Focus
Pourquoi le lapin est si « promo-dépendant »
L’encadrement des promotions est préjudiciable aux ventes estivales de viande de lapin. Sachant qu’on contrôle difficilement les naissances chez les lapins. Analyses de l’interprofession et du premier vendeur français.
L’encadrement des promotions est préjudiciable aux ventes estivales de viande de lapin. Sachant qu’on contrôle difficilement les naissances chez les lapins. Analyses de l’interprofession et du premier vendeur français.
Traditionnellement préparé en sauce, le lapin se consomme aujourd’hui peu en été. Le lapin étant un mammifère, il est plus difficile de limiter sa production que celle des volailles de chair en fonction des saisons hautes ou basses de consommation. Dans les grandes surfaces, le chaland l’ignore le plus souvent ou ne l’aperçoit pas (il représente au mieux 6 % du rayon volaille), sauf quand une barquette de découpes associées ou une caissette de cuisses met en avant un prix attractif. Voici trois raisons données par le Comité lapin interprofessionnel pour la promotion des produits (Clipp) dans l’espoir de bénéficier d’un cadre promotionnel plus souple que ne l’a institué la loi Egalim.
« Le point critique pour la filière cunicole porte sur l’encadrement des volumes en promotion », explique Émilie Gillet, directrice du Clipp. Le besoin de promotions est plus fort pendant le creux de consommation de la période estivale, selon le Clipp. Or, la plupart des grandes surfaces privilégient les autres périodes pour ne pas dépasser les 25 % de volumes de promotion. Conséquence : en été, le lapin tend à sortir des rayons.
Prix de reprise indexés
Le volume autorisé de promotion s’établit fournisseur par fournisseur. Ce système est préjudiciable au groupe spécialisé ALPM, qui comprend l’industriel Loeul & Piriot et transforme 55 à 60 % des lapins élevés en France. « Nos produits marinés sont adaptés à la consommation estivale. Ils se vendent bien en opérations. Mais certains distributeurs ont peur du contrôle sur ces 25 % », témoigne Matthieu Loeul, directeur commercial et marketing d’ALPM.
Le groupe vend 55 % de son volume en GMS et 20 à 25 % aux grossistes et mandataires, en frais, des proportions données par Matthieu Loeul.
Tant que la filière n’a pas fait sa mue, les promotions sont primordiales
La saisonnalité des ventes est sensible dans ces deux circuits, mais les promotions sont plus nécessaires en grande distribution. Elles le sont pour les lapins entiers et sous forme de découpes. Elles ne le sont pas sur les produits désossés très élaborés à préparation rapide à la poêle et non saisonniers, mais ceux-ci ne représentent un « petit marché, de 6 ou 7 % des ventes », précise-t-il.
La filière prévoit d’ailleurs d’augmenter cette part. « Nous vivons bien avec les promotions, affirme Matthieu Loeul, les éleveurs aussi. Nous avons indexé les prix de reprise sur les aliments. Mais si on perd le rythme de production, en raison du cycle mammifère, on n’est pas bon. » Et de préciser : « Si on impose des quotas, ce doit être 20 % de réduction saisonnière au maximum. »
Visibilité et restauration
Le directeur commercial du leader du lapin en France voit plusieurs moyens de se départir à l’avenir des promotions. Il faut selon lui « gagner en visibilité », « aller chercher de la valeur » et conquérir une part du lapin chinois surgelé venant de Chine auprès de la restauration et de l’industrie. Il pense que le lapin va bénéficier de l’intérêt des prescripteurs et des consommateurs pour les aliments sains, le bien-être animal et l’origine. « Tant que la filière n’a pas fait sa mue, les promotions sont primordiales », insiste-t-il.