Prospective
D'ici 2030, décroissance pour la viande, pas pour la volaille
Entre pression environnementale et changement sociétal, le marché de la viande pourrait être malmené dans l’Union européenne lors des dix prochaines années. Seule la volaille semble pouvoir échapper au marasme.
Entre pression environnementale et changement sociétal, le marché de la viande pourrait être malmené dans l’Union européenne lors des dix prochaines années. Seule la volaille semble pouvoir échapper au marasme.
La Commission européenne a publié ses perspectives pour la prochaine décennie. Après des années de croissance, la production de viande devrait se tasser en 2030, pour se retrouver 2,3 % sous son niveau de 2020, alors que la durabilité s’impose dans les politiques et la société. La consommation devrait aussi évoluer, et entre nouvelles habitudes (flexitarisme, voire véganisme) et une population vieillissante, qui a tendance à consommer moins de protéines, elle devrait passer de 68,7 kg par habitant en 2020 à 67,6 kg en 2030. Côté production, la tendance est aussi à la baisse : -8,3 % en dix ans pour la viande bovine, -4,6 % pour la viande porcine. La viande ovine pourrait en revanche se maintenir. Les exportations de bovins vifs devraient se tarir avec la prise en compte du bien-être animal, au bénéfice de celles de viande bovine, notamment vers le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est. Si l’Union européenne doit rester leader pour l’export de viande porcine (38 % du marché mondial), nos envois ne devraient plus progresser. Côté prix, la tendance devrait être à un tassement en viande bovine dans les prochaines années, sous l’effet de fortes disponibilités en Amérique du Nord comme du Sud, puis d’un raffermissement par la suite. Tout laisse à penser que le marché du porc devrait rester déprimé à court terme, avant de se ressaisir sous l’effet d’une baisse de l’offre pour atteindre environ 1600 €/t en 2030.
La volaille se distingue
La volaille est la seule catégorie attendue en croissance, avec une production qui pourrait progresser de 4,6 % en dix ans, soit 620 000 tonnes supplémentaires, notamment grâce à des investissements importants qui tablent sur les coûts de production avantageux en Europe de l’Est et des prix en hausse. Comme le consommateur perçoit la volaille comme un produit sain, la demande intérieure devrait rester bien orientée, et atteindre 24,6 kg par habitant en 2030, 1,2 kg de plus qu’en 2020. Il est probable que les consommateurs qui s’étaient tournés vers la volaille aux dépens du porc quand les prix avaient monté avec la peste porcine ne reviennent pas vers le porc. Les échanges internationaux devraient rester dynamiques. L’Europe devrait continuer d’importer des filets, et exporter les morceaux les moins demandés (comme les ailes vers l’Asie par exemple). Mais la concurrence avec le Brésil est attendue féroce et l’Union pourrait perdre des parts de marché (de 16,2 % du marché mondial en 2020 à 15 % en 2030).