Aller au contenu principal

Stratégie
Pourquoi le groupe Avril veut céder ses activités œuf et porc

La partie industrielle d’Avril va se concentrer sur la transformation des graines oléagineuses. Le groupe va céder les œufs Matines, les ovoproduits Ovoteam ainsi que l’abattoir Abera et ses parts au capital du grossiste Porcgros.

L’équilibre économique du groupe Avril, entre agro-industrie, biocarburants, alimentation animale, alimentation humaine et finance, se passera à l’avenir de l’œuf et de la viande porcine. En effet, le géant agroalimentaire français a annoncé, en dévoilant ses résultats financiers de 2020 et orientations stratégiques le 13 avril 2021, son intention de se défaire des productions animales et du commerce de produits animaux – l’œuf coquille, les ovoproduits, la viande de porc – afin de se recentrer sur le tout végétal. En conséquence, le pilier de l’alimentation humaine sera constitué essentiellement des condiments (huiles alimentaires, mayonnaises), ainsi que des ingrédients protéiques issus de graines de colza, en développement.

Matines et Ovoteam proposés à la vente

Les activités œuf d’Avril pèsent considérablement sur le marché français. Ce sont, d’une part, le conditionnement d’œufs coquille, sous les marques Matines, Mas d’Auge en haut de gamme, plus des marques régionales ; d’autre part, la transformation primaire et secondaire des œufs en ovoproduits, sous la marque Ovoteam. Les activités d’Avril dans la viande de porc sont représentées par l’outil d’abattage et de découpes Abera et par la participation majoritaire d’Avril au capital du grossiste-découpeur Porcgros, dans le pavillon du porc au Min de Rungis qui commercialise notamment la marque Cochon des halles.

Les ovoproduits sont des activités tout à fait lucratives

La cession prochaine des activités de l’œuf étaient-elles déjà en germe dans le plan de réorganisation de Matines présenté en mars 2020 ? La fermeture de quatre sites de conditionnement, n’en laissant que trois aujourd’hui, le laisse supposer. Pour autant, Avril investit 3,4 millions d’euros sur le site de conditionnement de Naizin (Morbihan). L’objectif était d’améliorer la compétitivité de l’activité et d’accélérer l’offre alternative d’œufs (au sol, en plein air, biologique).

Avril souffre d’avoir misé sur l’œuf standard de poules élevées dans les nouvelles cages collectives. Jean-Philippe Puig, gérant d’Avril SCA, déclarait dans le rapport d’activité 2019-2020 : « Nous croyons plus que jamais au potentiel de cette filière, aux côtés de nos éleveurs. » Le 13 avril 2021, il ne s’est pas dédit : « On est en train de redresser la branche œufs, c’est vrai que c’est difficile, c’est vrai que, globalement, on avait un modèle qui n’était pas en ligne avec l’attente du consommateur, on est en train de le faire bouger, on a annoncé un certain nombre de restructurations, on continue à investir sur un certain nombre de sites. »

« Ce qui est vrai pour l’œuf coquille n’est pas vrai pour l’œuf transformé, les ovoproduits sont des activités tout à fait lucratives », a-t-il affirmé (même si Ovoteam a souffert en 2020 du ralentissement de la restauration pour cause de restrictions sanitaires). Aucun repreneur potentiel n’est en vue ou déclaré. « Nous n’avons pas de contrainte de temps concernant le projet de cessions, souligne la directrice de la communication Béatrice Germain. Le groupe prendra le temps nécessaire pour trouver des partenaires capables d’accompagner le développement de ces activités », relève-t-il.

Quant aux activités dans la viande porcine, Philippe Puig, s’est félicité d’une année « exceptionnelle » pour Abera, du fait de la demande chinoise.

Un acteur essentiel en nutrition animale et pour les filières d’élevage

En position de céder ces activités, le groupe restera un important fournisseur d’aliments pour les éleveurs ; fournisseur de tourteaux protéagineux issus de la trituration des graines oléagineuses, fournisseur d’aliments composés à travers Sanders et aussi expert en nutrition. Béatrice Germain mentionne aussi les prises de participation du fonds d’investissement Sofiprotéol (pôle financier) dans les entreprises des filières animales, comme récemment Sodiaal.

Le leader des solutions issues de la transformation végétale

Le plan stratégique Ambition 2030, dans lequel s’engage Avril fera de ce groupe « le leader des solutions issues de la transformation végétale, au service des transitions alimentaire, environnementale et agricole ». La priorité est donnée à « quatre marchés à fort potentiel de croissance » : les ingrédients de spécialités ; les produits alimentaires de grande consommation ; les énergies renouvelables ; les solutions et services à destination des exploitants agricoles.

Le plan opérationnel d’ici à 2023 précise les actions à réaliser sur chacun de ces marchés. Sur celui des ingrédients de spécialités. Avril va se déployer à l’étranger « en consolidant ses positions et expertises industrielles dans le domaine des huiles et protéines, dit le communiqué, et en accélérant le développement de solutions végétales innovantes pour des applications en nutrition animale, en alimentation humaine et en chimie renouvelable. »

L’investissement emblématique de cette orientation est la construction de l’usine de protéines de colza pour le marché alimentaire mondial à Dieppe, en association avec le néerlandais DSM, qui doit s’achever à la fin de l’année. Sur le deuxième marché des grandes marques – Lesieur en France, Lesieur Cristal au Maroc, Geco en Algérie et Costa d’Oro en Italie –, le portefeuille va continuer à grossir, dans les huiles et aussi les protéines végétales.

Dans les carburants renouvelables, Avril va vers des solutions plus durables et de la « haute valeur ajoutée » (Oleo100, OleoVE, OleoZE…). Enfin, à l’intention de l’agriculture, Avril promet de nouveaux services en matière nutritionnelle et de fertilisation organique.

De robustes résultats en 2020

La rentabilité du groupe Avril a dépassé les objectifs en 2020, pour la troisième année consécutive. L’Ebitda est de 243 millions d’euros, en hausse de 42,9 % par rapport à 2019, pour un chiffre d’affaires stable à 5,8 milliards d’euros. Les répercussions de la crise sanitaire sont estimées à 33 millions d’euros. Le résultat net part du groupe est en progression de 68,6 % à 58,9 millions d’euros. Sofiprotéol, le pôle financier, contribue pour plus d’un tiers à l’Ebitda 2020. Les activités industrielles ont été tirées par Avril Végétal qui regroupe les activités historiques de trituration, huiles alimentaires et biocarburants. L’investissement global, comprenant les investissements dans les filières agricoles, a progressé considérablement, de 39,7 %, à 257 millions d’euros.

Les plus lus

Prix des poules pondeuses – Cotation réalisée le 2 août 2024

La CPP (Cotation poule pondeuse) est publiée dans Les Marchés un lundi sur deux et couvre une période de deux semaines.…

découpe de la viande à l'abattoir
Filière viande : 20 % des sites d’abattages pourraient fermer d’ici 2035

La décapitalisation observée dans les filières animales françaises ne permet pas de limiter la production de gaz à effet de…

Capture TikTok de oldmarriedolympians
Pourquoi les athlètes se plaignent de la nourriture des Jeux olympiques Paris 2024 ?

La France faillit-elle à sa réputation de gastronome ? Oui si l’on en croit les articles de la presse internationale et…

Evolution du prix du porc 56 TMP à Plérin, en euros le kg.
Le prix du porc chute en France, bientôt suivi par le reste de l’UE ?

Si la France était la seule à voir sa référence baisser cette semaine, en parallèle le marché européen du porc donne de nets…

poule au rayon volaille en supermarché
Poules de réforme : « Nous continuons à nous orienter vers l’export » explique Ronald Ajavon

La consommation de poule pondeuse cale en France depuis des années. Rare sont les professionnels qui essayent de relancer la…

Quartiers de viande à l'abattoir
Filière viande : les restructurations marquantes du premier semestre 2024

La restructuration des abattoirs a continué au fil du premier semestre, et le maillon suivant, ateliers de découpe et chaînes…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 704€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio