Abattoirs prestataires
Abattoirs prestataires de service : « Il faut que les projets rentrent dans les budgets »
Le président de la Fédération nationale des exploitants d’abattoirs prestataires de service (Fneap) Jean-François Hein et son directeur général André Eloi croient au partage des intérêts des éleveurs et bouchers autour des outils.
Le président de la Fédération nationale des exploitants d’abattoirs prestataires de service (Fneap) Jean-François Hein et son directeur général André Eloi croient au partage des intérêts des éleveurs et bouchers autour des outils.
Viande Mag’ : Le maintien de certains abattoirs prestataires de services fait débat dans les départements. Quels motifs à les maintenir voyez-vous ?
Jean-François Hein : Je donne en exemple mon abattoir de Sarrebourg. Il fait tenir à travers l’élevage, tout un pan de l’économie locale de Moselle. Il attire jusqu’à 120 km à la ronde. Dans le cadre de l’aménagement territorial du maillon abattage, ce type d’abattoir est indispensable.
André Eloi : La réorganisation pose souci quand il n’y a plus assez d’opérateurs commerciaux « solides » impliqués dans le fonctionnement de l’outil. Jusqu’en 2010 de nombreux outils ont fermé, publics ou privés d’ailleurs. Désormais je pense que le développement de commercialisation des viandes en filière courte change la donne. On s’aperçoit que dans de nombreux projets des éleveurs peuvent être porteurs et acteurs de projets. On peut comprendre qu’ils prennent en charge la gouvernance directe de plusieurs abattoirs justifiée notamment par une diminution des temps de transport des animaux dans le cadre du bien-être animal.
VM-LMH : Certaines formes juridiques sont-elles particulièrement adaptées à la gestion d’un abattoir prestataire de services ?
A. E. : Les abattoirs exploités sous la forme de SCIC se développent ces dernières années. Ce statut juridique permet de rassembler les opérateurs autour d’un outil : les salariés, les utilisateurs, les collectivités… Tout le monde participe directement au fonctionnement. Chacun a intérêt à maintenir l’outil en bonne santé technique et économique.
VM-LMH : Il semble que l’appel d’offres porte l’intention de favoriser les investissements pour le bien-être animal. Il suffit d’un projet juste supérieur à 10 000 euros pour être éligible au plan. Et la formation peut faire partie de ce budget.
A. E. : C’est vrai que le bien-être animal est un critère incontournable d’accès au plan d’aide. Mais il faut rappeler que le plan ne vise pas à rendre les outils conformes à la réglementation. Il vise à développer ou à améliorer le fonctionnement de l’établissement sur les plans sanitaire, du bien-être animal, de la réduction de la pénibilité pour les opérateurs. Il faut que ça apporte un plus. Nous, Fneap, incitons fortement à la formation au bien-être animal et à des audits sur le fonctionnement réel de l’abattoir. Il faut mettre en pratique la formation au bien-être animal sur le terrain, et aussi développer les compétences de tous les encadrants intermédiaires. Oui, il y aura un pourcentage non négligeable de demande d’aides pour les formations au bien-être animal et à l’amélioration des équipements.
J.-F. H. : Il faudra se demander à quel titre l’installation de la vidéo incite au bien-être animal. Dans mon abattoir c’est un outil pédagogique.
L’abattoir mobile est un non-sens économique
VM-LMH : Quid des abattoirs mobiles ?
J.-F. H. : L’abattoir mobile est un non-sens économique. Quand on voit ce que ça coûte ! Et combien de bêtes on y abat. Ça va coûter une fortune. Un abattoir mobile ne peut fonctionner que subventionné. Comment vont-ils gérer les déchets et les effluents ? Pas évident pour l’environnement.
VM-LMH : Les abattoirs prestataires de services vont-ils capter une bonne part de l’enveloppe de ce plan de relance ?
J.-F. H. : Ça dépend de la vitesse à laquelle nos abattoirs vont déposer les dossiers et du temps d’acceptation par FranceAgriMer. Il faut noter que le plan offre 40 % de l’investissement ; qu’il reste 60 % à charge. On peut leur recommander d’être économes. Il faut que les projets rentrent dans les budgets.
Nous allons pouvoir créer ces fameuses filières alimentaires locales
A. E. : Le projet doit être le fruit d’un bon raisonnement technique, économique et financier. Les administrations régionales débroussailleront les dossiers en amont. Et il y aura, le cas échéant, un comité de suivi national à travers FranceAgriMer.
J.-F. H. : Enfin nous allons pouvoir créer ces fameuses filières alimentaires locales en développant la performance et la qualité dans nos outils.