SIA 2023 : Invitation à la Ferme résiste à l’inflation
Invitation à la Ferme a moins augmenté ses prix que certains acteurs des produits laitiers conventionnels car le réseau est moins dépendant de la volatilité de plusieurs cours mondiaux.
Invitation à la Ferme a moins augmenté ses prix que certains acteurs des produits laitiers conventionnels car le réseau est moins dépendant de la volatilité de plusieurs cours mondiaux.
Le réseau Invitation à la Ferme, transformant le lait et fabricant sur place des produits laitiers bio (yaourts, glaces, fromages), a profité du salon de l’agriculture pour annoncer une croissance de +12 % de son chiffre d’affaires 2022 par rapport à 2021. Si les ventes de l’ensemble des exploitations agricoles sont tirées par les hausses de prix liées à l’inflation, celles-ci sont bel et bien soutenues par une croissance des volumes vendus.
« On a passé +5,4 % de hausses sur nos produits ultra-frais entre décembre 2022 et décembre 2021, liées à l’augmentation du prix de la main-d’œuvre qui nous touche beaucoup parce que nous avons besoin de plus de monde à volume équivalent que pour les produits laitiers industriels. Les hausses des prix des ingrédients et des emballages nous ont touchés aussi », détaille Jean-Michel Péard, co-fondateur d’Invitation à la Ferme.
Mais les exploitations agricoles du réseau ayant le plus possible recours au pâturage pour les vaches, elles ne dépendent pas des prix des engrais, ni du gazole pour l’entretien des prairies. « Nous sommes en moyenne à 90 % d’autonomie alimentaire sur les exploitations, les hausses des prix des aliments pour bovins ne nous touchent que très peu », rappelle Jean-Michel Péard.
Par ailleurs, la transformation sur place permet de réduire les coûts de transport. « Lorsque le lait est collecté, il faut le refroidir à 3°C puis il est réchauffé à la laiterie. En ne passant pas par les laiteries, il y a des économies d’énergie », ajoute Arnaud Bailleul, éleveur de la ferme des trois vallées, à Troisvaux (Pas-de-Calais). Invitation à la Ferme a également réduit ses dépenses, en rediscutant avec ses fournisseurs d’ingrédients pour se réorienter vers des produits plus accessibles, ou bien en participant à moins de salons.
Une croissance amoindrie
« On remarque un tassement de la croissance des ventes de nos produits », note Corinne Charote, responsable commercial et marketing d’Invitation à la Ferme. Comme le reste du secteur bio, le réseau souffre de l’érosion de la consommation des produits bio. Cet amoindrissement n’est pas aussi prononcé que chez d’autres acteurs du bio grâce à la nature fermière et locale des produits, « répondant à une vraie attente des consommateurs », souligne-t-elle. Invitation à la Ferme peine toutefois à recruter de nouvelles exploitations bio, la conjoncture n’incitant pas à la conversion, mais se dit prêt à s’étendre. Son objectif sur le long terme est de couvrir toute la France et d’atteindre la centaine de fermes.
Chaque site choisit la proportion de lait transformé sur place pour la fabrication des produits du réseau, mais ce taux ne dépasse jamais les deux tiers. « C’est important de maintenir un volume collecté par les laiteries pour ne pas se retrouver isolé », commente Jean-Michel Péard.