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Coproduits
Les déchets d’abattage, source d'énergie

De nombreux abattoirs sont engagés dans la réduction de leur impact sur l’environnement en valorisant leurs coproduits. Les graisses et les matières stercoraires peuvent notamment être valorisées en biogaz. Les sociétés de petite taille éprouvent toutefois des difficultés.

En plus de gérer ses problématiques de consommation d’eau et d’énergie, les abattoirs sont confrontés à la problématique de gestion de leurs déchets. Si certains établissements stockent leurs déchets sous l’abattoir en les évacuant par gravité, d’autres préfèrent les voir comme une source d’énergie pour un autre débouché. L’industrie pétrolière est notamment très intéressée car de nombreux déchets d’abattoir peuvent être valorisés en biogaz. « Les entreprises intéressées par les déchets d’abattoir proposent des rémunérations de plus en plus intéressantes, donc nous menons de grosses réflexions sur le sujet », affirme Louis-Bertrand Jeannerod, directeur général de l’abattoir d’Autun. Le biogaz est fabriqué à partir de la graisse retirée des animaux. Certains sites, tels que ceux de la Cooperl, sont équipés de systèmes de nettoyage et de transformation de ces graisses pour produire leur propre biodiesel et alimenter la flotte de poids lourds Cooperl.

Nous espérons être autonomes en carburant d'ici deux ans

« Notre premier camion prototype roulant au biogaz circule depuis deux semaines. Nous espérons être autonomes en carburant d’ici deux ans », annonce Franck Porcher, directeur général de Cooperl Environnement. « Le but est de produire autant que nous consommons. Nous pouvons aussi tout à fait verdir des confrères », ajoute-t-il. D’autres établissements qui n’ont pas de quoi transformer leurs déchets graisseux les envoient directement chez des industriels pétroliers comme Total. « Avant de les envoyer, nous traitons les graisses pour leur enlever les odeurs », a confié un opérateur de la filière. Les industriels pétroliers les transforment ensuite en biogaz pour les chaudières des réseaux particuliers. Les graisses peuvent également être valorisées en huile pour les frites et confiées aux acteurs de la restauration.

Les matières stercoraires peuvent aussi donner du biogaz

Les matières stercoraires, digestat des animaux, issu de leurs boyaux et de leur panse, peuvent être valorisés dans un compost, permettant d’obtenir un produit particulièrement riche. Mais ces déchets peuvent néanmoins être eux aussi transformés en biogaz par méthanisation. Le groupe Cooperl commence tout juste à alimenter le réseau de gaz GRDF de la région de Lamballe grâce à son méthaniseur de 7 mégawatts. « Ce méthaniseur traite tous les coproduits de nos abattoirs et de nos éleveurs. Avec une telle installation, le mot déchet n’existe plus », explique Clément Mauboussin, coordinateur pour la maîtrise des dépenses énergétiques de Cooperl.

Le mot déchet n’existe plus

Le groupe veut aller encore plus loin dans l’économie circulaire, avec un projet de récupération du CO2 issu de la méthanisation pour le rendre autonome à ce niveau-là. « Le but serait de liquéfier le dioxyde de carbone pour satisfaire notre propre consommation et en faire aussi bénéficier les scieries. Ce projet devrait aboutir d’ici 2021 », précise Clément Mauboussin. La Cooperl récupère de nombreux coproduits non consommables par les humains et les brûlent grâce à des lignes d’incinération. « Consumer cette matière organique issue de l’équarrissage nous permet de récupérer de la chaleur grâce à laquelle nous chauffons nos locaux », ajoute-t-il.

Difficile pour les petits volumes

« Nous aimerions aller plus loin dans la valorisation de nos coproduits, mais la taille de notre site fait que nous ne générons pas de volumes de déchets significatifs pour les filières biogaz », lance Louis-Bertrand Jeannerod. La difficulté majeure pour les abattoirs de taille modeste réside dans le transport des coproduits, qui s’avère être très onéreux. Le sang est un bon exemple : Vapran, la seule société en France qui récupère le sang dans les abattoirs, « ne se déplace pas pour les petits volumes », selon un opérateur anonyme de la filière bovin viande. Les abattoirs de petite taille dépensent en moyenne 200 euros pour détruire une tonne de sang, alors que les sites de taille conséquentes peuvent vendre cette tonne de sang 200 euros. « Nous restons attentifs, car si un camion collecte les déchets de plusieurs établissements, nous adorerions nous greffer au mouvement », commente Louis-Bertrand Jeannerod.

Une politique différente selon les opérateurs

Le partage du savoir-faire au niveau de la réduction de l’impact environnemental entre les opérateurs de la viande est payant pour certains, qui veulent valoriser leur travail de R&D de plusieurs années. Les plus grosses entreprises telles que la Cooperl sont plus ouvertes au partage, n’hésitant pas à ouvrir leurs portes et organiser plus de 130 visites par an, pour plus de 1500 personnes. « La thématique environnementale va au-delà des querelles de clocher, estime Franck Porcher. Il doit cependant y avoir une aide fiscale de la part du gouvernement par rapport à ceux qui travaillent dessus ».

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