RSE
La consigne : un chantier encore hypothétique
Le gouvernement fait l’hypothèse de consigner les emballages à des fins de meilleure collecte ou d’amélioration énergétique. Quel que soit l’emballage concerné, la consigne implique des bouleversements.

Peut-on envisager de consigner les bouteilles en plastique ? L’idée, proposée par le gouvernement, est que le consommateur avance une certaine somme qu’il récupérerait en déposant l’emballage vide dans un dépôt spécifique. Il n’est pas question de réutiliser ces bouteilles, mais de les recycler selon un circuit particulier.
Emmanuel Vasseneix, président-directeur général de LSDH et président d’Unijus, considère « qu’on ne peut être contre l’idée de repenser la gestion des déchets, d’autant plus que les objectifs européens de récupération et de recyclage des emballages sont ambitieux ». Il admet que les performances actuelles de collecte sont médiocres. Pour autant, il invite les parties prenantes à y réfléchir à deux fois.
Seule une étude complète amènera à une décision sereine
« Seule une étude complète amènera à une décision sereine, qui de toute façon ne sera pas sans conséquence sur les consommateurs, les recycleurs et les collectivités locales », prévient-il. « En faisant l’hypothèse d’une consigne de 15 centimes, le prix d’une bouteille d’eau doublerait et le consommateur serait-il vraiment incité à rapporter la bouteille ? » interroge-t-il.
Sur le plan technique, l’embouteilleur est confiant : « on saura faire, sachant qu’aujourd’hui les bouteilles en PET contiennent 25 à 50 % de matière recyclée ». Il tient par ailleurs à ce que la décision d’introduire une consigne, si elle est prise, comprenne un temps de transition et des modalités d’adaptation pour les opérateurs.
Un vigneron provençal se lance
La consigne des bouteilles et bocaux de verre, au contraire de celle des emballages en plastique ou aluminium, a existé et survécu sous différentes formes – en Alsace en particulier. Son enjeu n’est pas celui de la collecte, déjà élevée, mais du coût énergétique très important du recyclage du verre. Dans le Var, La Consigne de Provence fait appel aux vignerons, à travers Le Cluster Provence Rosé.
L’initiative réunit des opérateurs du traitement des déchets, l’association scientifique Ecoscience Provence, Zero Waste France, la Fondation Nicolas Hulot. Elle est financée par le conseil régional Paca et l’Ademe. Bastien Vigneron est un des deux porteurs de projets d’Ecoscience Provence. « L’inscription dans une démarche de développement durable et la fidélisation de consommateurs locaux motive davantage les viticulteurs que l’augmentation du prix du verre », témoigne-t-il.
Pour l’heure, trois ou quatre distributeurs locaux de bouteilles sont en contrat avec des verriers qui sont prêts à travailler sur la qualité et l’esthétique des bouteilles réutilisables. Une entreprise viticole – La Marseillaise près de Toulon – a commencé à vendre du vin dans des bouteilles déjà utilisées. Celles-ci sont lavées en Bourgogne en attendant les financements d’une laverie locale.
Une douzaine de vignerons est intéressée par la démarche. Si l’équilibre économique de la réutilisation des bouteilles n’est pas encore établi, le bilan énergétique est encourageant. Le circuit doit diviser par quatre le coût énergétique du recyclage des bouteilles. Avec le transport jusqu’en Bourgogne, ce coût est divisé par deux.
Le comité de pilotage de la consigne est installé
Brune Poirson, secrétaire d’État chargé de la Transition écologique et solidaire, a installé en juin le comité de pilotage de la consigne. Ce comité devra définir le type d’emballages concerné (bouteilles en plastique, canettes en métal ou bouteilles en verre ?) et réfléchir aux modalités de mise en place du système. Les premières conclusions doivent être rendues mi-septembre afin d’enrichir le débat parlementaire à venir sur le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. Celui-ci comprendra une disposition pour autoriser le principe de la consigne sur le territoire.