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Ferrero investit 38,5 millions d’euros dans son usine française

Le groupe italien a ouvert les portes de son site de Villers-Écalles, en Normandie, qui fabrique un quart des pots de Nutella commercialisés dans le monde. Il veut y construire un bâtiment de stockage, qui pourrait permettre la création d’une nouvelle ligne de production. Reportage.

C’est en présence du secrétaire d’État chargé de l’Industrie, Christophe Sirugue, que Ferrero France a présenté le 27 janvier son projet de modernisation du site de Villers-Écalles (Seine-Maritime). Un investissement de 38,5 millions d’euros, uniquement supporté par l’entreprise. « Les travaux s’effectueront petit à petit entre 2017 et 2021, car vous comprendrez qu’on ne puisse pas arrêter pendant une semaine l’usine qui fabrique 25 % du Nutella consommé sur la planète », fait remarquer Michel Etcheberrigaray, directeur général de Ferrero France chargé du site industriel de Villers-Écalles, arrivé dans le groupe en juin dernier. « C’est un évènement majeur pour l’usine. Il n’y avait pas eu de tel projet ici depuis 1995, avec l’arrivée de Kinder Bueno », ajoute-t-il.

Capacité de 15 600 palettes

L’investissement portera, d’une part, sur la construction d’un nouveau bâtiment de stockage, pour 25 millions d’euros environ. D’une surface de 6 500 m2, il sera dédié aux emballages et aux produits finis, et disposera d’une capacité de 15 600 palettes, contre 9 600 palettes actuellement. Une enveloppe de 13 millions d’euros environ sera, d’autre part, allouée à la modernisation de l’usine et de ses équipements de réception. Aucune augmentation des volumes de production n’est associée à ce projet. « L’objectif est d’anticiper la complexification de notre portefeuille liée à la concentration de la grande distribution », explique Michel Etcheberrigaray.

Ce nouveau magasin de stockage devrait permettre de libérer de l’espace dans l’usine pour l’aménagement d’une nouvelle ligne de production. Rien n’est arrêté pour le moment concernant la production de cette future ligne, « cela dépendra du marché et de la stratégie internationale du groupe Ferrero », confie le directeur général, qui n’exclut aucun produit.

33 % de l’activité à l’export

Construite dans les années 1960, l’usine de Villers-Écalles est la seule unité de production du groupe en France. Elle fabrique 800 000 pots de Nutella par jour, « en les mettant bout à bout, cela représente la distance Rouen-Le Havre », se plaît à illustrer Michel Etcheberrigaray, et 2,7 millions de barres Kinder Bueno, « soit la distance Rouen-Paris ». Ces produits se retrouvent sur le marché français, mais aussi au Portugal, en Espagne, au Benelux et au Royaume-Uni.

Même si la consommation de Nutella est stable en France, la production du site normand a augmenté de 6 % en cinq ans, tirée par l’export, qui représente un tiers de l’activité du site et a progressé de 14 % sur la même période. L’usine possède quatre lignes pour Nutella : une pour les pots de 1 kilogramme et une pour les pots de 750 grammes, qui fabriquent à elles deux 65 % des volumes, une ligne pour ceux de 400 grammes et une pour les 200 grammes. L’usine ne compte qu’une ligne de fabrication pour Kinder Bueno et sept machines de conditionnement. 60 % des Kinder Bueno sont conditionnés pour la grande distribution, et 40 % en étui carton de 30 par deux pour la vente à emporter.

L’usine tourne en routine cinq jours sur sept en trois-huit, et avec des équipes le week-end environ un tiers de l’année. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 57 millions d’euros pour son dernier exercice, de septembre 2015 à septembre 2016. Les deux tiers de sa production sont destinés à Ferrero France Commerciale, l’entité du groupe en France qui regroupe le siège, les entrepôts et la force de vente, le reste étant expédié à l’export. Le chiffre d’affaires de Ferrero en France est quant à lui de 1,24 milliard d’euros, incluant le Nutella et les Kinder Bueno fabriqués à Villers-Écalles, mais aussi tous les autres produits du groupe fabriqués à l’étranger.

Si Ferrero a ouvert les portes de son usine à la presse et aux politiques le 27 janvier, le groupe s’est bien gardé de montrer certaines étapes clés de son processus de fabrication, notamment la préparation de la célèbre pâte à tartiner. Son secret réside en partie dans le choix des ingrédients, dont 60 % sont d’origine française. Le sucre est issu de betteraves cultivées en France et le lait à 60 % de production française. Le cacao provient d’Afrique de l’Ouest et d’Équateur et est certifié durable à 44 % par UTZ avec un objectif de 100 % pour 2020. Il arrive directement en poudre à l’usine. L’huile de palme, certifiée 100 % durable depuis 2014 par RSPO, provient principalement de Malaisie, mais aussi d’Indonésie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Quant aux noisettes – Ferrero utilise 33 % de la production mondiale de noisettes –, elles proviennent principalement de Turquie et d’Italie. Elles arrivent entières et sans leur coque au port du Havre, et sont ensuite torréfiées à Villers-Écalles par trois torréfacteurs. « C’est aussi ça la recette Ferrero, partir de matières premières brutes et les transformer nous-mêmes », commente Michel Etcheberrigaray. Le groupe possède d’ailleurs huit plantations de noisettes dans le monde et a créé six usines de transformation.

Ferrero explore différentes pistes de croissance

Réalisant 10,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans 53 pays et étant leader en Allemagne, Italie et France, le troisième groupe mondial de confiserie et chocolaterie cherche sa croissance hors d’Europe, notamment aux États-Unis ou en Chine. Il a d’ailleurs installé il y a un an et demi une usine Kinder, à Hangzhou, près de Shanghai. Le groupe familial mise aussi sur la croissance externe. Après avoir sécurisé une partie de ses approvisionnements en noisettes par le rachat du Turc Oltan en 2014, il a croqué le chocolatier britannique Thorntons Plc en août 2015. Plus récemment, l’an dernier, Ferrero a annoncé l’acquisition du Belge Delacre, lui permettant de mettre un pied dans les biscuits haut de gamme.

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