est finalement attendue en hausse.

D’où la baisse des prix du beurre

C’est ce qui a dirigé la correction des prix du beurre, notamment en Europe. Après avoir atteint des niveaux historiques, ils se sont tassés. La croissance de la production laitière grâce au bon contexte économique a plus que compensé les baisses causées par les maladies.

« Sur le beurre, on s’attend à une baisse rapide sur les six prochains mois en Europe pour retrouver des prix de l’ordre de 6500 €/tonne »

 « Sur le beurre, on s’attend à une baisse rapide sur les six prochains mois en Europe pour retrouver des prix de l’ordre de 6500 €/tonne », précise John Lancaster. Même tendance pour les fromages industriels. La poudre grasse devrait se tasser aussi. En revanche, les analystes jugent que les poudre de lait écrémé et de lactosérum pourraient rester sur une tendance haussière à moyen terme. 

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