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Changement des aides et baisse du cheptel, ce que propose la Cour des comptes pour les bovins

C’est l’activité agricole la plus subventionnée, mais elle est fragile, la Cour des comptes s’intéresse à l’élevage bovin et émet des propositions qui font pâlir la filière : réduction du cheptel pour limiter les émissions de méthane et des aides plus individualisées.

Vaches limousines dans un pré
La Cour des Comptes juge que le nombre de bovins doit baisser rapidement pour limiter les émissions de méthane
© Virginie Pinson

4,3 milliards d’euros chaque année, c’est le montant des aides publiques allouées à l’élevage bovin (laitier et allaitant), selon le bilan de la Cour des comptes qui regrette que la filière soit toujours fragile et trop dépendante de ces aides. Sans elles, 90 % des élevages bovins allaitants et 40 % des exploitations laitières présenteraient un résultat courant avant impôt négatif (contre respectivement 20 % et 5 % en 2019 avec les aides).

Les 3 causes de la « piètre performance économique » des élevages bovins selon la Cour des comptes :

  • Faiblesses du modèle économique des exploitations
  • Difficile adaptation de la production aux évolutions de la consommation
  • Fragilités et au manque de structuration de la filière

Pour autant, les experts nuancent en précisant qu’il y a une « grande diversité » des exploitations et des résultats. Ils pointent un paradoxe : pendant leur activité, les revenus des éleveurs sont « structurellement faibles par rapport à ceux des autres exploitants agricoles, en particulier en élevage allaitant », mais « ils disposent, pendant leur période d’activité, d’un patrimoine professionnel conséquent, construit en large partie grâce aux aides publiques, très supérieur au patrimoine moyen des Français et parmi les plus élevés au sein du monde agricole ». Pour autant, ce patrimoine n’est pas entièrement converti en patrimoine privé au départ à la retraite puisque dans le cadre de transmission intra-familiale, des décotes sont appliquées, voire des donations.

Lire aussi notre dossier : Quel avenir pour les races à viande ?

Comment mieux aider les éleveurs bovins ?

La Cour des comptes plaide pour des dispositifs d’aides plus individualisés, tenant compte à la fois des performances économiques et des externalités environnementales et sociétales. Elle pointe l’importance de la diversification, par exemple par la production de biogaz (méthanisation) et d’électricité (agrivoltaïsme).  

Dans ce contexte, la Cour des comptes émet deux recommandations :

  • Développer les aides à la reconversion pour les éleveurs les plus en difficulté
  • Définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel allaitant pour tenir compte des objectifs climatiques

Pourquoi la Cour des Comptes veut-elle réduire le cheptel bovin en France ?

D’une part, la France s’est engagée à réduire de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030 (souscrits dans l’accord international Global Methane Pledge). De l’autre, 28 % des Français consommeraient trop de viande rouge (plus que le plafond de 500 g par semaine du PNNS). Pour la Cour des comptes, l’équation est simple, il faut réduire le cheptel. Les membres regrettent d’ailleurs que le Plan stratégique national ne traite pas de ce sujet et s’attache à des indicateurs « non pertinents ». Ainsi, plus la superficie des prairies augmente, plus les indicateurs sur les gaz à effets de serre (GES) s’améliorent, sans tenir compte du nombre de vaches sur cette prairie et de leurs émissions de GES.

Dans le Scénario « avec mesures supplémentaires » de la deuxième Stratégie National Bas Carbone, les hypothèses sont à une poursuite de la baisse des effectifs de bovins pour atteindre 16 millions de têtes en 2030. Pour les bovins laitiers, c’est la poursuite de la trajectoire entamée, mais pour les élevages allaitants c’est un nouveau coup de frein, lié à l’évolution des comportements alimentaires. En 2050, le cheptel allaitant devrait retrouver son niveau des années 1990.

 

Le cheptel français baisse déjà fortement. Ainsi, dans la dernière note de l'Institut de l'élevage ont peut lire : La baisse du cheptel reproducteur sur le long terme conduit naturellement à une baisse du cheptel total. Ainsi le nombre de bovins en France est tombé à 16,952 millions de têtes au 1er avril 2023, accusant une baisse de -10% en cinq ans, soit -1,930 million de têtes ! Sur la même période, la France a perdu 430 000 vaches allaitantes (-11%) et 300 000 vaches laitières (-8%).

L’élevage bovin reste indispensable …

Pertinent sur des terres non arable, acteur du cycle des matières organiques qui permettent de limiter les engrais de synthèse, nécessaires à l’emploi et à la qualité des paysages dans les territoires ruraux mais aussi garantissant la biodiversité, l’élevage bovin reste indispensable, selon la Cour des comptes qui écrit « une agriculture sans élevage n’est pas soutenable ».

… mais doit s’adapter

La souveraineté alimentaire française n’est pas menacée dans les domaines de la viande bovine et du lait. Mais la France importe une part importante de la viande bovine qu’elle consomme, son élevage doit donc adapter pour mieux répondre aux attentes des consommateurs. Il s’agit d’encourager l’engraissement, mais la Cour des Comptes propose aussi « une meilleure articulation entre la filière laitière,productrice de vaches de réforme, et la filière allaitante, ainsi que l’éventuelle promotion de races mixtes »  

Une filière contrariée

Les réactions n'ont pas tardé à se faire entendre dans une filière fragile, comme celle de Jean-Baptiste Moreau, ancien éleveur et ancien député La Rem.

ou celle d'Hervé Morin,président de la Région Normandie.

 

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