Saumon et foie gras
Labeyrie Fine Foods veut devenir « champion du monde »
Constitué de nombreuses acquisitions depuis 2000, Labeyrie Fine Foods se recentre sur ses fondamentaux et se réorganise avant d’entamer un développement international, sous l’impulsion de son nouveau patron, Frédérick Bouisset.
Constitué de nombreuses acquisitions depuis 2000, Labeyrie Fine Foods se recentre sur ses fondamentaux et se réorganise avant d’entamer un développement international, sous l’impulsion de son nouveau patron, Frédérick Bouisset.
Frédérick Bouisset, ex-président du directoire de Fleury Michon puis président de Lactalis American Group, a été appelé par le fonds PAI à la tête de Labeyrie Fine Foods (LFF) il y a plus d’un an pour réorganiser le groupe et le porter davantage sur le marché international, avant une éventuelle mise en Bourse. Il a expliqué le 14 septembre à la presse le travail déjà effectué et sa feuille de route. « Depuis 1972, Labeyrie fait du foie gras et du saumon fumé. On veut devenir champion du monde sur ces deux piliers », a résumé celui qui a commencé l’aventure en allant rencontrer Robert Labeyrie, 95 ans, et créateur du groupe. Exit le snacking, le groupe qui a cédé l’an passé la société Labeyrie Traiteur Surgelé (LTS) à Ajinomoto et arrêté l’usine Le Traiteur grec à Orléans se recentre sur ses fondamentaux, dans lesquels l’apéritif tient sa place.
Deux acquisitions : Piszolla et la maison Alain François
En 2018, LFF a discrètement réalisé deux acquisitions en ce sens : en février, le groupe espagnol d’aquaculture Piszolla (14 M€ de CA) en joint-venture avec la coopérative Aqualande, puis en mai, le spécialiste du foie gras Maison Alain François (29 M€ de CA). Installé près de Burgos, « Piszolla produit 4 500 t de truites, cela va nous permettre d’alimenter l’usine de Sarbazan pour les deux à trois ans qui viennent », commente Frédérick Bouisset. Quant à Maison Alain François, son acquisition permet à Labeyrie de développer son offre à destination de la restauration et surtout de diversifier sa zone de production.
La PME élève 85 000 canards et les abat au sud de Nantes. « On voulait un second site en France en dehors du Sud-Ouest en cas de grippe aviaire », confie le président-directeur général de Labeyrie. Un peu plus de 3 millions d’euros vont être investis dans l’abattoir de Bouaye, et l’élevage doit basculer sous Armonia 5S, bâtiment aux normes de biosécurité déjà déployé dans le Sud-Ouest moyennant un budget de 20 millions d’euros.
Une nouvelle organisation
En 2017-2018, Labeyrie Fine Foods a enregistré 1,047 milliard d’euros de chiffre d’affaires, réalisé à 12 % avec le foie gras, 50 % le saumon, 20 % les crevettes et 18 % les tartinables, avec de bons résultats financiers. Le groupe affirme être leader en foie gras et en saumon fumé avec sa marque Labeyrie, leader en crevette avec Delpierre et des blinis et tartinables avec Blini et L’Atelier Blini. Mais, ambitieux, il se dote d’une nouvelle organisation pour faire encore mieux. Pour plus d’efficacité, des fonctions supports ont été créées au niveau du groupe : RH, opérations (industriel, achat, qualité, R & D), systèmes d’information, juridique et finance.
Les usines peuvent désormais se comparer entre elles
« On a créé un nouveau poste, directeur des opérations groupe, confié à Thierry Guegen en avril (qui a été directeur supply et industriel de différents groupes internationaux comme Mondelez Latin America, Danone Dairy South East Europe ou Thai Union, ndlr), les usines peuvent désormais se comparer entre elles », souligne Frédérick Bouisset, reconnaissant appliquer là quelques pratiques du groupe Lactalis. Une nouvelle organisation qui devrait conduire à économiser 20 millions d’euros dans les années qui viennent.
Sur le plan commercial, les activités ont été regroupées au 1er juillet en quatre pôles : international (piloté par Craig Walker, ex-responsable de LFF au Royaume-Uni), marchés spécialisés (piloté par Jean-Claude Hernandez, ex-directeur de la division circuits spécialisés), prémium & trendy foods (piloté par Pierre-Yves Ballif, ex-DG de Blini en tant que président et Jacques Trottier, ex-directeur général de Labeyrie, en tant que directeur général) et marée & métiers (piloté par Philippe Darthenucq en tant que président et Stanislas Giraud en tant que directeur général, tous deux ex-dirigeants de Delpierre).
Le pôle prémium & trendy foods, qui pèse environ 400 millions d’euros, regroupe toutes les marques du groupe dédiées au libre-service en GMS. « Nous avons désormais une équipe de huit personnes en catégorie management qui travailleront enseigne par enseigne », indique Frédérick Bouisset, précisant que toutes les équipes commerciales ont été fusionnées. Marée & métiers (environ 150 M€ de CA) comprend l’offre dédiée à la marée et au rayon préemballé et est dotée d’une force de vente spécifique. Le pôle marchés spécialisés regroupe l’offre dédiée à la distribution spécialisée bio, aux distributeurs de produits surgelés, aux MDD et à la RHD. « Cette activité représente environ 170 millions d’euros de chiffre d’affaires. C’est un relais de croissance, on pense arriver à 200 millions d’euros d’ici deux à trois ans », avance le patron de LFF.
Les États-Unis et la Chine en ligne de mire
Le pôle international qui pèse moins de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires est celui sur lequel il porte le plus d’ambition. « Nous devrions rapidement dépasser les 50 % de chiffre d’affaires », avance Frédérick Bouisset qui confie regarder vers les États-Unis et la Chine pour réaliser des acquisitions. LFF vient d’ouvrir un bureau au Canada où des produits sont testés. « Nous avons dix cibles potentielles en Europe, dix cibles en Chine et dix cibles aux États-Unis dans le pipeline », confie-t-il. Les secteurs prioritaires : les produits de la mer et les tartinables. Les entreprises regardées ont de 20 à 200 millions d’euros de chiffre d’affaires.
La marque veut s’implanter dans les aéroports
Peu connue en dehors de la France et de quelques pays d’Europe, la marque Labeyrie pourrait prochainement s’implanter dans les aéroports à travers des corners. « C’est une bonne façon de donner de la visibilité à notre marque », commente Frédérick Bouisset. Le concept sera présenté au prochain Sial. En discussion avec Lagardère, Dufry et LVMH, le groupe vise quarante corners d’ici à deux ans. « D’abord à Roissy en 2019, puis en Europe et sur le reste de la planète », souligne le dirigeant. En revanche, le groupe a mis fin à ses kiosques de saumon fumé sur place en grande distribution. La marque Maison St-Geours a été arrêtée et le concept cédé à Carrefour.