Le groupe Soufflet poursuit sa transformation vers l’agroalimentaire
À la faveur d’acquisitions et d’une réorganisation de sa filière blé, le groupe Soufflet modifie son visage agricole vers un profil plus agroalimentaire afin de trouver davantage de valeur ajoutée. C’est dans cette optique que le pôle bakery a vu le jour.
« Avec l’intégration des nouvelles activités et sans renier ses fondamentaux, l’entreprise évolue vers un profil de plus en plus agroalimentaire », commente Olivier Clyti, membre du directoire et directeur des opérations du groupe Soufflet, dans le rapport d’activités 2015-2016 du groupe. Sur cet exercice écoulé, le groupe a réussi à améliorer sa rentabilité avec un Ebitda qui est passé de 203 à 210 millions d’euros. Son chiffre d’affaires a toutefois reculé à 4,650 milliards d’euros contre 4,812 milliards d’euros un an plus tôt, en raison notamment de la baisse du prix des céréales.
Pour poursuivre sa transformation vers un profil davantage agroalimentaire, le groupe a créé en milieu d’exercice un pôle bakery. Il « représente un pas significatif pour valoriser notre maîtrise de la filière blé et accélérer notre développement, indique Olivier Clyti, il a d’ores et déjà débouché sur l’enrichissement de notre portefeuille produits par la rénovation des gammes et la création de produits innovants, fruits des travaux combinés entre R&D et marketing de nos activités meunerie, ingrédients et boulangerie-viennoiserie ».
Réorganisation industrielle de Neuhauser
Son pôle s’est construit autour de la société Neuhauser acquise il y a deux ans et que le groupe souhaite remettre sur les rails, face à un marché très concurrencé, notamment en France. La création du pôle bakery a permis à la société de doubler ses effectifs en R&D. Neuhauser a également poursuivi l’amélioration de son outil industriel et le déploiement des programmes d’amélioration de la performance sur l’ensemble des sites. Plusieurs usines ont bénéficié d’investissements importants. Le site de Saint-Paul-en-Jarez (Loire) a gagné en productivité grâce à la rénovation de l’automatisation en fin de ligne. Les sites de Pithiviers et de Carros, en surcapacité, ont été fermés.
Neuhauser a réalisé sur l’exercice écoulé un chiffre d’affaires de 428,6 millions d’euros, dont 45 % hors de France. Cette part pourrait d’ailleurs à l’avenir progresser. Sa filiale portugaise, Panpor, ambitionne de tripler les volumes produits des « pastéis de nata » pour atteindre 50 millions de pièces en 2016 et 150 millions à plus long terme, dans une perspective d’exportation. Une septième ligne de production a été installée dans cet objectif. Panpor revendique 25 % de parts de marché.
+5 % des ventes aux industriels pour Moulins Soufflet
Son pôle meunerie, autre bras armé de son nouveau pôle bakery, a atteint un chiffre d’affaires de 418 millions d’euros et a bénéficié de 10 millions d’euros d’investissements industriels (+27 %). Moulins Soufflet se félicite d’avoir conquis de nouveaux clients industriels, lui permettant d’augmenter ses ventes de 5 % vers cette cible. Moulins Soufflet continue de développer ses ventes de farines sous charte de production en France comme à l’étranger. Un quart de farines vendues par la société aux industriels sont produites dans ce cadre. « Cette proportion devrait rapidement atteindre le tiers de sa production. Dans cette perspective, Moulins Soufflet poursuit le développement de ses contrats de filières », précise le groupe dans son rapport d’activités.
L’outil industriel a également été adapté aux besoins du marché. En décembre 2015, la division a ainsi pris la décision de fermer les sites de production de Lozanne (Rhône) et de Strasbourg (Bas-Rhin). Ce pôle meunerie a aussi participé à l’optimisation des recettes des produits de boulangerie-viennoiserie industrielle de Neuhauser avec AIT Ingrédients, autre filiale du groupe Soufflet, et assuré le sourcing des blés français. Les échanges en R&D avec Neuhauser et Soufflet Biotechnologies au sein du pôle bakery ont été nombreux, aboutissant d’ailleurs au dépôt d’un brevet en juillet 2016 dans le domaine de l’usage de la farine en milieu non alimentaire.
Développement international en malterie
Dans le domaine de la malterie, le début de l’exercice a été marqué par la finalisation de l’acquisition, en juillet 2015, de la malterie de Burton upon Trent, en Grande-Bretagne. Le site offre une capacité de production annuelle de 128 000 tonnes de malt par an. Cette acquisition « consolide la place de premier malteur mondial de Malteries Soufflet », affirme le groupe. Fin juin 2016, Soufflet pousse davantage ses pions à l’étranger en reprenant la malterie indienne Alwar d’une capacité de 18 000 tonnes. « Cette acquisition constitue la seconde étape dans le développement des activités de la filière orge du groupe en Inde », note Soufflet. Ce marché lui ouvre des possibilités importantes de développement puisque la consommation actuelle de bière en Inde est très faible, et c’est le premier pays consommateur de whisky lorsqu’il importe très peu de malt, précise le groupe.
Malteries Soufflet est désormais présent dans 14 pays, avec 19 sites de production. Sa capacité de production est de 2,280 millions de tonnes de malt. Le groupe entame une réflexion pour améliorer la durabilité et la traçabilité de ses productions.
L’enseigne Pomme de pain modifie son positionnement
Avec le rachat de Neuhauser, Soufflet a aussi récupéré un nouveau métier, la restauration rapide, avec l’enseigne Pomme de pain. La conjoncture économique et les attentats en France n’ont pas facilité la vie de l’enseigne qui a vu ses ventes reculer de 5,9 % sur l’exercice 2015-2016. Dans ce contexte, Pomme de pain a mené une étude pour revoir son positionnement, conduisant au lancement d’un nouveau concept et d’une nouvelle signature. Un premier magasin test a ouvert au cours du dernier trimestre 2016, autour de la notion de fast-food. Par ailleurs, l’enseigne propose désormais un libre-service et un service de livraison. La carte a été également renouvelée avec de nouveaux sandwichs, une gamme de produits froids et une gamme de « street food ». « L’enseigne a structuré son organisation pour assurer plus de dynamisme dans le lancement de produits », selon Soufflet.