Cours des matières premières agricoles : 24 cotations à surveiller en 2024
Les variations des prix agricoles et alimentaire ont été fortes et parfois imprévisibles ces deux dernières années. Prix de la viande, cours des produits laitiers industriels, cotations des pommes de terre, la rédaction vous propose une sélection de 24 produits à surveiller cette année.
Les variations des prix agricoles et alimentaire ont été fortes et parfois imprévisibles ces deux dernières années. Prix de la viande, cours des produits laitiers industriels, cotations des pommes de terre, la rédaction vous propose une sélection de 24 produits à surveiller cette année.
Une pandémie, une guerre sur le continent européen, des événements climatiques imprévisibles qui perturbent les grandes cultures et la production maraîchère, et des crises sanitaires comme la grippe aviaire, la peste porcine et maintenant la maladie hémorragique épizootique (MHE), les marchés des produits agricoles et alimentaires sont bouleversés depuis 2020. Si de nombreux prix ont flambé, certains ont retrouvé un niveau plus normal mais les opérateurs se montrent tous prudents et méfiants dans les filières agricoles. A cela se rajoutent des événements comme les Jeux Olympiques qui pourraient doper la consommation. 24 cotations à suivre en 2024 :
- 6 prix à suivre sur le marché de la viande
- 2 cotations à guetter en volaille
- 3 prix à examiner en produits laitiers
- Les 3 cours des fruits et légumes à étudier
- 8 prix de matières premières et céréales à contrôler
- 2 indicateurs à garder à l’œil pour le transport
6 prix à suivre sur le marché de la viande
Les prix des vaches allaitantes vont-ils continuer à résister ?
En 2023, les prix des vaches allaitantes ont plafonné à des niveaux records, reflet de la baisse de l’offre. Les abattoirs expliquent que face à la décapitalisation en cours, pour donner un signal positif à l’amont de la filière, ils tiendront dans l’ensemble les prix tant que la consommation suit. Cette dernière pourrait toutefois continuer de souffrir de l’inflation, du changement des habitudes alimentaires et de la concurrence des importations.
Lire aussi : Accords de libre-échange, à quoi les filières alimentaires doivent s’attendre en 2024 ?
Quelles perspectives en vaches laitières ?
A noter que les cours des vaches laitières ont, eux, subit une correction au dernier trimestre, sous l’effet d’un mouvement de baisse européen. L’écart entre les deux s’est creusé. Dorénavant les cours européens ne sont plus sur le recul. L’offre ne devrait pas s’étoffer outre-mesure dans les mois qui viennent et la demande, toujours au rendez-vous pour le haché, devrait permettre de renouer avec l’équilibre du marché.
Le jeune bovin allaitant va-t-il confirmer son attrait ?
L’engraissement de jeunes bovins a profité de la baisse des effectifs de femelles, il connait un regain depuis 2022. En 2023, les cours sont restés à de hauts niveaux, malgré une offre plus étoffée. Si la viande de jeune bovin allaitant français est pour partie exportée, une bonne moitié reste dans l’Hexagone, notamment pour la fabrication de viande hachée pour laquelle les disponibilités en femelles sont trop limitées.
Le prix du porc à Plérin peut-il battre de nouveaux records ?
En 2023, la cotation du porc sur le MPB à Plérin a battu des records historiques au premier semestre 2023, en cause, une demande qui a baissé moins vite que l’offre. Mais depuis la demande est plus laborieuse, pénalisée par l’inflation. Est-ce que l’organisation des JO, synonyme de plateaux de charcuteries entre amis et de sandwichs jambon-beurre pour les spectateurs sera en mesure de doper la demande, comme ce qui avait été constaté en Allemagne pour la Coupe du Monde en 2006 ?
Les prix de l’agneau sous la menace de la Nouvelle-Zélande
Si 2023 a été une année faste pour l’agneau français, avec de nouveaux records de prix battus, 2024 débute dans l’inquiétude pour une filière concernée au premier plan par l’accord de libre-échange signé avec la Nouvelle-Zélande. Si l’île d’Océanie développe ses envois de gigots réfrigérés ou congelé vers le vieux continent, le marché français pourrait perdre son équilibre sur ces pièces nobles aux dates clés comme Pâques.
La production de veau de boucherie reste sous contrainte
La baisse des prix de l’alimentation d’allaitement des veaux de boucherie a donné un peu d’air aux intégrateurs, et s’est traduite sur les prix des animaux, qui restent néanmoins toujours très élevés. Pour autant, les mises en place restent contraintes par le recul du cheptel laitier et donc des petits veaux mâles disponibles.
2 prix à guetter en volaille
Les prix des œufs sous l’épée de Damoclès de la grippe aviaire
Comme tant d’autres cotations, la TNO, (Tendance Nationale Officieuse) de l’œuf destiné à l’industrie, établie chaque jeudi par Les Marchés, a dépassé ses précédents plafonds en 2023. En cause, la grippe aviaire, mais aussi une concurrence accrue des centres de conditionnement qui doivent répondre à des achats des ménages en grande distribution très dynamiques, l’œuf restant la protéine animale la moins onéreuse. Tout laisse à penser que les prix des œufs et donc des ovoproduits français devraient rester élevés à moyen terme, car la production française est moins tonique que la demande et que la création de nouveaux élevages est impossible en cage et très compliquée en code 2, les coûts des bâtiments et la hausse des intérêts bancaires rendant l’installation difficilement rentable. La directive IED accentue ces difficultés. Mais rien n’exclut une baisse globale du marché européen si les œufs ukrainiens s’imposent sur le vieux continent, ce qui pèserait sur le marché français.
Les prix du poulet pourraient baisser dans le sillage de l’aliment
Les acteurs français de la filière poulet pourraient légèrement souffler en 2024. La consommation de cette viande est en croissance en France comme à l’étranger. Les mises en place reprennent progressivement après un sévère épisode de grippe aviaire, mais l’épizootie demeure une réelle menace. En ce début d’année, elle a déjà refait surface dans plusieurs élevages de volailles. Par ailleurs, à l’export et en restauration, l'offre brésilienneet ukrainiennepullulent et se dressent comme de véritables concurrents aux entreprises françaises du fait de leur prix plus compétitif. Alors que les prix de l’alimentation animale refluent, les opérateurs répercutent ce repli sur les prix au consommateur.
3 cotations à examiner en produits laitiers
Un réveil des prix du beurre en 2024 ?
4 946 euros/tonne, c’est le niveau moyen sur 2023 de la cotation spot du beurre publiée par Atla. C’est 22 % de moins qu’en 2022 mais tout de même un niveau moyen plutôt élevé comparé aux historiques. Le marché est resté atone au premier semestre, creux en début d’année, mais haussier à partir de l’automne. Certes, les industries agroalimentaires sont prudentes dans leurs achats, alors que certains produits souffrent du manque de consommation des ménages, mais le manque de tonus de la collecte européenne soutient tout de même le marché.
Un prix d’équilibre pour la poudre de lait ?
Le marché de la poudre de lait est resté calme l’an dernier. Selon les prévisions de l’USDA, peu de changements sont attendus en 2024. Offre limitée, les fabrications étant plutôt centrées sur le fromage, et demande terne, avec le manque de dynamisme de la demande chinoise, dans un contexte de concurrence mondiale accrue : les prix de la poudre de lait écrémé devraient se maintenir dans un tunnel.
Le marché du fromage industriel plus bataillé
Si les industriels européens, américains et océaniens tendent à privilégier les fabrications de fromage, c’est que la demande mondiale est dynamique avec les nouveaux usages de consommation et la banalisation des pizzas. Pour autant, l’inflation limite la demande, ce qui a conduit à des pressions sur les prix du cheddar. L’évolution des cours dépendra de la relance de la demande, notamment en Asie.
Les 3 cours des fruits et légumes à étudier
Pas de reflux des prix des frites
Les prix des pommes de terre sont restés élevés en 2023, la récolte n’ayant pas apaisé les craintes sur l’offre. Les surfaces plantées en pommes de terre sont plutôt en contraction et les rendements 2023 dans la moyenne basse, les inondations dans le nord de la France ont aussi nuit à la qualité de certains lots. La demande est de son côté toujours tonique, tant pour l’industrie que pour l’exportation. Les disponibilités en plants sont aussi tendues pour la campagne à venir. Alors que les prix des frites surgelées battent n’ont cessé de progresser depuis novembre 2021, un retour aux niveaux d’avant ne semble guère probable.
Les prix des sauces tomates et du concentré ne devraient pas reculer
Les prix des produits à base de tomates (concentré, sauce) ont bondi depuis deux ans, avec notamment une mauvaise récolte 2022. Les Pays-Bas ont dû baisser leur production sous serre alors que les prix de l’énergie ont flambé. Difficile de prédire l’évolution des prix pour la prochaine campagne alors qu’Italie et Espagne restent très exposés aux fortes chaleurs et à la sécheresse qui peuvent nuire à la production. En Italie, la filière s’inquiète aussi du manque de main-d’œuvre. A noter que l’inflation touche aussi le process industriel, la concentration étant une des transformations les plus énergivores.
La compote pâtit de la hausse du prix des pommes
La récolte européenne de pomme a souffert en 2023 des conditions climatiques et des ravageurs, de quoi alimenter la hausse des prix de ce fruit incontournable dans la transformation, notamment pour le secteur de la compote. La récolte française était au contraire plutôt bonne mais pour le frais, réduisant le disponible à l’industrie. Or l’origine France, de plus en plus mise en avant, tire la demande.
8 prix de matières premières à contrôler
Plus d’offre que prévu, de l’air pour les prix du sucre ?
Encore un produit marqué par des records de prix en 2023, le marché du sucre s’est calmé depuis et les prix ont quelque peu redescendu de leur sommet dans l’Union européenne, notamment avec l’arrivée de sucre ukrainien. C’est d’ailleurs un des points à surveiller l’an prochain, comme le résultat de la campagne brésilienne qui s’annonce dynamique et la politique indienne qui peut jouer sur le disponible mondial.
Le cacao, une denrée rare ?
Les cours du cacao ont explosé en 2023 sur les places de Londres et New York. Les records de la guerre civile de 2002 en Côte d’Ivoire, mais aussi ceux vieux de 30 ans ont été franchis. Les mauvaises conditions météorologiques plombent les productions ivoirienne et ghanéenne. Les prévisions ne sont pas au beau fixe. L'offre pourrait continuer de baisser, les prix de flamber alors que les Occidentaux raffolent du chocolat sous toute ses formes. Face à la panique et pour ne pas manquer de marchandises, les entreprises spéculent fortement.
Les cours du café descendent de leurs sommets
Parmi les multiples produits qui ont vu leurs cours s’envoler en 2023, on retrouve le café. Les cours ont bondi en décembre au point que le robusta a atteint un nouveau record depuis le début du contrat en 2008. Toutefois, le début de cette nouvelle année est marqué par une petite détente. Les prix du robusta et de l’arabica ont baissé en semaine 1 en raison d’une amélioration des conditions météorologiques au Brésil, premier exportateur mondial d’arabica. La production pourrait augmenter de quoi éviter un manque d’offre au cours de l’année et tout vent de panique sur le marché.
Retour à la normale en 2023 pour les prix du blé et du maïs
Après leur flambée en 2022, liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix du blé comme ceux du maïs se sont normalisés en 2023, le marché ayant intégré que malgré la guerre, les exportations se poursuivent.
Lire aussi : Le prix du maïs au plus bas en trois ans
Pour 2024, les opérateurs se montrent dans l’ensemble prudents, car si l’offre est disponible avec des exportations russes dynamiques, la demande manque parfois de souffle. Notamment en céréales pour l’alimentation animale avec la baisse de la consommation de viande liée à l’inflation.
Lire aussi : Campagne 2023/2024 - « Le marché du blé tendre le plus difficile à analyser en cinquante ans d’expérience »
Les cours du riz à des niveaux alarmants en 2023
Parmi les fortes variations enregistrées en 2023, on relève la flambée de l’indice FAO du prix du riz (+21 %) en raison de craintes quant à l’impact du phénomène El Niño sur la production de riz et sous l’effet des restrictions à l’exportation imposées par l’Inde. L’Indonésie et les Philippines pourraient bien ne pas parvenir à l’autosuffisance. Une flambée qui n’est pas sans conséquence sur la sécurité alimentaire mondiale mais la Banque Mondiale estime que le pire est passé et juge les perspectives rassurantes.
Les prix des tourteaux de soja dépendants de l’Argentine
Les prix des tourteaux de soja sont restés élevés en 2023, quoique moins qu’en 2022. Le marché est conditionné du côté de l’offre par l’Argentine qui a subit une très mauvaise récolte l’an dernier et qui devrait donc être plus présente pour la campagne suivante si la météo le permet. Du côté de la demande, c’est l’Union qui donne le la, or la baisse du cheptel porcin limite nos achats.
A noter que l’écart de prix avec le soja non-OGM s’est un peu creusé avec une plus-value qui est restée assez limitée en 2023.
Du côté de la graine de soja, la récolte débute au Brésil, les opérateurs suivront avec attention les semis américains. La demande chinoise est attendue terne, au vu des mauvaises marges de trituration et des difficultés sur le marché du porc.
Les cours du colza peu évolutifs fin 2023
Après un pic historique en avril 2022 dans le sillage des blindés russes, qui ont fait s’enflammer le marché du tournesol, les cours du colza sont revenus à un niveau plus normal, avec une pression baissière liée à la bonne récolte européenne en 2023. Les fortes pluies automnales et hivernales pourraient en revanche avoir des impacts négatifs. Les prix du colza sont étroitement liés à ceux du soja, du canola, du pétrole et de l’huile de palme. Si soja et canola manquent de fermeté à l’heure actuelle, ce n’est pas le cas pour le pétrole et l’huile de palme.
Les prix de l’huile d’olive pourraient battre de nouveaux records en 2024
Les oliviers espagnols ont souffert des fortes chaleurs et de la sécheresse. La production d’huile d’olive dans l’Union européenne pourrait baisser de 40 % à la campagne 2022/2023 par rapport à la précédente d’après la Commission européenne. En octobre, le prix de l’huile extra-vierge origine Espagne dépassait de 83 % son niveau de l’an passé, la hausse était de 66 % pour l’origine Italie et de 96 % pour la Grèce ?
2 indicateurs à garder à l’œil pour le transport
Le coût de transport par camion devrait rester élevé
L'indice "Régional Porteurs", publié par le comité national routier (CNR), a pour vocation d'observer l'évolution des coûts du transport routier de marchandises diverses en régional. Il a flambé en 2022, principalement du manque de main d’œuvre. En moyenne, le coût salarial du personnel de conduite a bondi de 8 % en 2023 et les indemnités de déplacement de 6,4 %. Pour 2024, le CNR anticipe de nouvelles hausses, que ce soit à cause du salaire des chauffeurs ou de la flambée des coûts de maintenance des véhicules.
Lire aussi : Pourquoi les coûts de transport vont rester élevés à court terme
Le coût du fret maritime par conteneur
Le prix du transport de conteneurs sur la route maritime Asie/Europe du Nord a bondi fin décembre de 173 % et celui sur la route Méditerranée/Asie a doublé, à plus de 5000 $/conteneurs, depuis les attaques des rebelles houthis en mer Rouge, selon Freightos. Comme les bateaux doivent faire le détour par le cap de Bonne-Espérance, les conteneurs sont immobilisés en mer plus longtemps. En parallèle, on note des difficultés dans le canal de Panama à cause de la sécheresse qui la aussi ralentit la circulation. Si les analystes de Freightos semblent exclure de dépasser les records de prix de 2022 grâce à la mise en œuvre de nouveaux bateaux, une certaine volatilité est à anticiper, car si les routes se libèrent la demande pourrait repasser sous l’offre.
Article écrit avec le concours de Kévin Cler de La Dépêche-Le petit Meunier, Julia Commandeur de FLD et Sheila Kolani des Marchés.