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Lait : la production va augmenter dans le monde, la demande va-t-elle suivre ?

Alors que les indicateurs sont au vert du côté de la collecte laitière des principaux bassins exportateurs, comment va se comporter la demande internationale ? Les analystes de Stone X délivrent des prévisions de prix des produits laitiers industriels sur 2025 assez élevés.

sur fond de ports de commerce avec porte conteneur, une fléche qui monte dessinée en éclaboussures de lait
La demande mondiale de produits laitiers va-t-elle absorber la hausse de la collecte attendue chez les principaux exportateurs en 2025 ?
© Généré par l'IA

« Sauf s’il y a des phénomènes climatiques défavorables, ou une crise sanitaire, la production de lait devrait croître chez les principaux exportateurs de produits laitiers », annonce Nate Donnay, directeur des études de marchés chez StoneX lors d’un webinaire. Un optimisme qui conforte les prévisions de la Rabobank.

Des conditions incitatives pour le lait aux États-Unis

Les marges brutes des éleveurs laitiers ont atteint des records outre-Atlantique fin 2024. « Elles se tassent actuellement mais devraient rester, sur 2025, à des niveaux rémunérateurs » prévoit Nate Donnay. Le pays a d’ailleurs gagné 46 000 vaches laitières depuis juillet, « même si la progression du cheptel ralentit, il devrait encore augmenter dans les mois à venir », prévient l’expert. 

Quelles sont les conséquences de la grippe aviaire sur la collecte de lait en Californie ?

Plus de 60 % des exploitations laitières de Californie ont été touchées par la grippe aviaire. Or c’est le plus grand État laitier des États-Unis, avec plus de 1 000 exploitations agricoles et 20 % du lait américain. 

 «En Californie, les conséquences ont été bien plus fortes, avec une chute de la collecte de 3,4 % en octobre puis 9,2 % en novembre »

Selon les analyses de Stone X, sur les données des autres États, l’épidémie de grippe aviaire a un impact sur la collecte laitière pendant environ 3 mois avec une chute de 2,5 % au pire moment. « Mais en Californie, les conséquences ont été bien plus fortes, avec une chute de la collecte de 3,4 % en octobre puis 9,2 % en novembre et sur décembre la baisse devrait être encore de 5 à 7 % » avance Nate Donnay. Les causes de ce repli beaucoup plus fort qu’ailleurs restent inconnues, mais « la météo joue peut-être un rôle puisqu’il y avait encore des températures très élevées au début de l’épidémie et les vaches étaient en stress thermique », réfléchit Nate Donnay. 

Cette baisse de la collecte en Californie a eu des conséquences au niveau fédéral, mais « la collecte américaine devrait renouer avec la croissance sur février ou mars » estime l’expert. 

En Nouvelle-Zélande, la collecte progresse, mais moins que prévu

Si les prix du lait en Nouvelle-Zélande étaient très élevés en 2024, les marges, elles, n’ont pas dépassé de records à cause de la hausse des coûts de production. Pour autant, elles restent rémunératrices. « Il y a eu des inquiétudes en décembre avec une sécheresse anormale mais la pluie est revenue est la situation est plus favorable », explique Nate Donnay, jugeant que cette météo pourrait avoir tassé la collecte et que, sur la campagne, si les conditions climatiques restent normales, la hausse de la collecte pourrait n’être que de 2,4 %. 

En Europe, une hausse de la collecte attendue au premier semestre

Les coûts de production européens sont relativement stables sur les 3 derniers mois et plutôt modérés au regard de la moyenne quinquennales. Les marges de producteurs de lait sont restées élevées au quatrième trimestre 2024, même si elles redescendent un peu, « elles sont toujours bonnes » calcule John Lancaster, responsable de la division Europe de Stone X.

graphique : Evolution des marges brutes des producteurs de lait en Europe (Prix du lait moins coût alimentaire, en €/100 kg)
Évolution des marges brutes des producteurs de lait en Europe (Prix du lait moins coût alimentaire, en €/100 kg)

Les experts s’attendent donc à une hausse de la collecte de la zone UE et du Royaume-Uni sur le premier semestre 2025. « En espérant que les maladies soient sous contrôle », nuance John Lancaster. Pour l’heure la FCO progresse moins vite grâce aux températures hivernales, et la vaccination semble en bonne voie pour le printemps, mais c’est le cas de fièvre aphteuse en Allemagne qui inquiète.

Lire aussi : A quoi ressemblera l’Europe laitière dans 10 ans ?

Une demande mondiale en produits laitiers diversement orientée

Face à ces prévisions de probable hausse de l’offre internationale avec la progression attendue de la collecte dans ces trois bassins exportateurs, la tenue du marché dépendra de la demande. 

Des importations chinoises qui pourraient se stabiliser

En Chine, la production de lait est en crise. La collecte laitière aurait baissé de près de 5 % en 2024 , avec une baisse du cheptel de 3 à 5 %. Lu Shi, analyste de Stone X explique « la collecte chinoise devrait encore reculer en 2025 de 5 à 7 % et peut-être remonter sur le dernier trimestre ». Elle communique sur une consommation « en baisse de 1 à 5 % sur 2024, et des replis toujours attendus en 2025, avec un contexte économique négatif » mais elle pointe que « la production pourrait avoir reculé plus vite que la consommation ».

« Une stabilisation des achats chinois est envisageable sur 2025, ce qui donnerait de l’air au marché »

 De quoi envisager l’arrêt de la baisse des importations chinoises de produits laitiers ? Depuis début 2022, chaque mois affiche une baisse par rapport au même de l’année précédente, malgré la signature de l’accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande. « Une stabilisation des achats chinois est envisageable sur 2025, ce qui donnerait de l’air au marché », juge Lu Shi.

Un tassement de la demande des autres pays

Les achats de produits laitiers par les autres pays que la Chine progressent nettement depuis 2023 mais ils se sont tassés sur la fin de 2024 à cause des prix très élevés. « On est sur un équilibre global, mais il ne faut pas exclure des lourdeurs sur certains produits » prévient Lu Shi.

Lire aussi : Produits laitiers : l’Indonésie, un marché en pleine croissance qui veut améliorer son autosuffisance

Quelles prévisions pour les prix des produits laitiers en Europe ?

Les analystes de StoneX ont délivré leurs prévisions d’évolution des prix des produits laitiers sur le marché européen. Pour le beurre, après les records atteints sur le second semestre 2024, ils envisagent un tassement, certes, mais des niveaux toujours aux alentours de 7 000 €/tonne sur l’année 2025, car même si les fabrications peuvent se reprendre, les stocks sont vides. La moyenne triennale se situe à 6 108 €/tonne et la quinquennale à 5 190 €/tonne.

Les prix de la poudre de lait pourraient progresser

Une certaine fermeté est attendue par Stone X sur le marché de la poudre de lait écrémé avec un niveau à 2 800 €/tonne à la fin de l’année. Les analystes pointent par ailleurs l’écart de prix entre le lactosérum américain et l’européen qui pourrait profiter à l’export communautaire. 

Lire aussi : Lactosérum : la France, leader européen, risque de perdre du terrain sur le marché mondial

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