Promos sur le porc : « La grande distribution ne doit pas se limiter à la seule stratégie de casser les prix »
Chaque année, la fin du mois de janvier est marquée par les promotions sur les découpes de porc dans les grandes enseignes de distribution, comme Leclerc, Auchan ou Carrefour. L’objectif, écouler des volumes après le creux de la fin d’année.
Chaque année, la fin du mois de janvier est marquée par les promotions sur les découpes de porc dans les grandes enseignes de distribution, comme Leclerc, Auchan ou Carrefour. L’objectif, écouler des volumes après le creux de la fin d’année.
Cette année encore, la grande distribution réalise des promotions sur les découpes de porc français, tout au long du mois de janvier. On peut voir afficher dans le catalogue de Leclerc des prix tels que 1,95 €/kg les côtes de porc et 1,98 €/kg la longe. Hors période promotionnelle, le prix moyen des côtes de porc avec os s'établissait à 5,89 €/kg au début du mois de novembre, dans les hypers et supers français, selon l'enquête des prix de détail du RNM, qui est publiée chaque mardi dans votre quotidien Les Marchés.
Des promotions sur le porc qui suscitent toujours le mécontentement de l’amont de la filière
François Valy, président de la Fédération Nationale Porcine et lui-même éleveur de porc, revient pour Les Marchés sur ces opérations promotionnelles.
Les Marchés : Comment se porte la consommation de porc en France ?
F. Valy : La production se maintient, la France est toujours autosuffisante et la consommation de porc a augmenté pour les ménages français de près de 1 % en 2024. Une hausse qui est surtout liée à la consommation en restauration hors foyer.
Est-ce intéressant pour la filière, ces promotions sur le porc ?
F. Valy : Ces promotions permettent de répondre à une logique commerciale indispensable pour la filière. Elles viennent dynamiser les ventes et la consommation de porc. Cependant, elles soulèvent des problématiques récurrentes, notamment en matière de prix, qui reste toujours trop bas pour les découpes vendues.
Ces promotions permettent de répondre à une logique commerciale indispensable pour la filière.
Ils sont déconnectés des prix de fond de rayon affichés le reste de l’année. Pendant les promos de janvier, on peut trouver des morceaux de viande à 2 €/kg, alors qu’ils atteignent 10 €/kg le reste de l’année. Cet écart est énorme et ne reflète pas les réalités économiques des éleveurs. Avec un prix du porc payé aux éleveurs stable depuis quelques semaines, mais inférieur au prix de revient dont l’indice est publié par Inaporc, les éleveurs ne bénéficient pas des variations importantes de prix pratiqués par la grande distribution. Non seulement ces prix anormalement bas traduisent une vente à perte, interdite en commerce, mais encore ils déconsidèrent la « valeur du produit » dans la tête du consommateur.
Lire aussi : Porc et Mercosur : « Nous ne pensons pas que les 25 000 tonnes de porc de l’accord vont bouleverser le commerce »
Quel impact ont eu les lois Egalim sur les promos en porc ?
F. Valy : Sur le promos il n’y a pas vraiment de différences entre avant et après les conditions établies par la loi Egalim même si, hors promos, la non négociabilité de la matière première agricole a pu soutenir le prix de base depuis 2 ans. Les prix promotionnels restent toujours très bas et déconnectés des prix pratiqués durant le reste de l’année.
Les prix promotionnels restent toujours très bas et déconnectés
Qu’est ce qui pourrait être mis en place par les GMS pour mieux valoriser le porc et profiter à l’amont de la filière ?
F. Valy : Pour encourager l’achat de viande de porc, les commerces devraient davantage valoriser le porc français tout au long de l’année. La grande distribution ne doit pas se limiter à la seule stratégie de casser les prix. Il vaut mieux des campagnes de communication qui valorisent l’origine France et la qualité du porc français et une meilleure visibilité en rayon des découpes sur toute l’année.
Lire aussi : Pourquoi les prix des abats et des co-produits du porc se sont effondrés