Les vins français sous pression espagnole
Les cours des vins sans IG et avec IGP sont en baisse très sensible depuis le début de la campagne, après des années de croissance. Les producteurs pointent la responsabilité de la hausse des importations espagnoles.
C’est une rupture nette dans la croissance quasi continue des prix des vins français d’entrée et moyenne gammes depuis une décennie. Selon les données des contrats d’achat à fin février 2017, les cours des vins sans indication géographique (IG) et avec indication géographique protégée (IGP) sont en baisse sensible depuis le début de la campagne 2016-2017, et ce, malgré une vendange 2016 faible. Seuls les vins d’appellation résistent à cette tendance baissière et ont même tendance à progresser.
Les ventes de vins sans IG connaissent depuis le début de la campagne un véritable coup d’arrêt. Avec 1,2 million d’hectolitres (Mhl) échangés sur sept mois, les volumes de vente reculent de 19 % par rapport à 2015-2016. Quant aux prix, ils ne sont pas pour autant mieux orientés, avec une baisse de 9 % en rouge (70 €/hl) comme en blanc (79 €) et une baisse de 6 % en rosé (74 €). Les prix moyens restent très supérieurs à ceux du début des années 2010, quand ils étaient à 50 €/hl, mais le repli est bien réel.
La catégorie supérieure des IGP n’échappe pas à cette orientation. Les transactions depuis le début de la campagne (5,2 Mhl) sont en repli de 17 % par rapport à la précédente et les prix trébuchent également. Ils sont en baisse de 4 % en rouge (87 €/hl), de 6 % en rosé (84 €/hl) et en blanc (100 €/hl). Là encore, les cours moyens restent supérieurs à ce qu’ils étaient il y a cinq ans, mais l’érosion est régulière depuis deux campagnes.
Le ralentissement des transactions et la baisse des prix sont-ils pour autant liés à la hausse des importations espagnoles, comme le déplorent les producteurs depuis quelques semaines ? Plusieurs statistiques diffusées par FranceAgriMer la semaine dernière auraient tendance à accréditer cette idée. Les premières figurent dans le bilan des ventes de vins en grande distribution en 2016. Une nouvelle fois, les volumes commercialisés ont enregistré un recul selon Iri, de 1,6 % par rapport à 2015 et de 1,8 % sur la moyenne 2011-2015, la hausse du prix moyen permettant à peine de compenser le chiffre d’affaires. Cependant, deux catégories évoluent en sens inverse, avec des croissances à deux chiffres : les vins sans IG de l’Union européenne et les vins étrangers identifiés comme tels.
78 % des vins étrangers sont espagnols
La catégorie des vins étrangers connaît une progression particulièrement spectaculaire en grande distribution, avec une hausse de 17,1 % par rapport à 2015 et même de 44,5 % sur la moyenne 2011-2015 avec 694 000 hl pour 159 M€ de chiffre d’affaires. Or, note FranceAgriMer, près de 78 % des vins étrangers vendus en GMS sont d’origine espagnole. Une part en croissance régulière, puisqu’elle n’était que de 64 % en 2011.
Autre statistique parlante : celle des importations de vins en vrac observées par les douanes. Entre août et décembre 2016, les importations françaises de vins ont progressé de 5 % après deux années déjà marquées par de fortes hausses (+25 % en 2014-2015 et +11 % en 2015-2016). Là encore, la part de l’Espagne reste prépondérante. De quoi convaincre les producteurs d’obtenir une meilleure visibilité de l’origine dans les rayons vins de la grande distribution.