Sandrine Delory, DG de Prospérité Fermière - Ingredia : « Le lien humain va faire la différence dans la transition agroécologique »
Sandrine Delory, directrice générale de Prospérité Fermière-Ingredia, a œuvré pour la double labellisation RSE de ses activités amont et aval. L’empreinte carbone et la biodiversité restent des enjeux prioritaires pour le groupe coopératif laitier.
Sandrine Delory, directrice générale de Prospérité Fermière-Ingredia, a œuvré pour la double labellisation RSE de ses activités amont et aval. L’empreinte carbone et la biodiversité restent des enjeux prioritaires pour le groupe coopératif laitier.
La coopérative laitière Prospérité fermière et sa filiale Ingredia ont fait évaluer leur responsabilité sociétale par Afnor Certification, dont elles viennent de recevoir deux labels : « Engagé RSE » et « Coopératives So Responsables ». Que vous apportent ces labels ?
Sandrine Delory : Prospérité fermière-Ingredia est une ETI à taille humaine, de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires. C'est une société de personnes, une coopérative, tout le contraire d'une société anonyme ! Elle est au cœur d’un écosystème et s’engage sur le long terme. Cette double labellisation conforte notre écosystème et la démarche RSE que nous avions formalisée en 2017 sous le nom de « Via Lacta ». Elle vient souder tous nos acteurs, éleveurs, transporteurs de lait, opérateurs, techniciens, chercheurs. Nous mettons en lumière nos salariés et d’adhérents dans nos locaux, sur les réseaux sociaux, une brochure. Nous célébrons à travers cette campagne notre communauté. Parce que nous avons tous un attachement viscéral à l’entreprise. J'y suis moi-même entrée à 21 ans, et j'ai maintenant 52 ans.
Sur le plan de l’innovation, Ingredia vient de s’allier à l’Inrae pour fonder une « chaire industrielle » de recherche partenariale sur les protéines et peptides. Qu’apporte à Ingredia cette chaire que l’entreprise cofinance avec l’Agence nationale de la recherche ?
S. D. : Nous nous démarquons nettement en matière d'innovation. C'est une source de création de valeur, qui est de longue date au coeur de nos compétences. En 2021 sept chaires industrielles ont été lancée en France, tous secteurs confondus. Nous voilà au contact de grands laboratoires académiques et de leurs centaines de chercheurs et techniciens. Dans le cadre de ce partenariat, Ingredia va continuer à qualifier de nouveaux bioactifs laitiers. Nous sommes par exemple les seuls à produire des bioactifs laitiers pour soigner le stress et prévenir le diabète de type 2. Nous allons aussi développer de nouvelles protéines à valoriser sur les marchés de la santé-nutrition. Ce sont ces molécules innovantes qui nous permettent de rémunérer nos éleveurs. Au-delà de cette chaire, notre expertise en recherche sur les protéines laitières est reconnue nationalement et internationalement. Nous sommes le numéro 3 mondial des protéines laitières. Nos spécialités ont la reconnaissance de la FDA aux États-Unis et en Asie. C’est notre fierté, la fierté est aussi un liant humain.
Le développement des protéines végétales, réputées meilleures pour l’environnement que les protéines animales, feront-elles ombrage à vos protéines laitières ?
S. D : Nous sommes doublement labellisés pour la RSE et nos élevages vont continuer à démontrer qu’ils apportent des solutions environnementales, par la qualité des sols et des fermes à taille humaine. Oui, l’empreinte carbone et la biodiversité sont de très gros enjeux. C’est pourquoi nous allons travailler avec notre partenaire General Mills sur l’agriculture régénératrice en production laitière. Mais les protéines végétales et laitières sont compatibles. Un brevet avec Roquette c’est l’alliance entre les protéines végétales et laitières. Ingredia a un brevet commun avec Roquette sur le procédé d’obtention d’un ingrédient fonctionnel qui assemble une protéine de pois et une protéine laitière.
Quels sont les ingrédients de la réussite en 2022 ?
S. D. : Je suis convaincue que le lien humain va faire la différence dans la transition agroécologique. Ce lien qui a été mis à mal par la covid, nous l’avons conservé dans notre entreprise. C’est d’autant plus facile que nous nous connaissons tous et sur plusieurs générations, sur un territoire relativement réduit des Hauts-de-France. Ce lien humain nous donne notre agilité et notre capacité à construire.