Réchauffement Climatique - Climalait, un programme pour s’adapter
À l’occasion de la Journée mondiale du climat, l’interprofession laitière a présenté Climalait, un programme
pour l’adaptation des élevages laitiers au changement climatique.

les éleveurs laitiers à adapter leurs exploitations au
changement climatique.
Des températures en hausse de 1°C ou 1,5°C d’ici 2050, de 2°C voire 2,5°C d’ici la fin du siècle, une accélération du cycle précipitation-évaporation avec une accentuation du déficit hydrique de printemps... Voici ce que prévoit Météo France d’ici 2100. Il s’agit de moyennes qui, bien évidemment, cachent des disparités régionales. « Quel impact sur les exploitations laitières de notre pays ? C’est la question à laquelle se propose de répondre Climalait, le programme de recherche financé par le Cniel et l’Agence de l’eau Seine-Normandie », souligne Nadine Ballot, du Cniel, qui insiste sur la nécessité d’anticiper les besoins en R&D pour demain. Arvalis-Institut du végétal, le Bureau technique de la production laitière, l’Institut de l’élevage, l’Inra, la chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire mais aussi Météo France sont partenaires du projet.
DES CHANGEMENTS DE PRATIQUES SERONT NÉCESSAIRES
Pour être à même d’apporter des solutions concrètes aux éleveurs et à leurs conseillers, l’étude a défini une trentaine d’unités laitières agroclimatiques afin de décrire plus finement les évolutions climatiques à l’horizon 2050, d’en évaluer les impacts sur les cultures fourragères et les systèmes d’élevage, pour proposer des stratégies d’adaptation.
Tous les impacts ne sont pas négatifs. Il s’agit surtout de s’adapter. Jean-Christophe Moreau de l’Institut de l’élevage, prend trois unités laitières agroclimatiques en exemple. « Dans le pays de Caux en openfield, peu de changements sont attendus, la production des prairies démarrera de plus en plus tôt au printemps avec un rebond à l’automne, les rendements du maïs pourraient augmenter avec une forte variabilité selon les années. Sur les hauts plateaux du Doubs, la chute de la pousse de l’herbe au milieu de l’été pourrait obliger à changer les pratiques, tandis qu’en Béarn, la luzerne connaitrait un regain d’intérêt avec une ou deux coupes supplémentaires. » Quant aux animaux, ils seront plus souvent confrontés à un stress thermique modéré ou marqué ; une situationqui risque d’être plus préoccupante dans une région comme le Béarn. Le rami fourrager mis au point par les équipes de Climalait compare l’évolution des productions fourragères à celles des besoins des animaux. L’outil permet aussi de confronter les hypothèses émises par les experts aux réflexions des conseillers et des éleveurs amenés à gérer des aléas de plus en plus fréquents. Ces derniers disent redouter particulièrement la sécheresse d’été et le printemps précoce avec ses conséquences sur la portance des sols et la faisabilité des fauches. Fortement impliquée dans le projet, la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire a balayé les différents changements de pratiques envisageables, augmentation du stockage, nouvelles cultures telles que le méteil ou la luzerne, répartition entre productions animales et végétales, etc. Céline Marsollier enfonce le clou : « les bâtiments sont faits pour l’hiver, il faudra désormais les concevoir pour l’été ». L’enjeu est de taille car au-delà des changements de pratiques, c’est aussi la répartition de la production laitière sur notre territoire qui est en cause.