Cotations
Petits veaux : encore un mauvais semestre avec des prix bas
Depuis plusieurs années, les prix des petits veaux n’arrivent que très difficilement à sortir de l’ornière, pour retomber comme un soufflé après l’été. Une forte dépendance à un export couteux et une demande limitée pour l’engraissement en France plombent le marché.
Depuis plusieurs années, les prix des petits veaux n’arrivent que très difficilement à sortir de l’ornière, pour retomber comme un soufflé après l’été. Une forte dépendance à un export couteux et une demande limitée pour l’engraissement en France plombent le marché.
Trois années de suite de prix bas, voilà qui caractérise le marché français des petits veaux. Les croisés mâles mixtes, de 45-50 kg, se sont échangés en moyenne à 183 €/tête au premier semestre 2021, contre 184 € l’an dernier et 202 € au premier semestre 2019. Loin des niveaux de 2015 et 2016. Pour les petits veaux mâles laitiers de 45-50 kg, la moyenne de la cotation hebdomadaire de FranceAgriMer s’affichait à 65 €/tête au premier semestre 2021, contre 68 € un an plus tôt, et 44 € en 2019, première année de crise sur le marché, lorsque les prix n’avaient pas connu de hausse saisonnière au printemps.
Évolution des cours des petits veaux mâles laitiers : Moy. hebdo. FranceAgriMer, 45-50 kg. En euros/ tête.
Cette année aussi la hausse saisonnière a tardé et s’est montrée peu dynamique. En cause, un certain encombrement des ateliers de veaux de boucherie. Avec la pandémie et les restaurants fermés, le marché de la viande de veau a perdu des débouchés et les engraisseurs se sont montrés très prudents dans les mises en place. Une météo quasi automnale sur la fin du printemps et au début de l’été a néanmoins profité à cette viande et permis de fluidifier le marché.
A cette demande prudente de l’aval de la filière correspondait une offre assez présente. Ainsi l’Idele estimait qu'en avril 2021 232 000 veaux de mère laitière sont nés, soit 23 200 têtes de plus qu’en 2020 (+11%) et +8% /2019. Mars 2021 avait déjà enregistré une légère hausse des naissances (+2,7% /2020). En cumul depuis janvier 2021 les naissances sont donc en hausse de +2,5% /2020.
Forte dépendance au marché espagnol
Dans ce contexte de demande prudente et de disponibilités larges, c’est sans surprise l’exportation qui a été sollicitée. En avril, les exportations de veaux de mère laitière ont bondi de 23 % par rapport à l’an dernier, à un niveau historique. C’est l’Espagne qui est le destinataire de la plus grande partie de ces animaux. Ce pays a acheté 93 % des petits veaux expédiés hors de nos frontières en 2020 selon les données de FranceAgriMer. L’Espagne était un client en croissance en 2020, elle a acheté 16 200 veaux de plus qu’en 2019 (+5,9 %) à des prix moyens en baisse de 17 centimes par animal (-7,6 %). Reste que les engraisseurs espagnols dépendent fortement de la demande du Maghreb et du Proche-Orient et qu’entre crise sanitaire installée et crise économique qui se profile, ces marchés sont incertains à moyen terme. D’autant plus que les échanges avec l’Espagne sont fortement perturbés par la FCO. La France ne vaccinant pas systématiquement les vaches, les opérateurs doivent avoir recours à des PCR pour exporter les animaux. Ce qui a un coût : vétérinaire, laboratoire, alimentation des animaux pendant l’attente...
Quant aux petits veaux croisés, ils ont souffert de leur nombre et peinent à trouver leur place. Le marché du veau de boucherie était souvent saturé ces derniers mois, les coûts de production sont élevés, et ils sont difficilement valorisables en broutards car moins bien conformés que les allaitants. Les efforts e la filière pour dynamiser les ventes à la Pentecôte pourraient néanmoins leur profiter. La campagne de promotion pour la Pentecôte a duré sept semaines cette année, une durée record, et c’est le fruit d’un partenariat inédit entre la section veau d’Interbev et le Cniel. Le but : désaisonnaliser la consommation pour absorber davantage de petits veaux lors du pic des vêlages en automne.
Le problème des mâles en filière laitière
Les débouchés des mâles des filières laitières posent un vrai problème, que ce soit en bovins mais aussi en ovins ou en caprins. FranceAgriMer a annoncé récemment une réflexion sur ce sujet. A terme, il faudrait refaire de ces animaux des produits valorisés correctement plutôt que des sous-produits qu’il faut régulièrement dégager.