Epicery
Les bouchers s’ouvrent au e-commerce
La plateforme de livraison à domicile de produits frais a séduit de nombreux artisans bouchers. Ils y ont trouvé un moyen simple et efficace d’assurer leur digitalisation. Témoignages.
Christophe Le Bourdais, artisan boucher dans le XIVe arrondissement de Paris depuis 1996, a été l’un des premiers de sa corporation à ouvrir un espace sur le site d’e-commerce Epicery en 2017. « Les initiateurs sont venus nous rencontrer car ils étaient à la recherche d’artisans proposant des références plutôt haut de gamme », explique le commerçant parisien. « J’ai très vite dit oui car j’étais déjà convaincu que la boucherie de demain devrait intégrer ce type de services plutôt que de laisser ce marché à d’autres ».
Le principe de la plateforme cofondée par Edouard Morhange et Elsa Hermal est simple : proposer aux commerçants de produits frais, à la traîne en matière d’e-commerce par rapport à d’autres secteurs un prolongement digital de leurs boutiques, qui permette aux consommateurs d’avoir accès à une offre de produits frais et de qualité. En fonction de leurs choix, les utilisateurs d’Epicery sont mis en relation en quelques clics avec la eboutique du commerçant-partenaire de leur choix (primeur, boucher, poissonnier, fromager, épicerie fine, etc.) dans un nombre sans cesse croissant de villes (lire encadré).
35 boucheries parisiennes recensées
Quatre ans plus tard, les bouchers figurent parmi les principaux animateurs de la plateforme de livraison dédiée aux commerçants de proximité en produits frais. C’est aujourd’hui la profession, avec les primeurs, la mieux représentée au sein des 800 boutiques du site, dont le nombre ne cesse de croître. Pour la seule agglomération parisienne – où Epicery a démarré son activité et reste le mieux représenté-, nous avons recensé pas moins de 35 boucheries, parmi lesquelles quelques têtes d’affiche bien connues comme le Coq Saint-Honoré, la Boucherie Moderne ou encore Meissonnier, la boucherie de Véronique Langlais, la présidente du syndicat de la boucherie de Paris.
Nous nous sommes constitués une clientèle de proximité nouvelle et fidèle
« Le réseau s’est densifié à Paris, mais on ne se marche pas sur les pieds », estime Christophe Le Bourdais, qui reste très satisfait de la formule. « Nous nous sommes constitués par le site une clientèle de proximité nouvelle et fidèle, qui a pris l’habitude de commander par le site et ne viendrait de toute façon pas en boutique », précise l’artisan. Les amateurs de viandes maturées ou de volailles de Bresse, dont Christophe Le Bourdais est un spécialiste reconnu à Paris, n’hésitent pas à lui commander depuis d’autres arrondissements parisiens. « Au total, nous avons 15 à 20 commandes chaque semaine, pour un chiffre d’affaires de 500 à 800 € par semaine ».
Le coup d’accélérateur des confinements
Le succès de la formule d’Epicery tient à l’équilibre entre à la complémentarité des services rendus par la plateforme et par les artisans. « L’application permet aux internautes de commander facilement ce qu’ils souhaitent aux commerçants qu’ils ont choisi », estime Christophe Le Bourdais. Les artisans sont alertés par SMS du contenu de la commande et l’acceptent d’un clic quand ils ont les produits. Dès que la commande est prête, Epicery envoie un livreur, généralement à vélo ou à scooter électrique et gère tout l’aspect logistique. En dépit du taux élevé de commissions (25 %), l’artisan estime que la plateforme accessible aux commerces de proximité « est la plus efficace actuellement ».
Le niveau d’activité est très supérieur à celui d’avant la crise
La crise sanitaire et ses confinements et couvre-feu successifs a bien sûr joué un rôle d’accélérateur pour le site d’e-commerce en 2020. « En un an seulement, nous avons accueilli sur notre plateforme plus de 350 nouveaux commerçants, sur un total de 800 aujourd’hui », indique Edouard Morhange, le cofondateur de cette start-up dont Monoprix est actionnaire. « Lors du premier confinement, le nombre de livraisons a été multiplié par 15 par rapport à l’année précédente », poursuit-il. « S’il y a eu une accalmie ensuite, le niveau d’activité est très supérieur à celui d’avant la crise ». Au total, 50 000 foyers ont commandé sur Epicery en 2020.
L’e-boutique prendra-t-elle un jour la place magasins physiques ? « Non, rien ne remplacera jamais la visite en magasin ou le passage au marché », répond cependant le fondateur. « Mais Epicery constitue une solution efficace pour ceux qui ne peuvent se déplacer ou qui ne souhaitent pas se rendre régulièrement dans les magasins. C’est une alternative qui entend valoriser le travail des indépendants », argumente Edouard Morhange, dont la plateforme permet également de se faire livrer les produits de Monoprix et Naturalia. « L’e-commerce alimentaire est passé de 10 % à 15 % de part de marché pendant le confinement et à terme, devrait atteindre 25 %. C’est une perspective qu’il faut anticiper ».
Un maillage qui s’accélère
La ruée des consommateurs sur les solutions d’e-commerce ces derniers mois a notamment permis à Epicery d’étendre son maillage du territoire. « Outre la région parisienne, nous couvrons désormais les villes de Lyon, Bordeaux, Lille et Toulouse », précise Edouard Morhange. Un maillage du territoire qui va se poursuivre dans les prochains mois, annonce le fondateur. « Nous avons programmé des implantations dans une quarantaine de villes de plus de 50 000 habitants ou la livraison a du sens. En deçà de cette taille, nous réfléchissons à d’autres formes d’accompagnement à la digitalisation, sans livraison, mais avec du paiement à distance par exemple. » Le site a également ouvert ses portes ces derniers mois à des traiteurs français, italiens et grecs et à une sélection de « cantines » comme le Bouillon Pigalle à Paris. « L’ambition n’est pas d’aller sur le terrain des grandes plateformes mais de proposer une restauration plus premium avec une livraison responsable ».