Prévention des TMS
La gymnastique n’est qu’un premier pas
Les TMS représentent 87 % des maladies professionnelles en France. Face à leur augmentation, la pratique d’exercices physiques en entreprise se développe. L’INRS en a évalué les pratiques et recommande une vision plus large que de simples échauffements.
Face au fléau que représentent les troubles musculo-squelettiques (TMS) et leurs quelque 42 500 cas annuels déclarés, très largement sous-estimés, des programmes d’échauffement, de renforcement musculaire et d’étirement sont de plus en plus souvent proposés aux entreprises par des intervenants extérieurs qui orientent généralement les efforts de prévention vers des approches individuelles. Toutefois, ces pratiques posent question, notamment en l’absence de remise en question des postes et des modes d’organisation du travail, prévient l’Institut national de recherche et de sécurité (l’INRS) qui vient d’évaluer les techniques d’exercices physiques proposés.
Jusqu’à présent, les expériences ont surtout été évaluées dans le secteur tertiaire et des tâches physiques assez légères (bureau, administration, centres d’appel, techniciens de laboratoire…). Dans son document de synthèse, disponible sur son site, l’organisme public rappelle que la mise en place d’une démarche de prévention des risques professionnels est une obligation réglementaire pour l’employeur dans le cadre d’un processus d’amélioration continu, dont la prévention des TMS.
L’INRS a réalisé une revue de la littérature sur les pratiques et des techniques mises en place selon les types de TMS.
Une durée minimale d’une heure par semaine
Outre la nature des exercices, la planification, le rythme et la durée des séances jouent un rôle important dans la participation des salariés sans que les chercheurs ne puissent proposer les caractéristiques optimales d’un tel programme. Une durée minimale d’une heure par semaine semble toutefois une base pour autant qu’elle soit segmentée et répartie en séances quotidiennes ou trihebdomadaires, selon qu’elles visent les lombalgies ou la réduction des douleurs cervicales par exemple. Les premiers changements significatifs ne sont pas immédiats : six à douze semaines pour améliorer la capacité musculaire, quatre à six semaines pour l’amplitude articulaire…
10 semaines au minimum
Les experts recommandent en général un programme de 10 semaines au minimum, et cela sur le lieu de travail qui reste un réel atout dans l’adhésion des salariés. Établir des objectifs clairs de réduction des douleurs, de l’absentéisme…, partagés par les salariés volontaires pour suivre le programme, et évaluer régulièrement les effets sont obligatoires. Le renforcement de la communication et de l’esprit d’équipe apparaît comme un bénéfice réel.
L’INRS alerte toutefois sur le besoin d’un encadrement adapté à l’état de santé de chaque salarié et incite pour cela les entreprises à travailler avec le service de santé au travail. Mais, surtout, de tels programmes ne doivent être instaurés qu’en complément des autres actions de prévention globales dont la conception des postes de travail.
Témoignage d’un coach sportif
Ce qui importe dans la mise au point d’un programme pour réduire les TMS c’est de bien observer les postes de travail. « Nous l’avons fait pour les agents de l’Ehpad et le construisons pour la restauration collective de Coulaines à la demande de la mairie. Une personne en restauration collective va beaucoup porter et souffrir plus fréquemment des bras qu’une personne chargée de l’entretien qui au contraire va beaucoup se baisser et souffrir du dos. À nous de construire un ensemble réellement adapté, à conduire de façon encadrée au minimum une à deux fois par semaine, idéalement tous les jours en sus des adaptations des postes de travail », commente Florent Launay, coach sportif du club JSC pour la commune de Coulaines (Sarthe). Selon lui, « il faut voir plus large. Par exemple, une secrétaire devrait travailler deux heures par jour non pas sur une chaise mais sur un gros ballon ».