Prix des produits laitiers : a-t-on touché le fond ?
Après la dégringolade du second semestre 2022, les prix des produits laitiers se sont longtemps cherchés. Mais plusieurs signes, sur les marchés français comme mondiaux laissent à penser que l'heure de la baisse pourrait être dépassée.
Après la dégringolade du second semestre 2022, les prix des produits laitiers se sont longtemps cherchés. Mais plusieurs signes, sur les marchés français comme mondiaux laissent à penser que l'heure de la baisse pourrait être dépassée.
Après une première partie de l’année 2023 assez peu évolutive et plutôt morose, les prix des produits laitiers sont-ils en mesure de se redresser ? En tous, cas, d’arrêter de baisser, c’est ce que pensent plusieurs opérateurs européens, qui constate que les affaires se traitent plus facilement, les acheteurs profitant des niveaux plutôt intéressants atteints en beurre comme en poudre pour garantir les approvisionnements ces prochains mois.
Une collecte française toujours en retrait
La collecte laitière française reste mal orientée, avec des volumes inférieurs à leur niveau de l’an dernier de 7,5 % en semaine 37, de 6 % en semaine 38, un vrai décrochage qui pose question. C’est en France que la baisse des volumes est la plus forte de l’UE, avec 57 000 tonnes de moins entre juillet 2022 et juillet 2023, devant l’Italie, (10 000 tonnes de moins), tandis qu’au contraire l’Allemagne produisait 57 000 tonnes de plus et la Pologne 23 000 tonnes, selon les données présentées au Milk Market Observatory. Au niveau européen, les volumes progressaient de 0,8 % en cumul sur 7 mois. Les perspectives sont plutôt optimistes pour la fin de l’année en Europe, mais plus inquiétantes en France. Toutefois, les coûts de production qui restent élevés vont freiner la production mondiale dans son ensemble.
Des prix plus compétitifs sur le marché mondial
Les prix européens ont progressivement rejoint les prix internationaux sur le marché mondial. Ainsi en septembre, le prix du beurre communautaire, à 4 685 €/tonne était à quasi-parité avec le beurre origine Océanie (4 663 €/t). A 2440 €/t, la poudre maigre était au même prix qu’aux États-Unis, encore au-dessus de la référence néo-zélandaise (2 275 €). Et en fromage l’UE était largement l’origine la plus compétitive avec un cheddar à 3 828 €/t, devant l’Océanie (4 175 €) et les États-Unis (4 191 €).
Des stocks jugés normaux
Les niveaux de stocks de poudre de lait écrémé sont jugés assez normaux pour la période par les opérateurs, les fabrications ayant reculé autant que la demande. Ceux de beurre, quoi qu’un peu plus élevés que les années passées, restent à des niveaux loin d’être alarmants.
Une demande mondiale toujours incertaine
C’est finalement là où le bât blesse, difficile de déterminer la tenue de la demande mondiale ces prochains mois. Les échanges ont été plus dynamiques au deuxième trimestre 2023 qu’au premier, mais il reste beaucoup d’incertitudes vers l’Asie et de barrières non-tarifaires vers l’Algérie. Du côté de la Chine, on note tout de même un regain d’intérêt des acheteurs, ce qui s’est traduit par plusieurs hausses sur la plateforme Global Dairy Trade.
Reste que la concurrence avec la Nouvelle-Zélande, sur la poudre de lait écrémée notamment, pourrait-être plus forte avec la signature d’un accord de libre-échange Chine/ Nouvelle-Zélande.
La demande européenne semble se stabiliser après les incertitudes liées à l’inflation. Les consommateurs ont fini d’ajuster leurs comportements. A priori c’est la matière grasse qui devrait se raffermir la première, car l’UE est déficitaire. Le marché des protéines, plus dépendant du marché mondial, est suspendu à l’amélioration de la demande mondiale.