Crise du bio : un premier semestre 2023 alarmant
La consommation en bio continue de s’éroder, en témoignent les chiffres du premier semestre 2023, surtout en circuits spécialisés.
La consommation en bio continue de s’éroder, en témoignent les chiffres du premier semestre 2023, surtout en circuits spécialisés.
En GMS, les ventes de bio en volume continuent de reculer : -8,6 % au premier semestre 2023 sur un an d’après NielsenIQ. Dans le détail, la baisse est plus accentuée au second trimestre par rapport à la même période de 2022 : -9,2 % par rapport au premier trimestre -8,1 %. A l’inverse, en conventionnel, les ventes en volume ont stagné (-0,02 %) et ont augmenté de 12,3 % en valeur au premier semestre sur un an. Pour la période janvier-juin 2023, l'inflation moyenne est de 12,4 %.
Hausse des prix en GMS
Cette importante baisse des ventes en bio, est le résultat d’une répercussion de la hausse des prix des coûts de production en rayon et du changement du comportement des consommateurs. On observe, “un recentrage de l’offre et de la demande alimentaire sur des produits bon marché, entamé à l’été 2022 qui s’est poursuivi”, indique l’Agence Bio. La baisse de la valeur des ventes des produits bio s’est accélérée au second trimestre 2023 (-2,4%) contre –1,5 % au premier trimestre. Sur le premier semestre 2023, la baisse est de –1,9 %. Cependant, cette tendance baissière ralentit par rapport à celle de la même période en 2022 (-4,7 %).
Chute des volume de produits laitiers et de viande bio
Les prix élevés font reculer la demande. C'est le cas des produits frais laitiers bio. En GMS, les ventes bio ont progressé de 4,9 % en valeur, la hausse moyenne du prix apparent est de 12 % et en volume, elles ont fléchi de 7 %. Toutefois, cette équation n’est pas vraie pour l’ensemble des rayons. Pour les viandes, les produits de la mer et les produits traiteurs, les ventes ont baissé en valeur (-14,9 %) au premier semestre sur un an, mais aussi en volume (-23%). A noter, en surgelé salé, les prix affichent un repli. Par ricochet, les volumes ont augmenté de 6%. En cause, un regain d’intérêt pour les produits prêts à réchauffer et un report des achats de produits frais vers le congelé.
Baisses plus accentuées en circuit bio
Ce sont les magasins spécialisés dans le bio qui accusent une baisse des ventes en valeur plus prononcée au premier semestre 2023, -3,8 % bien que cette baisse soit plus contenue sur un an (-15,1 %). “La transcription de la baisse des ventes en valeur du circuit bio en volume indique un recul des volumes au 1er semestre 2023 de -9% en circuit spécialisé bio”, souligne l’Agence bio. Comment expliquer cette tendance ? Par des pressions à la baisse : depuis six mois, les consommateurs se sont massivement reportés sur les circuits à prix plus bas, la qualité bio est remise en question. Et aussi par des pressions à la hausse : l’inflation a été plus marquée au premier semestre 2023 qu’en 2022. C'est bien la hausse des prix qui a contribué à soutenir le chiffre d'affaires du bio. “Si l’augmentation des prix, + 9,6 %, n’avait pas été passée, alors la valeur des ventes aurait reculé de –9 % au premier semestre 2023 – au lieu de –3,8 %”, insiste l’Agence Bio. D'autre part, les fruits et légumes bio ont profité des hausses de prix en conventionnel. Ils sont devenus plus attractifs. A noter aussi que les enseignes bio ont augmenté leur part de produits à marque propre de + 20 % à + 40 % de croissance au premier semestre selon les produits.
Pour envisager une reprise des ventes en circuit bio, l’Agence bio préconise :
- La différenciation. Elle déplore un manque d’innovation généralisé depuis l’avant Covid. “ Le circuit spécialisé, est par définition, un lieu de vente de produits spécialisés qui ne se retrouve pas ailleurs”.
- “La construction d’une gamme de prix large et équilibrée en structurant une pyramide des prix qui a fait ses preuves depuis 30 ans en GMS”.
- Le conseil, être plus proche du pharmacien que de la grande surface rend le bio plus légitime.
Les perspectives pour le second semestre 2023
Les perspectives des commerçants sont peu encourageantes pour le reste de l’année sur la valeur des ventes dans les circuits bio. Les bouchers sont les moins optimistes.
Perspectives d’activité au second semestre 2023
Evolution des prix de quelques produits bio de référence
Le circuit bio peine à redresser ses ventes alors qu’ils affichent souvent des hausses moins importantes qu’en GMS.
La hausse des prix en GMS est nettement plus prononcée que l’évolution du prix à la production. Elle est elle-même supérieure à la hausse des prix en magasin bio. En dépit d’un écart considérable entre les hausses en GMS et en magasin bio, le prix reste plus élevé en circuit spécialisé.
Même constat qu’en lait, les prix moyens ont davantage augmenté en GMS mais les œufs restent plus chers magasins bio.