RSE
La filière chocolat fait le point sur ses engagements
Les entreprises chocolatières françaises ont fait le point, à l’occasion du Salon du chocolat à Paris, sur leur démarche RSE. Entre traçabilité, réduction des déchets, aides aux familles de producteurs ou démarches qualité, les efforts se multiplient, mais les entreprises veulent aller plus loin. Témoignages.
À l’occasion du Salon du chocolat, qui s’est déroulé entre le 31 octobre et le 4 novembre 2018 à Paris, le Syndicat du chocolat a tenu, lors d’une conférence de presse, à communiquer sur les engagements des entreprises dans leur démarche de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « À l’échelle mondiale, la filière chocolat française étonne ses homologues à l’étranger de par ses engagements forts dans le développement durable », s’est félicité Patrick Poirrier, président-directeur général du groupe Cémoi.
Les démarches RSE s’inscrivent dans plusieurs secteurs selon les sociétés, tant au niveau d’économie d’énergie pour les usines, le soutien aux producteurs de cacao en Afrique, que de la communication et la nutrition. De nombreuses entreprises ont fait de la traçabilité de leurs ingrédients l’une de leur priorité. Ferrero, de retour au Salon du chocolat depuis sa dernière participation en 2012, a réussi à tracer 100 % de son huile de palme depuis 2015, et présente comme objectif d’en faire de même pour ses noisettes d’ici à 2020.
Il reste encore beaucoup à faire
« Nous allons tenir nos engagements sur la traçabilité et la durabilité de l’intégralité de notre approvisionnement en cacao d’ici à 2020 », commente Jean-Baptiste Santoul, président-directeur général de Ferrero France. Le groupe présente des engagements auprès de ses producteurs, comme au Ghana, où il réalise 24 % de son approvisionnement. La société a signé avec le gouvernement ghanéen et les collectivités locales les accords Ferrero Cocoa Community Commitment (F3C). Ce programme agricole vient en aide aux familles des producteurs, en favorisant la scolarisation des enfants. « Nous avons déjà touché 8 800 familles et plus de 26 000 enfants. Ces actions sont concrètes, mais il reste encore beaucoup à faire », annonce Jean-Baptiste Santoul. Le groupe s’est aussi engagé en 2017 dans les accords collectifs de New York, pour lutter contre la déforestation en particulier au Ghana et en Côte d’Ivoire.
Même son de cloche du côté de Cémoi, qui aura investi d’ici à fin 2018 dans son programme transparence cacao, 5,7 millions d’euros, à destination de ses planteurs de cacao et des trente-trois coopératives agricoles africaines avec lesquelles le groupe chocolatier travaille.
Objectif : réduction des déchets
Le groupe chocolatier Révillon, spécialiste des papillotes, a décidé il y a cinq ans de se lancer dans la démarche RSE de réduction de l’emballage, se déclinant en trois axes : réduction à la source, utilisation d’alternatives moins polluantes, ainsi que l’écoconception, c’est-à-dire l’assurance d’une filière de tri pour donner une seconde vie aux emballages recyclables. Ces engagements ont permis à la société d’économiser 9,3 tonnes de plastique par an.
Outre Révillon, Cémoi recycle actuellement 80 % de ses déchets d’usine, et présente l’objectif d’atteindre 100 % d’ici à 2021. Le groupe, souhaitant aussi réduire sa consommation d’énergie, a installé des montages photovoltaïques et des systèmes de récupération d’énergie issue des déchets sur son usine de Torremila (Pyrénées-Orientales). « Pour le même nombre de tablettes sorties, nous avons réduit notre consommation d’énergie de 13 % grâce à l’énergie verte », indique Joaquin Muñoz, directeur du développement durable à Cémoi.
La nutrition en ligne de mire
Nestlé a fait de l’amélioration du profil nutritionnel de ses produits l’une de ses priorités, en s’appuyant sur les recommandations de l’OMS. « Nous communiquons beaucoup sur la portion, pour aider les consommateurs à manger nos produits dans de bonnes quantités. Nous avons donc réduit les portions de nos barres chocolatées », déclare Sylvie Willemin, directrice nutrition de Nestlé France. Le premier groupe agroalimentaire mondial est également en train de raccourcir la liste d’ingrédients de ses produits chocolatés. « Une réduction spécifique à chaque produit, qui ne doit pas détériorer le profil nutritionnel de chacun », ajoute-t-elle.
Le groupe Cémoi présente des objectifs similaires, avec aucun ingrédient génétiquement modifié utilisé dans la conception de ses chocolats, et la suppression d’« ingrédients superficiels », comme Joaquin Muñoz les qualifie. « Nous avons éliminé le dioxyde de titane, E171, de nos confiseries chocolatées », déclare-t-il.
Cémoi choisi par C’est qui le patron ?!
Le groupe Cémoi possède des engagements forts sur le made in France. « Hors cacao, 70 % de nos approvisionnements sont faits en France, entraînant une base de coûts plus importante », explique Joaquin Muñoz. Grâce à tous ses engagements RSE, le chocolatier a été choisi par C’est qui le patron ?!, la marque créée par Nicolas Chabanne connue pour rémunérer au mieux ses producteurs, pour fabriquer ses tablettes de chocolat. Ces nouvelles tablettes sont disponibles dès maintenant dans les GMS.
Nous avons réduit les portions de nos barres chocolatées
La consommation de chocolat en France est stable depuis plusieurs années, s’établissant à plus de 336 000 tonnes par an, soit 7,3 kg par habitant par an. La France, qui bénéficie d’un pays doté d’un savoir-faire chocolatier, exporte 63 % de sa production de chocolat.
Retard à l’allumage de la norme européenne
Espérée pour l’ouverture du Salon du chocolat à Paris, une norme européenne définissant le cacao durable ne verra finalement pas le jour avant 2019. L’élaboration de la norme, sur laquelle travaillent, depuis six ans, pays producteurs, organismes certificateurs et industriels, connaît un dernier écueil. « Il y a encore un désaccord aujourd’hui sur la dernière partie, qui concerne les modalités de contrôle de la norme », selon Florence Pradier, secrétaire générale du Syndicat du chocolat. En cause, entre autres, les coûts liés aux mécanismes de contrôle. Les discussions sont en cours afin d’assouplir le protocole de contrôle tout en préservant sa crédibilité. Florence Pradier espère une issue heureuse au plus tard fin 2019. Selon la FAO, les surfaces plantées en cacao sont passées de 4 millions d’hectares en 1970 à 10 millions en 2013.