Conjoncture
Les AOP laitières dérangées par la Covid-19
Après un retour à la croissance en 2019, les AOP laitières ont été affectées par la crise sanitaire et la fermeture de débouchés importants en restauration. La fin 2020 s’est toutefois mieux tenue.
Après un retour à la croissance en 2019, les AOP laitières ont été affectées par la crise sanitaire et la fermeture de débouchés importants en restauration. La fin 2020 s’est toutefois mieux tenue.
En avril 2020, un mois après le début du premier confinement, la filière laitière lançait un appel à un engagement militant et une consommation solidaire pour le patrimoine fromager français, sous le nom « Fromagissons », contraction de « fromage » et « agissons ». Les commandes avaient alors baissé en moyenne pour l’ensemble des AOP et IGP laitières de 60 %. Des arrêts de fabrication et de collectes étaient constatés dans seize filières d’appellation, tandis qu’une dizaine de filières AOP témoignait de destruction de lait ou de fromages devenus impropres à la consommation. Les TPE, PME et fermiers étaient particulièrement touchés avec 70 à 100 % de réduction des ventes suivant les cas, ainsi que les opérateurs orientés sur la restauration hors domicile ou encore sur la vente directe en zone touristique. Le lait AOP ou IGP était reclassé sur des produits standards ou revendu sur le marché spot, avec des valorisations logiquement moindres.
La seconde partie de 2020 pourrait rééquilibrer l’ensemble de l’année
Sur la période du 15 mars au 30 avril 2020, cela aurait représenté une perte de chiffre d’affaires au minimum de 157 millions d’euros. Cette période difficile a été suivie par un retour à la consommation des AOP au cours de l’été 2020 et le second confinement n’a pas entraîné de chutes du même ordre. « La seconde partie de 2020 pourrait rééquilibrer l’ensemble de l’année, mais les chiffres ne nous sont pas encore remontés », indique Michel Lacoste, président du Conseil national des appellations d’origine laitières (Cnaol). La fermeture de la restauration, toujours en vigueur, reste néanmoins un manque à gagner important pour de nombreuses appellations, qui n’ont pas toutes réussi à répartir les volumes manquant sur d’autres circuits, comme la grande distribution.
Des volumes et des ventes en hausse en 2019
Pourtant, en 2019, la filière AOP avait réussi à retrouver le chemin de la croissance tant en matière de volumes commercialisés que de chiffre d’affaires. En 2019, les volumes de produits laitiers commercialisés sous AOP ont augmenté de 2,9 % à 249 130 tonnes par rapport à 2018, pour un chiffre d’affaires en progression de 5,2 % à 2,197 milliards d’euros sortie fabrication-affinage. Cette évolution positive est particulièrement vraie sur les fromages. « En dix ans, on enregistre une progression de 11,4 % des ventes de fromages AOP », constate le Cnaol. Ce sont les fromages au lait de vache qui enregistrent la plus forte progression (+13,3 %), suivis des fromages au lait de chèvre (+11 %). Seule la commercialisation de fromages au lait de brebis a régressé de 2 % depuis 2009. Ce retour à la croissance des AOP en particulier fromagères s’accompagnait d’une meilleure valorisation, traduite par une hausse des prix à la consommation. Les prix de vente des fromages ont poursuivi leur progression. En 2019, les fromages AOP se sont vendus en moyenne 5,89 euros le kilogramme de plus que ceux sans AOP, soit un prix 1,7 fois plus élevé que les autres fromages.