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Produits de la mer
MSC France : « la suspension fait partie du jeu »

Marine Stewardship Council explique sa démarche auprès de l’aval de la filière et justifie les suspensions temporaires de certifications MSC auprès de certaines pêcheries françaises. Elles s’inscrivent dans une démarche de progrès, selon l’ONG. Explications.

À la suite des suspensions des certifications MSC pour les pêcheries de sardines de bolinche et de maquereaux en février 2019, ainsi que de cabillauds en mer du Nord en septembre 2019, l’ONG Marine Stewardship Council (MSC) rassure en précisant qu’elle accompagne ces pêcheries dans l’établissement de leur plan d’action.

« Nous voulons montrer que nos pêcheries sont très suivies. Nous expliquons aux industriels pourquoi la certification a été suspendue et les actions mises en place pour que la pêcherie la retrouve », nous précise Amélie Navarre, responsable des partenaires commerciaux à MSC France. « La distribution aussi est avide d’explications. Nous leur montrons le travail mené. Ils y sont réceptifs », ajoute-t-elle.

Les suspensions ne sont pas de notre fait

Lors de la suspension de la certification, les pêcheries ont trois mois pour élaborer un plan d’action. Concernant les pêcheries de sardines et de maquereaux, les plans ont été validés au printemps. « La pêcherie de sardines pourra retrouver sa certification d’ici un an et demi, soit le laps de temps nécessaire pour pouvoir analyser les effets de son plan d’action », souligne Margaux Favret, responsable des pêcheries à MSC France. « De notre côté, nous communiquons sur les efforts de la pêcherie, cela leur amène de la visibilité », complète-t-elle.

La suspension des certifications est majoritairement due à l’arrivée de nouvelles données sur l’évolution des stocks de poissons qui s’avèrent subir une pression trop forte, « sans pour autant être alarmante », nuance Margaux Favret. « Pour le maquereau par exemple, la suspension a été due aux accords avec l’Islande, la Norvège et l’Union européenne. Ces accords ne nous permettent pas de savoir où en est l’état du stock, d’où la suspension. Cela n’a rien à voir avec nos pratiques. Les suspensions ne sont pas de notre fait », affirme Thierry Missonnier, directeur de l’organisation de producteurs From Nord. « Les suspensions font partie du jeu et nous permettent de maintenir notre crédibilité », assure Margaux Favret.

La pêcherie de sardines a vu sa certification suspendue, car l’Espagne s’est mise à en pêcher également. Ses volumes de pêche ne cessant de grandir, les deux pays ont commencé à discuter de quotas de pêche. « La suspension a accéléré l’avancée du dossier franco-espagnol. Elle peut engendrer des prises d’initiatives positives et être donc bénéfique », indique-t-elle.

Le label MSC ouvre la porte de marchés

« Carrefour est particulièrement intéressé par la démarche MSC », témoigne pour sa part Yvon Neveu, gérant de SPES Armement. En plus de l’intérêt de l’enseigne française, le label MSC permet aux pêcheries d’accéder à de nouveaux marchés ou de maintenir ses marchés déjà existants en face d’une distribution de plus en plus demandeuse de certification.

« Lorsque des distributeurs s’intéressent à la démarche, nous mettons en avant le besoin d’informer le consommateur », souligne Thierry Missonnier. « Nous avions perdu le marché de la Pologne sur le lieu noir, car nous n’étions pas MSC », informe Yvon Neveu. « Le logo a permis l’ouverture des portes à la pêcherie de homards sur le marché de Hong Kong et de Chine », explique Margaux Favret.

Pour prouver que les critères du MSC sont atteints, les pêcheries ont besoin de données. Elles font alors appel à des organismes de certification pour faire évaluer leurs effets sur les stocks de poissons et le reste de l’écosystème marin (pas de mise en danger d’autres stocks, pas d’augmentation de la mortalité des oiseaux marins, etc.).

En plus des données fournies par la pêcherie elle-même, l’organisme en collecte en provenance du gouvernement, d’ONG et de scientifiques. Cette étude dure entre 10 et 15 mois, pour un coût total compris entre 30 000 et 60 000 euros en France. « Aujourd’hui, toutes les pêcheries qui arrivent au terme de ses 5 ans de certification repartent pour une nouvelle certification », rapporte Margaux Favret. Le coût de l’évaluation initiale est donc amorti sur cette période. « La moindre étude coûte cher, les pêcheries n’ont pas forcément les moyens », pointe du doigt Éric Leguelinel, pêcheur de homards.

La reconduction entraîne une nouvelle évaluation de la pêcherie, toutefois moins onéreuse que la première. « En moyenne, une pêcherie procède à cinq améliorations pour maintenir sa certification », mentionne Margaux Favret. Ces améliorations concernent aussi bien l’état des stocks de poissons, les écosystèmes marins ou la gestion de la pêcherie, que celles-ci doivent prouver avec des données collectées. « Les capitaines ont des cartographies spéciales pour éviter et ainsi protéger certains habitats plus sensibles », ajoute-t-elle.

Une gestion durable de la ressource

« Les premiers concernés et qui ont intérêt à pérenniser la ressource sont les producteurs », déclare Thierry Missonnier. « Le MSC nous a permis de considérablement évoluer notre vision des stocks. Celle-ci était auparavant figée », explique Éric Leguelinel. À noter que dans un milieu qui éprouve des difficultés à renouveler sa main-d’œuvre sur les flottes, « le label MSC permet de recruter des marins », vante Margaux Favret.

Le changement climatique affecte les stocks

« La suspension de la certification du cabillaud en mer du Nord est liée à une baisse du stock aujourd’hui inexpliquée », affirme Margaux Favret, responsable des pêcheries à MSC France. Les scientifiques attribuent cette diminution au changement climatique, lui-même responsable d’un réchauffement des eaux, le cabillaud étant une espèce très sensible à la température de l’eau. Le constat est similaire sur le stock de homards. L’évolution du stock ne rencontre pas la hausse attendue, probablement à cause du réchauffement des eaux. « Les bateaux ne profitent pas forcément d’une augmentation significative. Les données sont encore balbutiantes à ce niveau-là », souligne Éric Leguelinel, pêcheur de homards.

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