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Les leçons à tirer de la crise du fipronil

Le 29 août, la liste officielle des œufs et produits à base d’œufs dépassant la limite maximale de résidus (LMR) de 0,005 mg/kg de l’antiparasitaire fipronil semblait vouloir se stabiliser à deux lots d’œufs coquille, des lots d’œufs destinés à huit transformateurs, des stocks d’ovoproduits chez dix industriels ou traiteurs, d’autres stocks chez quarante grossistes et trente-deux références de produits finis pour la grande distribution.

Certains avaient déjà été consommés, comme ce premier lot de 196 000 œufs en provenance de Belgique mis sur le marché entre le 16 avril et le 2 mai, comme l’a signalé le ministère chargé de l’Alimentation, en précisant, « sans impact pour la santé ». Le ministère a volontairement détaillé ces données « dans un souci d’information du consommateur ».

Sa liste a évolué au fil des jours à partir de la première parution du 17 août. Elle s’est enrichie au gré des autocontrôles réalisés par les opérateurs et des contrôles officiels des DDPP. Au 24 août, la liste comportait des gaufres fabriquées aux Pays-Bas, de la frangipane, des brownies et des muffins de Belgique, ainsi que des pâtes alsaciennes aux œufs, les premiers (et seuls) produits finis fabriqués en France. Sur son site Internet et dans ses communiqués, le ministère explique bien la différence entre un « rappel de produits dont la consommation est risquée » (aucun produit dans ce cas repéré en France) et un simple « retrait » de la vente pour cause de non-conformité. Si la crise n'est pas finie, d’ores et déjà, quelques leçons semblent pouvoir être tirées.

Une majorité de MDD dans la liste

Dans leur grande majorité, les produits de grande consommation présents sur la liste sont des marques de distributeurs (MDD). Ces derniers, dès la révélation du problème sanitaire par le ministère au début du mois d’août, avaient interrogé leurs fournisseurs de MDD.

Émilie Tafournel, directrice de la qualité de la FCD, explique comment les produits susceptibles d’être contaminés ont été repérés : en calculant l’effet de dilution du polluant à une concentration synonyme du « pire des cas ». Les produits ciblés étaient bloqués en attendant les tests. La FCD ne dénonce pas la lenteur de réaction de ses fournisseurs, contrairement à Michel-Édouard Leclerc sur son blog, mais a déploré publiquement « le manque de diligence de certains industriels-fournisseurs, notamment belges et hollandais ». « Alors que la traçabilité a toujours fait ses preuves », complète Émilie Tafournel.

Des réseaux de professionnels « très réactifs »

Chez Pinguin, non concerné par la contamination, un chef produit rapporte : « tous les réseaux de distribution, mais pas tous les clients, en GMS, industrie, RHD, ont envoyé des questionnaires. On s’est retournés vers les fournisseurs de produits contenant des œufs, qui ont été très réactifs. Les attestations ont été adressées très vite aux clients demandeurs, ce qui les a rassurés. »

L’Ania de son côté faisait savoir que dès le 8 août, elle et ses adhérents s’engageaient à collaborer étroitement avec les pouvoirs publics dans la traque au fipronil. « Nous assurons une fonction de veille et de support des informations en fonction des remontées des fédérations », assure une responsable.

La Fournée Dorée a reçu des ovoproduits au-dessus de la LMR dans ses usines de Vendée et de Moselle. L’industriel de la brioche se félicite d’avoir été « un des premiers […] à questionner ses fournisseurs, à identifier les lots potentiels, à alerter les autorités, à prendre des mesures conservatoires et à demander des analyses pour les matières premières et les produits finis », a fait savoir l’industriel le 16 août à ses clients et consommateurs, complétant : « C’est à ce titre, et donc par elle-même, que les autorités locales ont été averties. »

La responsable qualité d’un grossiste du Pas-de-Calais salue pour sa part son fournisseur belge d’ovoproduits « très réactif » : « notre cahier des charges stipule qu’un fournisseur doit nous prévenir immédiatement du moindre incident sur le plan sanitaire », précise-t-elle.

Le RASFF pointé du doigt

La crise du fipronil questionne en revanche la capacité des États membres à coopérer. Selon la Belgique, les autorités sanitaires des Pays-Bas avaient reçu une information anonyme en novembre 2016 sur l’utilisation de fipronil dans les élevages néerlandais. Mais c’est seulement le 20 juillet 2017 que le Système d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et aliments pour animaux (RASFF) a été informé, par les autorités belges et sous la forme d’une « information pour attention », de la présence de fipronil dans des œufs et de la viande de volaille dans différents ateliers de production de leur pays.

La première notification officielle concernant la France a été émise par les Pays-Bas le samedi 5 août via le RASFF. Le 30 août devait se réunir à Bruxelles un comité d’expert sur le sujet. Le but selon le ministère français : que soient harmonisées les mesures de gestion des élevages et des produits alimentaires contaminés.

Des importations issues d’élevages alternatifs

La Fournée dorée, comme d’autres industriels, expliquent le fait d’avoir importé des ovoproduits des Pays-Bas comme moyen de répondre à certains cahiers des charges de clients français ou étrangers. Aux Pays-Bas, l’élevage au sol des poules est devenu le standard, et les œufs issus de ces élevages sont moins chers que des œufs d’élevages français élevés en plein air, et moins rares que les œufs de poules élevées au sol en France. Sur les deux lots d’œufs coquille importés par des conditionneurs, celui qui vient de Belgique est d’un élevage au sol, celui qui vient des Pays-Bas est d'élevage biologique. Le fipronil a enrichi frauduleusement un produit vendu comme naturel pour traiter le pou rouge des élevages de pondeuses.

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