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Uniplanèze se développe

Leader du tripou, avec ses quatre marques emblématiques du terroir auvergnat, Uniplanèze passe aux mains de salariés. Et l’entreprise aux 300 recettes prévoit de quasiment doubler la surface de son site de production. Une réussite improbable il y a treize ans.

Quand Luc Paour et Philippe Lafon reprennent Le Planézard en 2008, cette entreprise de Saint-Flour (Cantal) est au bord du gouffre. Treize ans plus tard, les deux actionnaires cèdent avec sérénité et le sentiment du travail accompli ce qui est devenu Uniplanèze. « On a doublé le nombre de salariés et triplé le chiffre d’affaires. On est très optimistes. Il y a une équipe jeune qui a fortement travaillé pour assainir les finances. La société progresse, elle est rentable, elle a de bons projets », résume Philippe Lafon. « Cette transmission nous rassure. On part avec un petit pincement au cœur, mais très sereins », complète Luc Paour en avouant avoir un peu poussé les cadres de l’entreprise à reprendre le flambeau pour éviter une possible délocalisation.

Trois associés, dont deux cadres de la maison

Responsable du site depuis 2018, Yannick Rousaire est entré au Planézard en janvier 2003 en tant que responsable de production. Joueur de rugby, il a le sens de la gagne et du collectif, et il est natif de Saint-Flour. Dominique Sabot vient de la boulangerie-pâtisserie industrielle. C’est en 2014 qu’il intègre Uniplanèze en tant que directeur commercial. Après un round d’observation, il réorganise l’activité sur les produits régionaux qui représentaient 20 % du chiffre d’affaires en 2014, contre 35 % aujourd’hui. Le ton est donné… L’engagement de Vincent Echégut a constitué l’élément déclencheur de cette reprise. C’est fin 2020, alors qu’une offre de rachat par un industriel est sur le point d’aboutir (avec des craintes d’une délocalisation partielle de l’activité) que le chef d’entreprise sanflorain accepte d’épauler les deux cadres d’Uniplanèze, cogérants de la nouvelle entité et majoritaires au capital. La reprise a été actée mercredi 17 novembre 2021. Les cédants ont exigé la signature d’un contrat de confidentialité quant aux montants engagés.

Depuis leur arrivée en 2008, quatre entreprises * ont été rachetées pour compléter l’offre du Planézard devenu Ardélis en 2011, puis Uniplanèze en décembre 2017. Avec elles, quatre marques emblématiques du terroir auvergnat ont permis à la société de compléter sa gamme de plats cuisinés et de s’ouvrir aux colis cadeaux. En 11 ans, le chiffre d’affaires est ainsi passé de 2,4 millions à 9 millions d'euros. En retrait de 1 million au titre de 2020, le chiffre d’affaires est annoncé à 8,3 millions d'euros pour 2021. Pour les prochaines années, Dominique Sabot vise une croissance à deux chiffres.

4,2 millions d'euros d’investissement

En 2000, par la construction d’un atelier-relais, la communauté de communes de Saint-Flour avait accompagné l’entreprise dans son développement. Dans les prochains mois, ce même partenaire doit soutenir la construction d’un nouvel atelier-relais en crédit-bail, à hauteur de 2,9 millions d'euros. Uniplanèze prévoit d’investir 4,2 millions d'euros dans cette extension.

Les travaux doivent débuter au second semestre 2022 et durer 18 mois. L’entreprise disposera ainsi de 2 400 m² en plus des 2 600 m² qu’elle occupe aujourd’hui. L’accent sera mis sur l’environnement. Il est question de diviser par deux la consommation d’eau et de réduire de 30 à 40 % le bilan carbone en récupérant une partie de l’énergie générée par la production de froid. Uniplanèze sera alors dotée de son propre espace de stockage.

L’optimisation de la production avec marche en avant, la modernisation de l’outil de production et l’amélioration du confort de travail du personnel constituent les principaux objectifs de cet investissement.

Les trois nouveaux actionnaires prévoient également de miser davantage sur les quatre petites mains du service recherche & développement afin de répondre aux exigences des clients par la mise au point de nouvelles recettes et d’une gamme prestige. « Nous ne sommes pas que des assembleurs de matières premières. Elles sont travaillées avant d’être mises en barquettes ou bocaux », insiste Yannick Rousaire. Uniplanèze emploie une soixantaine de salariés qui transforment sur le site quelque 400 matières premières différentes pour un volume de 1 300 à 1 550 tonnes par an, essentiellement d’origine française. Parmi ces ingrédients, 500 à 550 tonnes de viande (déjà découpées, du porc pour moitié, mais aussi de la volaille, du bœuf, de l’agneau et du gibier), dont 10 % en bio. Les préparations sont proposées dans 60 à 65 unités de conditionnement différentes.

Quatre marques emblématiques et le tripou

En parallèle, une nouvelle politique commerciale va être déployée afin d’améliorer la notoriété de l’entreprise à travers ses marques. Le Père Jean (1938), Mère Lavergne (1928), Julhes (1978) et Les Frères Lavergne (1930) constituent les joyaux qui font d’Uniplanèze le leader (mondial) du tripou. Réalisée à base de pansettes de veau et d’agneau, cette préparation traditionnelle auvergnate est toujours fabriquée de manière artisanale.

Le tripou ne peut être « roulé » autrement qu’à la main. Il constitue un plat diététiquement remarquable avec moins de 5 % de matières grasses et moins de 100 kcal/100g de calories, car essentiellement à base de protéines (collagène). Un travail de marketing va être engagé autour de ce produit pour en faire connaître les atouts et rajeunir sa cible commerciale.

Potée, aligot, truffade, chou farci, coq au vin d’Auvergne, bœuf d’Aubrac, lentilles blondes de Saint-Flour, petit salé aux lentilles vertes du Puy, tête de veau, jambonneau, persillé de tête, terrines et autres veloutés complètent l’offre commerciale d’Uniplanèze qui propose une gamme de 320 à 350 recettes. Ces plats cuisinés sont proposés en frais, en bocal ou barquette, avec une volonté de privilégier les filières locales et l’espoir de créer de nouveaux partenariats. De longue date, pour la viande, Uniplanèze s’approvisionne ainsi auprès de la société Pallut ou du groupe Altitude.

La stratégie de développement voulue par les trois nouveaux actionnaires s’oriente également vers de nouvelles cibles telles que la restauration hors domicile englobant la restauration traditionnelle, mais aussi les cantines et grossistes. Une collaboration a d’ailleurs été récemment engagée avec un agent commercial spécialisé.

* Soprico (Cantal) et la marque Le Père Jean en 2009 ; Maison Traiteur Restauration (Haute-Savoie) en 2012 ; EuroDispal (Saône-et-Loire) en décembre 2013 (revendue en 2019) et Julhes (Cantal) en 2015 avec les marques Mère Lavergne et Frères Lavergne.

Quelques chiffres d’Uniplanèze

L’entreprise Uniplanèze fabrique des produits auvergnats à sa marque ainsi que sous marques de distributeur (MDD) et des produits à façon. Les plats cuisinés représentent 58 % de son activité, les terrines 16 %, les tripoux 15 %, l’aligot/truffade 7 %, les tartinables/toastinables 3 % et les veloutés 1 %. Elle réalise 48 % de son chiffre d’affaires de 8 millions d’euros en grandes surfaces, dont 35 % sous MDD (pour Carrefour, Cora, Auchan, Monoprix), 20 % en colisage, 10 % auprès de grossistes et 10 % en restauration hors domicile. Les produits régionaux représentent 35 % de son chiffre d’affaires, dont 70 % sont commercialisés en conserve et 30 % en frais pasteurisés (barquettes mono ou multi-portions).

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