Quel potentiel pour les exportations agricoles et agroalimentaires vers le continent américain en 2025 ?
Un tiers des produits agroalimentaires exportés par la France sont destiné au continent américain dans son ensemble. Quelles sont les perspectives pour les filières les plus concernées, vin et spiritueux, épicerie, produits laitiers, dans un contexte économique mouvant, entre politique défensive de Donald Trump et accords de libre-échange.
Un tiers des produits agroalimentaires exportés par la France sont destiné au continent américain dans son ensemble. Quelles sont les perspectives pour les filières les plus concernées, vin et spiritueux, épicerie, produits laitiers, dans un contexte économique mouvant, entre politique défensive de Donald Trump et accords de libre-échange.
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En 2023, la France s'est classée au sixième rang mondial des exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires, avec un chiffre d’affaires de 81,9 milliards d’euros. Kris Danaradjou, directeur général adjoint développement de Haropa Port a souligné que « le quart des trafics du port en 2023 concernait des produits alimentaires, ce qui représentait un million de tonnes de produits. 33% étaient destinés au continent américain. » le 30 janvier, lors de la deuxième rencontre du fret maritime des exportations agricoles et agro-alimentaires françaises.
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Les produits agroalimentaires français rayonnent à l’international
Parmi les catégories alimentaires les plus exportées on compte, en tête de liste, les vins et les spiritueux, générant globalement 15,9 milliards d’euros (Mds €) de chiffre d’affaires, dont 4,6 Mds € sont issus des expéditions vers l’Amérique. Suivent les produits d’épicerie (10 Mds €, dont 765,9 millions d'euros issus des envois en Amérique) et les produits laitiers (5,5 Mds €, dont 345 millions d'euros issus des envois en Amérique). Ces catégories se positionnent principalement sur des segments de milieu et haut de gamme à l’export.
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Les États-Unis adeptes des vins et spiritueux français
Durant l’une des tables rondes, Julie Brayer-Mankor, DG adjointe de FranceAgriMer, a rapporté que « parmi les exportations françaises de produits agroalimentaires et agricoles vers les États-Unis, ce sont les vins et spiritueux qui dominent, avec 69% des envois. La Côte Est américaine est la zone qui favorise le plus les vins européens. » Elle a rajouté que « toujours dans le classement des expéditions alimentaires vers les États-Unis, les produits d’épicerie arrivent en deuxième position avec 11 % des envois, tandis que les produits laitiers occupent la troisième place avec 5 % des envois. »
"vers les États-Unis, les produits d’épicerie arrivent en deuxième position avec 11 % des envois, tandis que les produits laitiers occupent la troisième place avec 5 %"
En 2023, les importations américaines de produits agricoles et agroalimentaires ont atteint 195,9 Mds €, tandis que les expéditions françaises de ce type de produits correspondaient à 5,37 Mds €. Ainsi le marché américain reste un marché encore faiblement intégré par la France, mais avec un fort potentiel étant donné ses 330 millions d’habitants.
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La France pèse lourd sur les importations alimentaires du Canada
Bien que le marché canadien soit plus modeste que celui des États-Unis, avec une taille d’environ 40 millions d’habitants, les exportations françaises de produits agricoles et agroalimentaires y sont estimées à 871 millions d’euros. Ceci représente le quart des importations alimentaires du Canada. Les expéditions françaises vers le pays sont facilitées par Le CETA, l’accord provisoire de libre-échange économique et commercial, qui supprime les droits de douanes sur 99% des produits échangés.
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Des contraintes pour les envois transatlantiques
« Le vieillissement des flottes atlantiques ralentit le temps d’acheminement des denrées et pourrait nuire à la qualité et à la compétitivité des produits. Ce tronçon devient de plus en plus archaïque tandis que celui vers l’Asie est beaucoup plus moderne et rapide. » rappelle Louise Drouin, déléguée aux affaires maritimes.
"Le vieillissement des flottes atlantiques ralentit le temps d’acheminement des denrées et pourrait nuire à la qualité et à la compétitivité des produits"
L’accès complexe au marché des vins et spiritueux canadien
Le monopole et la multiplicité des acteurs rendent le marché canadien des vins et spiritueux difficile d’accès. La LCBO en Ontario et la SAQ au Québec, deux entreprises d’État, contrôlent 80 % du marché des vins et spiritueux, allant de l’importation et la distribution. Les autres 20 % du marché reposent sur les importations privées, notamment via les restaurateurs, qui offrent un débouché alternatif aux producteurs n’ayant pas été validés pour les appels d’offres et souhaitant s’implanter et faire leurs preuves sur le territoire canadien.
Donald Trump et ses mesures protectionnistes
Depuis son investiture, Donald Trump commence à mettre en place des mesures protectionnistes sur les importations américaines. Jean-Christophe Debar, consultant chez Agri US Analyse, souligne que « le déficit des échanges entre l’Union Européenne et les États-Unis s’élèverait à 201,6 Md$. La France correspondant à 14,1 Md$ de ce déficit. La part du déficit lié aux échanges agricoles serait de 45 Md $ en 2025 selon les projections américaines. »
En cas de surtaxation des exportations françaises par les États-Unis, d’autres marchés tout aussi rentables pourraient servir d’alternative. L’Amérique latine et le Canada, déjà friands de produits français et également touchés par les taxes américaines, offriraient des débouchés stratégiques qui restent encore sous-exploités. Miser sur ces marchés en expansion pourrait permettre aux exportateurs français de diversifier leurs ventes et de réduire leur dépendance au marché états-unien.
Des opportunités au Canada pour remplacer les États-Unis ?
Le Canada a publié dimanche dernier une liste de plus de 1200 produits américains dont les vins et les spiritueux, qui feront l’objet d’une augmentation de 25% des droits de douane. Ces produits sont pour l’instant importés des États-Unis à hauteur de 569 millions de dollars par an au Canada. De quoi envisager une potentielle ouverture pour une demande accrue de produits français sur le territoire canadien.
Le potentiel de la zone Amérique latine
En 2023, l’Amérique latine a importé pour 1,03 milliard d’euros de produits alimentaires français. Les céréales dominaient largement ces exportations, représentant 60 % du total, suivies par le vin (27 %), les produits d’épicerie (9 %) et les produits laitiers (2 %).
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Cette zone, en pleine expansion, offre des opportunités croissantes pour les produits français, notamment ceux labellisés AOP, très appréciés au Mexique. D’autres marchés, comme le Chili, émergent également, avec un fort potentiel pour l’exportation de fromages et de produits d’épicerie.
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