Agroalimentaire : quelles filières françaises ont le plus à perdre des droits de douanes de Trump ?
Les États-Unis, s’ils sont les premiers exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires dans le monde, n’en sont pas moins un partenaire privilégié des filières françaises. La guerre commerciale avec la hausse des droits de douanes annoncée par Donald Trump est une menace pour les filières françaises des vins et spiritueux, de l’épicerie et des produits laitiers.
Les États-Unis, s’ils sont les premiers exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires dans le monde, n’en sont pas moins un partenaire privilégié des filières françaises. La guerre commerciale avec la hausse des droits de douanes annoncée par Donald Trump est une menace pour les filières françaises des vins et spiritueux, de l’épicerie et des produits laitiers.
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Avec 5,42 milliards d’euros en 2023, les États-Unis étaient la sixième destination des exportations françaises de produits agricoles et alimentaires. C’est notre second client hors UE, derrière le Royaume-Uni (6,29 milliards d’euros) mais devant la Chine (3,72 milliards d’euros), d'aprè FranceAgriMer.
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Une nouvelle guerre commerciale avec les États-Unis ?
« L'Union européenne est très mauvaise pour nous. Elle ne va pas pouvoir éviter des droits de douane » a prévenu Donald Trump au lendemain de son investiture. Entre l’Union européenne et les États-Unis, il y a un déficit commercial de 150 milliards d’euros en faveur du vieux continent.
« L'Union européenne est très mauvaise pour nous. Elle ne va pas pouvoir éviter des droits de douane »
De plus Donald Trump assume sa politique protectionniste et n’hésite pas à assommer de droits de douane les pays qui ne lui cèdent pas, comme on vient de le voir avec la Colombie. Si les relations se détériorent avec l’UE, et les risques sont forts notamment avec les règlements européens sur les nouvelles technologies, on peut s’attendre à un arsenal de représailles douanières déployé par le 47éme président des États-Unis. Aucun décret n’a été pour le moment signé dans le sens d’une hausse de 10 à 20 % des droits de douanes en provenance de l’Union européenne, comme annoncé par le locataire de la Maison Blanche durant sa campagne, la date du 1er avril est évoquée.
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Des exportations françaises vers les USA plus dynamiques en 2024
2,4 milliards d’euros de vins, spiritueux et autres boissons et 1,3 milliard d’euros de produits alimentaires transformés, les exportations françaises de produits agricoles et alimentaires vers les États-Unis en 2023 ont un peu reculé comparé à 2022. Le pays de Donald Trump représentait environ 6 % du chiffre d’affaires export de l’agroalimentaire de la France. Sur 2024, les données ne sont pas encore disponibles pour l’ensemble de l’année mais la tendance était à un rebond des échanges. A noter que si la France pâtit des droits de douane en 2025, ses concurrents (Italie pour les vins et Irlande pour les produits laitiers notamment) seront logés à la même enseigne.
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Les vins et spiritueux portent les exports français vers les États-Unis
Les États-Unis ont acheté pour 2,52 milliards d’euros de vins, spiritueux et autres alcools à la France en 2022, puis 2,36 milliards d’euros en 2023, selon les données des Douanes françaises. Un retour à des niveaux plus normaux qui fait suite à de bonnes années de reconstitution des stocks à la suite de la période du Covid où les approvisionnements du pays avaient ralenti, précise FranceAgriMer. La baisse du pouvoir d’achat liée à l’inflation a aussi pesé sur les échanges. Les États-Unis sont les premiers acheteurs de vins et spiritueux français. Ce seul pays pèse pour plus de 20 % de nos exportations. Le cognac a une place prépondérante parmi nos exportations, devançant le champagne en valeur. Toujours en valeur, les principaux vins exportés vers les États-Unis sont les Bordeaux, puis les Bourgogne et les vins du Val de Loire.
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Les produits d’épicerie sont aussi concernés
Grande catégorie douanière, celle des produits d’épicerie qui rassemblent de nombreux produits agroalimentaires (chocolats, confiseries, produits de boulangerie, pâtisserie et biscuiterie…) et dont les exportations vers les États-Unis ont cumulé 732 millions d’euros en 2023. C’est notre deuxième débouché pays-tiers derrière le Royaume-Uni (1,5 milliard d’euros) mais seulement notre sixième client si l’on compte les échanges intracommunautaires. En 2023, les États-Unis pesaient autant que les Pays-Bas pour ces produits.
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Les produits laitiers, autre filière tournée vers les États-Unis
Avec environ 300 millions de dollars en 2023, les États-Unis sont les troisièmes acheteurs non européens de produits laitiers français, derrière la Chine et le Royaume-Uni. Là encore, si l’on prend en compte les échanges intracommunautaires, les États-Unis se placent au huitième rang à part égale avec le Luxembourg. La France est le troisième fournisseur des USA, mais occupe le deuxième rang pour les fromages (avec 12 % des parts de marchés dans les importations) et les yaourts (avec 37 % des parts de marchés dans les importations).
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Les fromages à pâte molle dynamiques vers les USA
Ce sont bien sûr les fromages qui dominent nos envois de produits laitiers vers les États-Unis. Ils étaient particulièrement dynamiques en 2024 puisque les données des Douanes indiquent 203 millions d'euros sur onze mois, contre 196 millions d'euros sur toute l’année 2023. La France a notamment exporté pour 115 millions d’euros de fromages à pâte molle sur 11 mois de 2024 (95 millions d'€ en 2023) et 82 millions d’euros de pâtes pressées non cuites (contre 65 en 2023) A noter aussi 44 millions d’euros de yoghourts et 29 millions d’euros de beurre en 11 mois.
La France a aussi exporté en 2023 pour 87 millions d’euros de fruits et légumes, notamment des échalotes, 32 millions d’euros d’animaux vivants (et génétique), 23 millions de produits de la pêche et de l’’aquaculture, 9 millions d’euros de sucre et 401 millions d’euros d’autres produits agricoles et alimentaires, y compris semences et plants.
L’UE exporte vins et huile d’olive vers les USA
Sur les dix premiers mois de 2024, les exportations européennes de produits agricoles et alimentaires vers les États-Unis ont atteint 25,1 milliards de dollars, soit 13 % du total des envois communautaires. Elles progressaient de 11 % sur un an et sont surtout constituées de vins et spiritueux, préparations de céréales, olives et huiles d’olives. A l’inverse, les États-Unis sont le quatrième fournisseur de l’UE, derrière le Brésil, le Royaume-Uni et l’Ukraine.