Aller au contenu principal

Avec une taxe carbone à 201 €/t, la consommation de viande serait divisée par deux

Une étude modélise l’impact de la mise en place d’une taxe carbone sur l’alimentation, en se basant sur des données allemandes. Les conséquences seraient drastiques sur la consommation de viande, volaille, produits laitiers et œufs. La taxe rapporterait plus de 8 milliards d’euros.

des oeufs, du fromage, un steak dans un magasin sur une étagère. au premier plan, un porte monnaie explose, envoyant des € partout
Une taxe carbone à 201 €/t de Co2 conduirait à une flambée des prix de la viande rouge, et une chute de sa consommation
© Généré par l'IA

201 € la tonne équivalent carbone, c’est ce que couterait à la société les émissions de CO2 selon l’Agence fédérale allemande de l’environnement. Des chercheurs1 ont tenté de modéliser la mise en place d’une telle taxe carbone en Allemagne, et ses conséquences sur la consommation de protéines animales ; leur étude est publiée dans Food Policy. 

Lire aussi : Bruxelles envisage des crédits nature pour récompenser les agriculteurs

Hausse des prix des produits animaux

Avec une telle taxe à 201 €/t CO2, les prix des produits animaux augmenteraient plus ou moins selon leurs émissions. 

 Montant de la taxe CO2
Bœuf 4,36 €/kg
Porc0,93 €/kg
Volaille0,54 €/kg
Mouton4,02 €/kg
Fromage2,44 €/kg
Œufs 0,43 €/kg

En tenant compte de l’élasticité prix de la demande, différente pour chaque produit, et étudiée sur une base de données de consommation de 60 000 ménages allemands, les auteurs concluent à des baisses plus ou moins forte de la consommation.

Chute de la consommation de boeuf, la volaille résiste mieux

Bœuf -53,3 %
Porc-15,3 %
Volaille-7,2 %
Autres viandes-33,5 %
Œufs et produits laitiers-18,1 %

Des chiffres très percutants, qui ne sont pourtant qu’une estimation basse puisque seulement basés sur les achats des ménages pour la consommation à domicile et ne comprenant pas les évolutions des dépenses en restauration. 

Les auteurs appuient sur la nécessité de taxer le consommateur et non le producteur pour que les importations ne soient pas avantagées, même si les filières pourraient alors faire le choix de maintenir leur production mais de se diriger vers l’export. C’est pour cela que cette taxe ne serait efficace qu’au niveau européen. Les auteurs précisent qu'ils n'ont pas tenu compte des disponibilités en alternatives végétales dans leurs études, les effets de report pourraient être moins forts faute d'offre. 

Lire aussi : Le Danemark s’apprête à taxer les élevages, une première mondiale

8,2 milliards d'euros à redistribuer

Cette taxe conduirait à une baisse des émissions annuelles du secteur agricole allemand de plus de 15,3 millions de tonnes de CO2eq, soit environ 22,5% des émissions actuelles. Elle rapporterait plus de 8,2 milliards d’euros, qui pourraient potentiellement être utilisés pour atténuer les effets régressifs de la taxe sur les ménages à faibles revenus, par exemple à travers un mécanisme de compensation forfaitaire par habitant.

A l’heure actuelle, si la taxe carbone est parfois évoquée dans les discussions politiques, aucun pays de l'a mise en place, ni n’a évoqué de tels montant. Avec une taxe carbone à 30 €/kg ; les conséquences seraient moins dramatiques sur les produits animaux.

Bœuf -8 %
Porc-2,3 %
Volaille-1,1 %
Autres viandes-5,0 %
Œufs et produits laitiers-2,7 %

L’élevage bovin et ovin pourrait aussi objecter par la non prise en compte de ses externalités positives, notamment sur la biodiversité. 

1 Julian Schaper, Max Franks, Nicolas Koch, Charlotte Plinke, Michael Sureth

Consulter l’article scientifique (en anglais)

Climat: l'agriculture «peu tarifée» comparativement aux autres secteurs 

Dans un rapport paru en janvier sur la « neutralité carbone », la direction générale du Trésor (ministère de l'Économie) souligne que, en France, « les externalités climatiques de l’agriculture sont peu tarifées aujourd’hui », comparativement à d'autres secteurs de l'économie. Cela est dû à l'absence « totale » de tarification sur ses émissions non-énergétiques (contrairement par exemple à l'industrie) et à la présence de taux réduits sur les émissions énergétiques (cas du GNR). Si bien que les émissions des exploitations agricoles sont tarifées au niveau de 5 €/t CO2eq, contre 91 €/t CO2eq en moyenne dans l'économie française. Dans ce même rapport, la DG Trésor conclut que la tarification des émissions de GES agricoles « pourrait être efficace ».  Par Agra Presse

Les plus lus

vache charolaise dans un pré
La vache lait O dépasse les 5 €/kg, les prix des jeunes bovins se calment

Les prix des bovins ont gagné 14,5 % en un an, et la hausse pourrait bien continuer, car si les prix des JB semblent marquer…

LES ÉTATS-UNIS PREMIER EXPORTATEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE, infographie parue dans Les Marchés Mag de juin 2023
États-Unis : ce qu'il faut savoir du premier exportateur agricole et agroalimentaire en une infographie

Leader du marché mondial agricole et agroalimentaire, qu'est ce qu'exportent les États-Unis ? Quelles sont les productions…

oncle sam reçoit des dollars, vue en contre plongée
Droits de douane des États-Unis : quelles perspectives pour les échanges agricoles

Le président américain a annoncé, comme prévu, le 2 avril, une volée de droits de douane qui n’épargnent aucun pays ni aucun…

agneaux et brebis en bergerie
Les prix des agneaux de nouveau au-dessus de 10 €/kg, des records probables pour Pâques

Les prix des agneaux progressent de nouveau, à un mois de Pâques, temps fort de consommation de la viande ovine, qui résiste…

des poules oranges
Prix des poules de réforme – Cotation réalisée le 28 mars 2025

La CPP (Cotation poule pondeuse) est publiée dans Les Marchés le lundi reflète les prix de la semaine précédente. La CPR (…

Graines de soja dans des mains
Risques liés aux isoflavones : pourquoi l’Anses recommande d’éviter les aliments à base de soja en restauration collective

L’Anses recommande ce 23 mars de ne pas servir d’aliments à base de soja en restauration collective pour éviter une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio