Ludovic Paccard, DG de Sicarev : « La notion de transparence est une évidence »
Le développement de filières responsables est le leitmotiv de Sicarev, selon son directeur général Ludovic Paccard. Répondre aux attentes sociétales, tout en valorisant la production de ses adhérents nourrit les projets du groupe.
Le développement de filières responsables est le leitmotiv de Sicarev, selon son directeur général Ludovic Paccard. Répondre aux attentes sociétales, tout en valorisant la production de ses adhérents nourrit les projets du groupe.
Directeur général du groupe coopératif Sicarev depuis 2020, Ludovic Paccard en était directeur général adjoint trois ans auparavant. Il est un « pur produit » de la coopérative.
Comment définiriez-vous la démarche filière de Sicarev ?
Ludovic Paccard - Notre groupe a des valeurs très fortes. Il s’est construit depuis 60 ans autour de filières, et la notion de transparence est une évidence. À Sicarev, nous parlons de marge garantie et de prix garanti à nos adhérents. Cela permet de gérer les hausses de coût de production. Nous sommes atypiques dans le monde de la viande, quelle que soit la filière (bœuf, veau, agneau, porc) jusqu’aux produits transformés, il n’y a jamais une décision qui soit prise sans concertation entre l’amont et l’aval de nos filières. Notre modèle a fait ses preuves dans le passé, notamment, au moment des épisodes de la vache folle, et il a de nouveau pu faire ses preuves avec la crise sanitaire que nous traversons. Tous les matins, notre seule motivation est de trouver des débouchés pour valoriser la production de nos adhérents. Notre modèle est résilient.
Quels sont vos grands chantiers pour les prochaines années ?
L. P. - Nous avons beaucoup de chantiers sur la table, entre l’amont et l’aval de nos filières. Au niveau de l’amont, le renouvellement des générations est une préoccupation. Nous attirerons une nouvelle génération d’éleveurs si nous arrivons à leur proposer de la valeur. Pour cela, il faut aller chercher de nouveaux débouchés valorisés. Nous avons aussi récemment sorti une application pour la coopérative qui permet aux adhérents de suivre tous les indicateurs techniques et économiques nécessaires. Les réponses aux attentes sociétales en termes environnementales et bien-être animal sont évidemment des chantiers importants.
Comment souhaitez-vous répondre à ces attentes ?
L. P. - Nous venons par exemple de nous inscrire au programme Life Beef Carbon (projet européen piloté par l’Institut de l’élevage pour limiter les gaz à effet de serre, NDLR). Un panel de producteurs a été choisi pour cela. Nos clients sont clairement en demande. Certaines enseignes y compris celles de la restauration commerciale remontent clairement ce genre de réflexion. Il faut donc que l’on s’y prépare. Sur le bien-être animal, des adhérents sont inscrits à Boviwell et nous sommes en lien avec des ONG pour travailler sur ce sujet. Tout cela concerne l’amont, mais au niveau industriel, nous avons un important programme sur quatre ans pour nous permettre de monter en gamme, trouver des marchés à l’export, améliorer les conditions de travail et apporter de l’attractivité à nos métiers. Sur ce sujet, nous avons mis en place un pôle d’alternance et accueillons actuellement quarante-neuf alternants sur différents métiers du groupe, avec l’espoir d’en recruter certains après. Nous voulons aussi développer nos marques « Tradival » pour les produits frais et « Convivial » pour les produits surgelés. Nous avons créé un pôle R&D pour cela, et investissons dans des moyens marketing. Tous ces chantiers sont importants, toujours dans l’optique de valoriser la production de nos adhérents sur les marchés de la grande distribution, la restauration, la boucherie traditionnelle, l’industrie et l’export. Nous sommes en place pour répondre à de nouvelles demandes.
Comment imaginez-vous la viande bovine de demain ?
L. P. - Il faut rappeler que la France a un atout considérable avec la multitude de races qui existe sur le territoire. Il y a toutefois une problématique qui va falloir résoudre : sur certaines races, les carcasses ne sont plus adaptées aux nouveaux conditionnements pour la consommation. C’est un grand enjeu pour la filière. Il nous faut préserver notre modèle et être capable de mettre de la valeur d’un bout à l’autre de la chaîne.