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Pour sauver la filière bio : "les Français devraient consommer comme les Danois"

Le 18 octobre, Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio et Philippe Camburet, président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) étaient auditionnés par la commission des affaires économiques du Sénat. Bilan : le bio a encore besoin de structures et de financements pour continuer de rayonner.

Laure Verdeau a pu faire le point sur la filière bio.
Laure Verdeau, directrice de l'Agence Bio était auditionnée le 18 octobre 2023 au sénat.
© Sénat

Le bio français est-il à bout de souffle ? En 2022, la part du bio dans la consommation alimentaire des ménages s’élevait à 6,1% contre 6,7% en 2021. Un repli provoqué par l’inflation. Pourtant, le gouvernement maintient son objectif d’atteindre 18% de surface agricole utile (SAU) d’ici à 2027 et de 21% en 2030. C’est pour faire le point sur la filière bio que mercredi 18 octobre 2023, la commission des affaires économiques du sénat auditionnait Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio et Philippe Camburet, président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB).

Lire aussi : « Détournement de l'écorégime » : la Fnab dénonce une nouvelle baisse des aides à la bio

« Consommer comme des Danois »

Pour Laure Verdeau, la France a la possibilité de faire aussi bien que ses voisins européens : « Nous sommes à 6% de consommation en bio, soit le même chiffre que les Américains. Or, les Allemands sont à 9% et les Danois et  les Autrichiens, autour de 12%. Nous devons consommer comme les Danois. Le bio est un secteur où il y a davantage d’offre que de demandes. Il faut donc remodeler l’offre et montrer aux Français que le bio est pour tout le monde.» 

"70% du bio que nous consommons est produit en France"

Face aux sénateurs présents, la directrice de l’agence a donné trois pistes : réexpliquer aux consommateurs ce qu’est le bio, pourquoi le bio est utile pour l’environnement et la protection de la biodiversité et comment on peut en acheter quelque soit son pouvoir d’achat. Et ce alors que des menaces de déconversions bio pèsent sur quelques-unes des 60 000 fermes bio. « Un véritable gâchis quand on sait que 70% du bio que nous consommons est produit en France, que la France est leader européen des surfaces agricoles en bio et que nous avons des voisins allemands qui en importent beaucoup. »

Davantage de communication et d’humains sur le terrain

En 2022, la campagne publicitaire déployée par la filière bio avait permis de faire mieux comprendre le label bio. Pour 2023, le gouvernement a donc décidé de rallonger le budget communication de l’Agence Bio de 5 millions d’euros par an pendant 3 ans. Un argent qui servira notamment à des publicités télévisées à des heures de grande écoute.

« L’autre problématique du bio, notamment dans les cantines scolaires dans le cadre de la loi Egalim, c’est le manque d’entente entre producteurs, abattoirs et chefs de cuisine », précise Laure Verdeau. « La solution serait de recruter sur tout le territoire des chargés de mission qui sauraient faire le lien entre tous les acteurs de la filière. Il faudrait aussi que les référentiels des CAP cuisine donnent davantage de visibilité au bio tout au long de la formation. »

Des agriculteurs qui vont manquer à l’appel

Pour Philippe Camburet, les agriculteurs bio devraient être mieux rémunérés. « Il va y avoir beaucoup de départ à la retraite dans les dix prochaines années et les fils et filles d’agriculteurs qui reprendront les exploitations ne suffiront pas. Actuellement 40% des projets d’installations agricoles sont en bio mais il faut continuer d’y inciter les autres nouveaux arrivants. »

Une nécessité alors que l’agriculture biologique subit de nombreuses critiques, notamment pour l’utilisation de cuivre et de pesticides. Une agriculture qui d’après ses détracteurs, donne l’illusion d’une « production immaculée ». Laure Verdeau a rappelé que l’agriculture biologique ne tolérait que 47 substances chimiques contre 455 pour l’agriculture conventionnelle et qu’aucun captage d’eau utilisé par une exploitation bio n’a été fermé en raison d’une pollution.  

Une aide d'urgence de 60 millions d'euros débloquée en octobre 2023

Au-delà des moyens humains et financiers, la filière bio espère enfin une politique d’achat publique alimentaire française ambitieuse. « En Suède, le gouvernement veut à terme 60% de produits bio dans ses commandes publiques, il en est déjà à 35%. L’Italie vise 40% et elle en est déjà à 25. »

La filière bio réclame davantage de moyens. En octobre 2023, le ministère de l’Agriculture y a consacré une aide d’urgence de 60 millions d’euros.

 

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