Œufs : « les grossistes se saisissent de la transition vers l’alternatif »
L’association Anima publie le premier baromètre de la transition vers les œufs hors de cage chez les grossistes et en restauration collective. Si l’objectif 2025 semble inatteignable pour beaucoup d’acteurs, il n’en reste pas moins que le mouvement est amorcé.
L’association Anima publie le premier baromètre de la transition vers les œufs hors de cage chez les grossistes et en restauration collective. Si l’objectif 2025 semble inatteignable pour beaucoup d’acteurs, il n’en reste pas moins que le mouvement est amorcé.

L’association Anima publie, pour la première fois, le baromètre du passage de l’œuf de poule élevée en cage à l’œuf alternatif, chez les grossistes et en restauration collective. « Les entreprises se sont montrées transparentes, surtout les grossistes », se réjouit Cyril Ernst, chargé de campagne pour Anima.
« Les entreprises se sont montrées transparentes, surtout les grossistes »
Pour l’heure, Anima est mobilisée uniquement sur le sujet des poules élevées en cage et intervient auprès de la restauration collective et des grossistes, un réseau qu’elle connaît bien grâce à son travail précédent pour végétaliser les cantines.
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Les sociétés de restauration collective accélèrent la transition vers l’œuf hors cage

« Plusieurs sociétés de restauration collective ont déjà banni les œufs de poules élevées en cage, sous forme coquille et ovoproduits. Ce qui intéressant c’est que des gros se sont engagés, comme API Restauration ou Sodexo, mais aussi des plus petits, ce qui montre que cette transition est à la portée de tous, que ce n’est pas se tirer une balle dans le pied », illustre Cyril Ernst.
«Cette transition est à la portée de tous, que ce n’est pas se tirer une balle dans le pied »
Sodexo se fournit même exclusivement en œufs plein air pour ses œufs coquilles, liquides, et durs. La date de 2025, qui revenait dans beaucoup d’engagements, semble pouvoir être un objectif réalisable pour plusieurs sociétés. Ainsi Compass est passé de 91,5 % hors cage au second semestre 2024 et à 95 % pour les deux premiers mois de 2025. Chez Restoria, pas d’engagement daté, mais une certaine volonté, note Anima, de passer le cap en sécurisant ses approvisionnements. Elior et Newsrest restent en retard « mais ils sont transparents et communiquent, ce qui est toujours bon signe » nuance Cyril Ernst. Certains en revanche, comme Restalliance, ont fait disparaître l’engagement de leur site internet.
Les grossistes ont entamé la transition vers l’œuf alternatif

« Les grossistes sont davantage en retard, mais ils saisissent de la transition vers l’alternatif », note le chargé de campagne, qui le prouve, « nous sommes vraiment heureux de voir ce rapport préfacé par les grossistes alimentaires de France. C’est un signal fort, sans langue de bois, pour dire qu’ils visent à la sortie de la cage ». Les niveaux d’avancée restent assez hétérogènes cependant, seul Marly Distribution semble en bonne voie pour atteindre l’objectif 2025. « Mais vu les engagements, il ne me semble plus réaliste de penser que la cage a encore un débouché » juge Cyril Ernst.
« Il ne me semble plus réaliste de penser que la cage a encore un débouché »
Il reste encore néanmoins des œufs produits en cages aménagées en magasin (19,9 % des ventes en volume en 2023 selon les données du CNPO), et dans les ovoproduits utilisés dans l'industrie agroalimentaire (39,4 % en 2023), « pour le moment, vu nos moyens, nous ne travaillons pas encore sur cette question » reconnaît Cyril Ernst. La même année 74 % des ovoproduits utilisés en restauration étaient issus d'œufs de code 3.
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Une transition retardée mais l’échéance approche
Si beaucoup d’opérateurs ne pourront pas atteindre l’objectif 2025, « alors que c’était réalisable quand on en a la volonté, comme le prouvent plusieurs entreprises », juge Cyril Ernst, la transition n’en est pas moins en route et, selon lui « elle va rapidement s’accélérer sur 2025 et 2026 et on aura de très bons résultats en 2027, ce qui devancera le plan de filière ».
La question de l’offre d’œufs alternatifs se pose
Alors qu’actuellement la cage résiste, grâce notamment à des prix très intéressants, la transition de la filière semble marquer une pause. L’offre sera-t-elle donc suffisante pour alimenter les besoins de la restauration collective et des grossistes, bastion encore très cantonné au code 3 ? « Pour nous, le bien-être animal est une considération grave. Si un opérateur manque vraiment d’œufs alternatifs français, et que son fournisseur ne s'engage pas dans la transition, il faudrait compléter les approvisionnements avec des importations plutôt qu’avec du code 3 » tranche Cyril Ernst. Il insiste néanmoins sur la coopération avec l'amont pour faire évoluer la production.
« Il faudrait compléter les approvisionnements avec des importations plutôt qu’avec du code 3 »
Une position qui si elle est partagée par les acheteurs, pourrait pousser les opérateurs français à accélérer la transition. Mais la transformation d’un bâtiment de cage en volière prend du temps, et les fournisseurs de matériels ont déjà des plannings bien remplis… Mais de nouveaux arrivants pourraient aider à accélérer la donne.
« La France doit pousser à l’interdiction des cages en Europe »
Pour Cyril Ernst, « la France doit pousser à l’interdiction des cages en Europe. C’est tout l’intérêt de nos producteurs, qui ont bien avancé sur la transition ». Une révision de la directive bien-être pourrait ainsi être proposée en 2026.
Une cotation pour l’œuf alternatif en préparation
Trois fois par semaine, votre journal Les Marchés publie une cotation de l’œuf de code 3. La rédaction, en concertation avec le CNPO, travaille à l’actuellement à la modernisation de la TNO, qui s’étendra à des œufs de poules non élevées en cage. L’objectif est à une parution en janvier 2026.