Avec une taxe carbone à 201 €/t, la consommation de viande serait divisée par deux
Une étude modélise l’impact de la mise en place d’une taxe carbone sur l’alimentation, en se basant sur des données allemandes. Les conséquences seraient drastiques sur la consommation de viande, volaille, produits laitiers et œufs. La taxe rapporterait plus de 8 milliards d’euros.
Une étude modélise l’impact de la mise en place d’une taxe carbone sur l’alimentation, en se basant sur des données allemandes. Les conséquences seraient drastiques sur la consommation de viande, volaille, produits laitiers et œufs. La taxe rapporterait plus de 8 milliards d’euros.
![des oeufs, du fromage, un steak dans un magasin sur une étagère. au premier plan, un porte monnaie explose, envoyant des € partout](https://medias.reussir.fr/lesmarches/styles/normal_size/azblob/2025-01/_2a16d0d1-e190-43ef-84f3-d46a79ebcc6b.jpg.webp?itok=5BtGmNO8)
201 € la tonne équivalent carbone, c’est ce que couterait à la société les émissions de CO2 selon l’Agence fédérale allemande de l’environnement. Des chercheurs1 ont tenté de modéliser la mise en place d’une telle taxe carbone en Allemagne, et ses conséquences sur la consommation de protéines animales ; leur étude est publiée dans Food Policy.
Lire aussi : Bruxelles envisage des crédits nature pour récompenser les agriculteurs
Hausse des prix des produits animaux
Avec une telle taxe à 201 €/t CO2, les prix des produits animaux augmenteraient plus ou moins selon leurs émissions.
Montant de la taxe CO2 | |
Bœuf | 4,36 €/kg |
Porc | 0,93 €/kg |
Volaille | 0,54 €/kg |
Mouton | 4,02 €/kg |
Fromage | 2,44 €/kg |
Œufs | 0,43 €/kg |
En tenant compte de l’élasticité prix de la demande, différente pour chaque produit, et étudiée sur une base de données de consommation de 60 000 ménages allemands, les auteurs concluent à des baisses plus ou moins forte de la consommation.
Chute de la consommation de boeuf, la volaille résiste mieux
Bœuf | -53,3 % |
Porc | -15,3 % |
Volaille | -7,2 % |
Autres viandes | -33,5 % |
Œufs et produits laitiers | -18,1 % |
Des chiffres très percutants, qui ne sont pourtant qu’une estimation basse puisque seulement basés sur les achats des ménages pour la consommation à domicile et ne comprenant pas les évolutions des dépenses en restauration.
Les auteurs appuient sur la nécessité de taxer le consommateur et non le producteur pour que les importations ne soient pas avantagées, même si les filières pourraient alors faire le choix de maintenir leur production mais de se diriger vers l’export. C’est pour cela que cette taxe ne serait efficace qu’au niveau européen. Les auteurs précisent qu'ils n'ont pas tenu compte des disponibilités en alternatives végétales dans leurs études, les effets de report pourraient être moins forts faute d'offre.
Lire aussi : Le Danemark s’apprête à taxer les élevages, une première mondiale
8,2 milliards d'euros à redistribuer
Cette taxe conduirait à une baisse des émissions annuelles du secteur agricole allemand de plus de 15,3 millions de tonnes de CO2eq, soit environ 22,5% des émissions actuelles. Elle rapporterait plus de 8,2 milliards d’euros, qui pourraient potentiellement être utilisés pour atténuer les effets régressifs de la taxe sur les ménages à faibles revenus, par exemple à travers un mécanisme de compensation forfaitaire par habitant.
A l’heure actuelle, si la taxe carbone est parfois évoquée dans les discussions politiques, aucun pays de l'a mise en place, ni n’a évoqué de tels montant. Avec une taxe carbone à 30 €/kg ; les conséquences seraient moins dramatiques sur les produits animaux.
Bœuf | -8 % |
Porc | -2,3 % |
Volaille | -1,1 % |
Autres viandes | -5,0 % |
Œufs et produits laitiers | -2,7 % |
L’élevage bovin et ovin pourrait aussi objecter par la non prise en compte de ses externalités positives, notamment sur la biodiversité.
1 Julian Schaper, Max Franks, Nicolas Koch, Charlotte Plinke, Michael Sureth
Consulter l’article scientifique (en anglais)
Climat: l'agriculture «peu tarifée» comparativement aux autres secteurs
Dans un rapport paru en janvier sur la « neutralité carbone », la direction générale du Trésor (ministère de l'Économie) souligne que, en France, « les externalités climatiques de l’agriculture sont peu tarifées aujourd’hui », comparativement à d'autres secteurs de l'économie. Cela est dû à l'absence « totale » de tarification sur ses émissions non-énergétiques (contrairement par exemple à l'industrie) et à la présence de taux réduits sur les émissions énergétiques (cas du GNR). Si bien que les émissions des exploitations agricoles sont tarifées au niveau de 5 €/t CO2eq, contre 91 €/t CO2eq en moyenne dans l'économie française. Dans ce même rapport, la DG Trésor conclut que la tarification des émissions de GES agricoles « pourrait être efficace ». Par Agra Presse