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« La France est un pays expérimental de la transformation alimentaire durable !»

Est-ce possible de nourrir le monde de manière durable ? Produire plus, en émettant moins de gaz à effet de serre ? Oui, répond une étude de Deloitte, à condition d’effectuer une transition mondiale de nos systèmes alimentaires, mobilisant de l’agriculteur au consommateur en passant par tous les acteurs privés et publics en mesure de financer le changement. 

champ de tournesol sous un ciel nuageux
Il serait possible de produire 40 % de calories supplémentaires, tout en diminuant de deux tiers les émissions de gaz à effet de serre, grâce aux leviers de transition alimentaire durable
© Virginie Pinson

« La question agricole est centrale pour la transformation durable, puisqu’elle est au carrefour de l’environnement, de la santé, de l’équité sociale », explique Fanny Lange, associée au sein de l’équipe sustainability de Deloitte France. Une étude, publiée par le centre d’excellence Deloitte aux États-Unis, modélise les impacts de cinq leviers de transition alimentaire et affirme qu’il serait possible de produire 40 % de calories supplémentaires, tout en diminuant de deux tiers les émissions de gaz à effet de serre

« La question agricole est centrale pour la transformation durable »

Accélérer l’innovation, un levier pour la productivité

« Les solutions techniques, on les connaît, il faut avancer collectivement pour les articuler et passer à l’échelle supérieure », presse la spécialiste. L’innovation est indispensable pour augmenter la productivité, et donc le nombre de calories disponibles sans accaparer davantage de terres et donc nuire à la biodiversité, et sans utiliser davantage de ressources. Énergies renouvelables, irrigation de précision, alternatives aux protéines animales sont des exemples cités dans le rapport.

« Les solutions techniques, on les connaît, il faut avancer collectivement pour les articuler et passer à l’échelle supérieure »

Les autres leviers sont la baisse des émissions de CO2, la protection et restauration de la nature, la réduction du gaspillage et le changement des habitudes des consommateurs.  « Il faut additionner les leviers, ne pas privilégier une voie ou une autre, afin de bénéficier des boucles de rétroaction positives. Il faut qu’à terme, tout s’ajoute et s’aligne », insiste Fanny Lange.

schéma de deloitte
Poids des cinq leviers de la transformation alimentaire durable - crédit : Deloitte

Lire aussi : Systèmes alimentaires durables : que dit le rapport du CGAAER ?

La transition permettrait une baisse des prix alimentaires mondiaux

Additionner tous ces leviers permettrait de nourrir 10 milliards de personnes en restant sous le seuil de réchauffement des 2°C. Avec une offre plus large, les prix alimentaires mondiaux baisseraient en moyenne de 16 %.

À l’horizon 2070, la production agricole mondiale dépasserait alors de 1 000 milliards de dollars le niveau qu’elle atteindrait si rien ne change, selon la modélisation. De quoi entraîner une hausse de 5 % du PIB mondial. À l’inverse, l’inaction coûterait près de 190 000 milliards de dollars sur les 45 prochaines années, notamment à cause des dommages liés au dérèglement climatique.

Lire aussi : Transition agricole : à quoi va servir Territoires Nourriciers, le nouveau fonds de la Banque des Territoires ?

Qui doit payer la transition écologique ?

La Banque mondiale estime que les investissements dans le secteur alimentaire devraient atteindre au moins 260 milliards de dollars d’ici 2030 (soit 0,2 % du PIB mondial) pour enclencher la transition. 

« La transition des systèmes alimentaires ne doit pas être réfléchie en silo vertical »

« La transition des systèmes alimentaires ne doit pas être réfléchie en silo vertical, de l’agriculteur au fournisseur ; il faut vraiment une articulation collective de l’agroalimentaire », raisonne Fanny Lange.

Lire aussi : Accélérer la transition agroécologique : que répondent les agriculteurs à Jean-Marc Jancovici ?

Ce ne sont pas les financements qui manquent, « mais il faut les flécher correctement vers la transition, que ce soit ceux du public (PAC, Green Deal en Europe) ou du privé », continue-t-elle, évoquant la grande diversité des types de financements sur la planète, « en France on raisonne avec la prime filière, en Amérique latine, les fonds à impact qui s’engagent sur les projets communautaires ont un rôle important ».  

Lire aussi : Gilles Trystram, professeur à AgroParisTech : « la transition alimentaire est une fantastique somme d’opportunités »

Ne pas prioriser, mais agir

« Nos clients nous demandent souvent quels leviers prioriser, mais il faut utiliser tous ces leviers », insiste Fanny Lange, appuyant sur la nécessité « d’agir vite ». Car ces changements se font sur un temps long, notamment l’évolution des comportements du consommateur, « déjà bien amorcée en Europe » ou les innovations. La spécialiste du développement durable appuie « cette étude est destinée à tout un écosystème, tout le monde doit s’y mettre, business, finance, distribution et institutions ! ». 

 « Tout le monde doit s’y mettre, business, finance, distribution et institutions ! »

La France, pays précurseur de la transition ?

La transition des systèmes alimentaires doit se faire au niveau mondial, mais les différentes zones ont des niveaux de maturité différents. « La France est un pays expérimental de la transformation alimentaire durable ! Le consommateur est attentif à l’environnement, tout du moins dans ses déclarations, il y a un arsenal réglementaire et des ONG bien présentes. On déploie dorénavant ailleurs des solutions mises en œuvre ici », illustre Fanny Lange. 

Accéder à l’étude complète sur le site de Deloitte

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