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L’agroalimentaire breton, un colosse aux pieds d’argile ?

Une étude récente de la Banque de France témoigne une certaine fragilité du secteur agroalimentaire breton. Les indicateurs qu’elle met en avant traduisent la lente dégradation de sa compétitivité. Explications.

A realistic digital illustration depicting the fragility of the agri-food sector in Brittany, France. The scene shows a food processing factory. The background features a Breton landscape with overcast skies, symbolizing economic decline. The atmosphere conveys a sense of uncertainty and economic pressur
Plusieurs signes témoignent « d’une dégradation structurelle » de l'agroalimentaire breton
© Généré par l'IA

La valeur ajoutée de l’agroalimentaire breton baisse, son taux de marge s’érode et que les budgets de R&D s’affaiblissent. C’est ce que l’on apprend dans une note de conjoncture de l’Association bretonne des entreprises alimentaires (ABEA), qui fait référence à une étude économique commandée par la région Bretagne à la Banque de France. 

Lire aussi : Quelle industrie agroalimentaire la France veut-elle pour 2040, et comment y arriver ?

L’agroalimentaire en Bretagne décroche par rapport aux autres régions

Autant de signes qui témoignent « d’une dégradation structurelle », témoigne Marie Kieffer, déléguée générale de l’ABEA. Ce secteur de 21 milliards d’euros de CA (1 800 établissements et 75 000 salariés) a vu son taux de valeur ajoutée décrocher en 2023 par rapport à ses homologues françaises (2,4 % contre 6,4 %). Le ratio valeur ajoutée sur chiffre d’affaires a mécaniquement reculé, passant de 16,8 % en 2020 à 14,3 % en 2023. 

 « marges peu élevées, faible valorisation de ses produits et concurrence étrangère »

L’agroalimentaire breton créée moins de valeur ajoutée

Selon l’étude, cet écart peut s’expliquer de deux manières. « Par le poids plus important des matières premières pour les industriels bretons (64,9 %) comparé au national (58,6 %) », et parce que les filières générant le plus de chiffre d’affaires créent moins de valeur ajoutée. Exemple, le lait qui pèse pour 20 % du CA agroalimentaire en Bretagne mais seulement 10 % de sa valeur ajoutée en raison de « marges peu élevées, d’une faible valorisation de ses produits et la concurrence étrangère sur les prix, réduisant ainsi la création de valeur »

Relire : Les 7 chiffres clés de la filière porcine bretonne

Autre indicateur, le taux de marge brute d’exploitation : il s’est replié dans les IAA bretonnes entre 2020 (4,2 %) et 2023 (3,9 %) alors qu’il s’est maintenu au national (5,2 %). Quant aux budgets de R&D, il plafonne à 0,3 % du CA des IAA en Bretagne contre 0,9 % en France (source ABEA). 

Découvrir : L'agroalimentaire français en infographie : emplois, chiffres d'affaires, région leader 

Les IAA bretonnes s’affaiblissent

Pour la Banque de France, « ce décrochage est symptomatique d’un affaiblissement d’année en année des entreprises agroalimentaires bretonnes ». 

« ce décrochage est symptomatique d’un affaiblissement d’année en année des entreprises agroalimentaires bretonnes »

Il faut évidemment nuancer ce taux moyen car il varie énormément selon les secteurs : 0,7 % de taux de marge brute d’exploitation dans le négoce de légume et jusqu’à 11,1 % pour la filière boissons. Il n’empêche. Le lait et la viande, poids lourds du secteur plafonnent respectivement à 2,7 et 2,8 %. « Globalement, c’est l’alimentation qui est questionnée, avec des consommateurs qui arbitrent de plus en plus leur consommation, une montée des MDD (+ 11 % de vente sur les sept premiers de 2024, notamment sur les segments premier prix) », poursuit Marie Kieffer.  

Lire aussi : Les signes de qualité fragilisés en Bretagne

Restructurer pour rester compétitif

Dans ce contexte, les acteurs de l’agroalimentaire breton cherchent avant tout massifier leurs usines pour rester compétitifs, au besoin en fermant les ateliers les moins productifs. Ils prospectent également à l’exportation pour retrouver des relais de croissance. Pour le long terme, « il faudrait engager une réflexion entre tous les maillons de la filière, de la production à la distribution ». Une façon de faire nouvelle, car les acteurs de l’amont et de l’aval n’ont pas forcément l’habitude de travailler ensemble. 

Lire aussi : Viande : Où sont les abattoirs menacés de fermeture en France, et pourquoi ?

 

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