Certification
Iso 50001 : avantages et inconvénients
La certification Iso 50001 est attribuée aux entreprises et sites de transformations des viandes engagés dans les progrès continus dans la gestion énergétique. Quelques témoignages de ses avantages humains, économiques et commerciaux.
« Contrairement au bilan énergétique obligatoire, effectué tous les quatre ans, la certification Iso 50001 entretient un cercle vertueux », argumente Daniel Cappe, vice-président de l’Association technique énergie environnement (ATEE), qui promeut cette norme de gestion de l’énergie. « C’est tout un mécanisme qui porte à poser des questions, à s’entretenir avec la direction. Sans quoi on a vite fait de retomber dans l’opérationnel », explique-il. « Le mécanisme repose sur une sensibilisation de tous, sur une organisation qui va profiter à l’entreprise, poursuit-il. Le travail de réflexion s’appuie sur une méthodologie. On suit ce qui se passe, on repère les potentiels d’économie, on rassemble des éléments concrets qui vont permettre d’établir des pistes sérieuses et de passer à l’action. » « C’est un préambule à des investissements bien choisis », conclu-t-il. ATEE a lancé en 2016 le programme Pro-SMEn de soutien à la mise en œuvre d’un système de management conforme à la norme Iso 50001. EDF a soutenu des industries des viandes à travers ce programme, en les subventionnant à hauteur de 20% de leur facture énergétique (dans la limite de 40 000 € hors taxes) par les Certificats d’économies d’énergie (CEE). Ce programme a été reconduit l’été 2019 jusqu’en 2021.
Un intéressement à Castel Viandes
Castel Viandes (SAS Viol Frères) et l’abattoir Bernard du groupe Jean Floch ont bénéficié de ce programme. Antoine Duvinage, directeur qualité, environnement et méthodes à Castel du groupe Viol-Castel, apprécie les bienfaits humains de la certification Iso 50001. Celle-ci a été obtenue en septembre 2018 et renouvelée en septembre 2019 pour le site d’abattage et découpe de Châteaubriant (Loire-Atlantique), elle devrait être obtenue pour la plateforme logistique du groupe en avril 2020. « Au départ nous avons voulu mesurer l’incidence d’un certain nombre de mesures d’économie bien compréhensibles de tous. Fermer systématiquement les portes des chambres froides, par exemple, c’est comme éteindre la lumière du couloir chez soi », illustre Antoine Duvinage. Peu à peu tous les salariés se sont impliqués, chacun est devenu attentif. Et aujourd’hui une partie de leur intéressement se calcule sur les économies mesurées. « L’entreprise a 350 salariés. Les bonnes pratiques ont une répercussion importante sur la facture énergétique », informe le directeur méthodes. Il confie qu’en outre, les lourds investissements réalisés en parallèle de la certification ont été largement subventionnés.
Un atout dans les appels d’offre
L’abattoir Bernard à Loudeac (Côtes d’Armor), le plus important du groupe Jean Floch, est certifié depuis 2015. Yohan Le Ny, responsable énergie de ce site, confirme également des avantages économiques et humains. Il souligne aussi l’atout de la certification dans les appels d’offres des distributeurs et de la restauration. « L’aspect environnement est de plus en plus demandé », témoigne-t-il.
Le groupe Cooperl, de son côté, a deux échelons de certification : celui de l’ensemble du groupe pour intégrer les problématiques environnementales au niveau du management et celui des sites (trois sont certifiés depuis celui de Saint-Maixent, en 2014). La certification aide à un processus long. « Après avoir étudié toutes les solutions techniques, il faut chiffrer puis surveiller le retour sur investissements », résume Clément Mauboussin, coordinateur de la cellule maîtrise des dépenses énergétiques.
A LDC, un système de management efficace
La complexité administrative de la certification Iso 5001 peut être un frein. Ainsi le groupe volailler LDC avait fait certifier sa démarche SME (Système de management de l’énergie) sitôt que l'Iso 50001 était sortie. Il a aussi bénéficié de l’effet de levier des CEE. Mais aujourd’hui les sites certifiés reviennent à la démarche de performance énergétique interne initiale. Alain Reynaud, premier directeur technique et projets de LDC vante des « outils pragmatiques », de GMAO (Gestion de maintenance assistée par ordinateur) et GTC (Gestion technique centralisée) « qui permettent de mesurer et garantir la performance des installations ». « Les audits énergies permettent de recenser les pistes d'améliorations et de les hiérarchiser au regard du taux de rentabilité interne », explique le responsable de LDC.
Une démarche et un certificat
La démarche Iso 50001 donne un cadre à la mise en œuvre d'un système de gestion optimale de l'énergie. Sa version 2108 a une structure similaire aux autres normes, notamment la norme environnementale Iso 14001. Processus d’amélioration continue, l’Iso 50001 sert à élaborer une politique pour une utilisation plus efficace de l’énergie, à fixer des cibles et des objectifs, à recueillir des données utiles, à fixer des cibles et des objectifs, et enfin à examiner la politique et la faire évoluer. Nul n’est besoin d’aller jusqu’à la certification. Dans le cas d’une certification, celle-ci se renouvelle chaque année par un organisme indépendant.