L’avis des entreprises du transport et de la logistique
TLF : « Il restera assez de moyens de transport à disposition pour répondre à la reprise »
Les Marchés Hebdo : Le secteur de la logistique sort-il affaibli de la crise sanitaire liée au coronavirus ? Quand la pleine activité reviendra, les logisticiens pourront-ils accompagner la reprise ?
Alexis Degouy : Le bilan de l’année 2020 sera complet à la fin mars. Mais le plein effet de la pandémie ne se dévoilera qu’avec le retrait des mesures de soutien. Pour l’instant, les entreprises sont sous anesthésie. Le devenir des transporteurs très spécialisés dans la restauration est incertain. Il y aura évidemment des conséquences. C’est difficile à voir, les situations sont assez contrastées. En tout cas, il restera assez de moyens de transport pour répondre à la reprise.
LMH : Les distributeurs et industriels ont-ils remis en question le flux tendu de la chaîne logistique ?
A. D. : La gestion des flux rapides s’est perfectionnée ces dernières années. On ne peut pas revenir dessus. Il n’y a pas davantage de stockages.
LMH : Les nouvelles habitudes de consommation - faire ses courses plus près de chez soi, commander sur Internet et se faire livrer - amènent-elles les logisticiens à gérer autrement les flux ?
A. D. : On veut utiliser des circuits courts, mais avec des délais toujours plus raccourcis et au plus près de chez soi. Les logisticiens répondaient déjà à ces tendances avant la crise. Ces tendances se sont accélérées, ce qui rend encore plus urgent un débat sur la logistique du dernier kilomètre. Il est question d’urbanisme. L’Union TLF publie son manifeste sur la logistique urbaine qui appelle à répondre aux besoins croissants des consommateurs et aux nouvelles logiques de consommation tout en garantissant aux citoyens une logistique urbaine plus vertueuse. En revanche, le locavorisme ne va pas mettre fin aux chaînes logistiques internationales, nous en sommes convaincus. Le manifeste de TLF a justement pris l’exemple du café.
LMH : TLF s’inquiète beaucoup du projet de loi du gouvernement issu des travaux de la Convention citoyenne sur le climat. De quelles propositions s’agit-il en particulier ?
A. D. : Un article veut supprimer totalement l’avantage sur la fiscalité du gazole professionnel à l’horizon 2030. Dans le transport de marchandise, les marges sont faibles. Avec cet article, les marges disparaissent. Il sera impossible de renouveler complètement en dix ans un parc de 600 000 poids lourds, dont 98 % fonctionnent encore au diesel. Sans rentabilité, les transporteurs ne pourront plus investir dans les poids lourds propres.