Production de viande bovine en 2024, le vrai du faux
L’Institut de l’élevage a publié ses prévisions 2024 pour la production de viande bovine, qui devrait encore baisser, mais moins qu’en 2023. Éclairage et fact-checking.
L’Institut de l’élevage a publié ses prévisions 2024 pour la production de viande bovine, qui devrait encore baisser, mais moins qu’en 2023. Éclairage et fact-checking.
2024 devrait être la quatrième année de baisse de la production de viande bovine en France, selon les prévisions de l’Institut de l’élevage parues le 19 janvier. Les abattages de gros bovins devraient reculer de 0,7 % après avoir déjà perdu 4,3 % l'an dernier.
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Caroline Monniot, agroéconomiste à l’Idele, revient pour nous sur quelques idées reçues.
L’engraissement des gros bovins revient en force en France.
VRAI
« Oui la dynamique est belle est bien enclenchée pour l’engraissement de jeunes bovins » explique Caroline Monniot, en nuançant néanmoins, « Avec 361 000 têtes attendues en 2024, on est encore loin des 393 000 têtes enregistrées en 2018. Mais pour les abattoirs, c’est le seul moyen de freiner la baisse de la production, ils ont besoin de matières et cherchent davantage de contrats ».
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La stabilité des abattages de génisses, c’est que les éleveurs ne renouvèlent pas leur troupeau
FAUX
Avec le changement de PAC, les aides ont évolué et il n’y en a plus directement liée à la vache allaitante, mais au bovin de plus de 16 mois, ce qui a conduit à des changements de pratiques. Mais « la stabilité des abattages de génisses depuis 2018, dans un contexte d’offre globale en recul, traduit surtout la bonne dynamique de ce marché. L’aval est demandeur, que ce soit de génisses lourdes pour la boucherie artisanale, ou légères pour les barquettes en GMS », nous explique Caroline Monniot.
Les vaches allaitantes plus petites ont le vent en poupe
FAUX
Si l’idée de privilégier les races allaitantes plus petites, comme l’Angus, a couru un moment dans la filière, afin de proposer des pièces comme les entrecôtes moins onéreuses au prix portion, dans les faits, les poids moyens des vaches allaitantes devraient progresser cette année, sauf événement climatique négatif. « C’est le résultat de la sélection génétique. Pour un éleveur, il est plus intéressant, économiquement parlant, de vendre une vache lourde. Même pour les abattoirs, l’intérêt est sur les vaches lourdes d’autant plus que le marché des pièces nobles, comme les entrecôtes, se réduit au profit du haché », nous éclaire Caroline Monniot.
En broutards, la France est trop dépendante du marché italien.
FAUX
« Il faut comprendre que la France est moins dépendante de l’Italie pour vendre ses broutards, que l’Italie ne l’est de la France pour remplir ses ateliers d’engraissement », explique l’agroéconomiste, qui rappelle « en 2023, il y a eu un petit retour de l’Espagne qui nous a acheté des animaux lourds, la France exporte aussi vers l’Algérie… quand le marché est ouvert », tandis qu’en Italie, « les opérateurs sont très inquiets de la baisse des exportations françaises. Ils ont très peu d’alternatives pour leurs achats d’animaux maigres, avec la baisse du cheptel allaitant en Irlande et les pays de l’Est qui envoient leurs veaux en Pologne, finalement, leur principal concurrent, c’est le retour de l’engraissement en France ».
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La décapitalisation laitière ralentit. C’est signe que le cheptel va se stabiliser.
FAUX
La décapitalisation laitière a ralenti en 2023, passant de -2,3 % fin 2022 à -1,9 % fin 2023 et est prévue à -1,6 % fin 2024. « Elle ralentit mais ne s’arrête pas. Le rythme va rester intense, c’est dû à la pyramide des âges du secteur laitier », précise Caroline Monniot.
Avec la baisse des effectifs de bovins en Europe, la France pourrait peiner à importer
FAUX
La consommation française de viande bovine est attendue quasiment stable en 2024 (-0,5 %), grâce au dynamisme de la restauration hors foyer, qui va aussi bénéficier de l’effet des Jeux Olympiques. Le déficit va donc se creuser et conduire à une hausse des importations. « La France est le marché le plus rémunérateur pour les vaches de réforme, elle n’aura pas de mal à importer, malgré la baisse de l’offre attendue en Irlande. L’Allemagne sera aussi au rendez-vous. La France importe peu en provenance des pays tiers, et très majoritairement pour la restauration. Il est néanmoins possible qu’il y ait un peu plus d’achats en provenance d’Argentine ou d’Uruguay », explique la spécialiste.