Quatre scénarios pour la filière laitière
Selon une étude prospective de FranceAgriMer et de son conseil spécialisé lait, quatre scénarios sont envisagés pour la filière laitière dans un horizon d’une dizaine d’années.
Lait high-tech et démondialisation
Le premier scénario appelé « lait high-tech et démondialisation » met en avant une segmentation du marché des produits laitiers, entre des marchés domestiques tournés vers une consommation de produits et/ou transformés et des marchés internationaux de poudres laitières « high-tech » majoritairement. L’élevage laitier est maintenu sur tout le territoire avec deux modèles d’exploitations laitières qui coexistent : un modèle minoritaire dispersé sur le territoire, agroécologique, peu mécanisé et un modèle dominant en monoproduction laitière.
La spirale concurrentielle
Le deuxième, « la spirale concurrentielle » prend comme norme la « ferme des 1 000 vaches ». Il évoque la baisse de la consommation européenne de lait et sa substitution par des produits végétaux. Cette diminution serait compensée par une progression dans les pays émergents « moins réceptifs au discours anti-lait et plutôt dans une phase de diversification des modes de consommation ». « La baisse du prix à la production a permis une compétitivité immédiate, mais non pérenne, seules les exploitations laitières les plus performantes pouvant supporter des prix aussi faibles sur le long terme », évoque l’étude. La prépondérance de l’export renforce le poids de l’industrie qui maîtrise sa distribution.
Une filière laitière conquérante et régulée
Le troisième scénario, « une filière laitière conquérante et régulée », part du principe que la consommation européenne est relancée et que les industries laitières s’implantent dans les pays où elles importaient jusqu’à présent. En France, elles intègrent la distribution jusqu’au consommateur. Et le rapport de force entre producteurs et industriels est de mieux en mieux géré par l’interprofession qui joue un rôle régulateur sur la volatilité des prix. En matière de débouchés, les pays émergents restent friands des produits industriels, tandis que la France et l’Union européenne le sont des produits traditionnels.
Le défi de la régression
Enfin, le quatrième donne de l’importance au discours anti-lait et anti-élevage qui aurait conduit à une réduction de la demande intérieure. Le marché européen reste excédentaire, car le marché mondial n’a pas absorbé les volumes produits supplémentaires, entraînant une baisse du prix du lait. La production laitière française se réduit, impliquant une segmentation des produits laitiers pour consommateurs exigeants et un retour à une relative autonomie des systèmes fourragers. La stratégie tournée vers des produits correspondant aux attentes sociétales des consommateurs apporte une meilleure valorisation du lait, notamment « de celui issu de bassins périphériques du croissant laitier dont les débouchés étaient initialement menacés ».