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Consommation
« La survie va passer par le local »

Dix-huit marques sont réunies pour réfléchir et avancer vers une alimentation plus positive, au sein de la communauté Pour nourrir demain, constituée en plein Covid-19. Interview de Sylvain Zaffaroni qui les a réunies avec Marion Mashhady.

Sylvain Zaffaroni, cofondateur de la communauté Pour nourrir demain. © DR
Sylvain Zaffaroni, cofondateur de la communauté Pour nourrir demain.
© DR

Les Marchés Hebdo : Comment est née la communauté Pour nourrir demain ? Qui la compose ?

Sylvain Zaffaroni : Cela a commencé en 2015 avec Marion Mashhady, mon associée, nous avions alors une agence de communication digitale et avions tous les deux une vraie passion pour l’agroalimentaire. On a décidé de lancer un blog (pour-nourrir-demain.fr) pour parler des produits que l’on voyait à l’étranger, avec une ligne éditoriale très claire : l’alimentation positive. On pensait alors que l’alimentation allait vite changer. Petit à petit, des patrons nous ont appelés, celui de Nestlé, de Darégal par exemple. Au départ, on a fait de la veille, puis nous sommes intervenus dans des comités de direction, de 60 marques en un an ! De fil en aiguille, on est devenus un vrai média avec 17 000 abonnés. Le 21 novembre dernier, on a réuni les représentants de plus de 60 marques françaises sur une journée, où ils ont réfléchi sur l’alimentation positive, nous avons élaboré une cartographie des engagements des IAA, puis l’après-midi, des consommateurs sont venus les défier. Cela a été un succès, dans la foulée, nous avons décidé d’ouvrir un programme de 10 jours auquel une communauté de marques pouvait adhérer et travailler ensemble sur divers engagements (emballage, eau, innovation…). Sur une centaine de candidatures, nous en avons retenu 18 (dont Le Gaulois, Danone, Stoeffler, Perle du Nord, Fleury Michon, Guyader, Alpina Savoie…, ndlr). Nous avons prévu une réunion de lancement le 11 juin, puis la première réunion portera sur l’emballage. Beaucoup veulent nous rejoindre, nous allons sûrement créer une deuxième promotion en janvier prochain.

LMH : Quel est l’objectif de cette communauté ?

S. Z. : Nous allons les accompagner vers une alimentation positive sachant que les 18 marques sont déjà engagées en ce sens. À la fin, on espère faire un livre blanc sur ce que cette expérience a changé dans les entreprises.

Tout le monde va intégrer cette génération Covid qui va durer

LMH : Vous avez passé le confinement à rédiger un livre blanc sur « comment les Français vont consommer après le confinement ? », comment avez-vous procédé ?

S. Z. : Nous avons appelé nos 18 membres tous les quinze jours pour voir notamment comment évoluaient leurs ventes. Famille Michaud nous a ainsi rapporté comment les ventes de miel avaient progressé de 80 % en 15 jours. On a vu le bio croître plus vite. Nous avions aussi nos certitudes et convictions. Et nous avons complété avec ce qu’il se passe à l’étranger.

LMH : Qu’est-ce qui vous fait croire qu’il y a une « génération Covid » ?

S. Z. : Les changements, au départ sous la contrainte du confinement, sont devenus des habitudes. Les marques ont produit pendant plusieurs mois seulement leurs best-sellers, le consommateur est resté prudent au niveau du prix. On pense que les bonnes habitudes vont rester, et qu’avec la crise économique qui arrive, on va inévitablement à court terme vers une alimentation à deux vitesses. Pour autant, même l’alimentation de base va être tirée vers le haut. Les produits essentiels vont devenir plus vertueux, bios, locaux.

Même l’alimentation de base va être tirée vers le haut

LMH : Oui, mais quel est le profil de cette « génération » ?

S. Z. : Il n’y a pas de profil, tout le monde va intégrer cette génération Covid qui va durer. Chacun a vécu le confinement à sa façon et des choses vont ressortir sur leur comportement, un peu comme lors d’une guerre, même si je ne sais pas s’il faut faire cette comparaison.

LMH : Certains pensent que la consommation va redevenir la même qu’avant le Covid-19, et vous ?

S. Z. : Non, je ne pense pas, car tout simplement cette crise peut revenir. La société et le monde rentrent dans une période où l’on aura des crises économiques, climatiques et sanitaires. Je suis persuadé que cela va créer une économie locale. Les acteurs qui ont le mieux réagi à la crise étaient ceux qui étaient ancrés dans le local. Je pense notamment à Alpina Savoie, dont la crise a renforcé cette attitude. La notion de survie des entreprises va passer par le local.

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